©Manu San Félix / National Geographic
La Fondation Pew et la Fédération des Associations de Protection de l’Environnement de Polynésie française (FAPE) lancent un appel à projets pour contribuer à la protection des lagons à travers des initiatives de « rāhui », « composante majeure de la culture polynésienne ».
L’initiative s’inscrit dans la stratégie du gouvernement polynésien de faire de l’ensemble de sa ZEE une grande Aire Marine Gérée, « Tainui Atea ». « Attachés à la promotion des valeurs culturelles et à la participation citoyenne à la préservation des écosystèmes », la FAPE et Pew souhaitent financer 10 projets, « portés par la société civile », qui auront pour objectif de préserver et protéger les lagons polynésiens. « Les projets présentés devront contribuer à préserver les ressources marines côtières de Polynésie française à travers des initiatives de rāhui ou d’autres mesures comme les espaces naturels protégés », expliquent les deux organismes. « Les activités proposées pourront être des initiatives de consultation, de communication, d’éducation, de sensibilisation ou de suivi scientifique sur des espaces protégés existants ou proposés, dans le respect des réglementations et des compétences du Pays ».
Après une évaluation des projets par un comité de sélection composé de représentants de Pew, de la FAPE et du Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les 10 projets retenus se verront bénéficier d’une dotation de 500 000 Fcfp (environ 4 190 euros). La date limite pour la soumission des projets est le 15 février 2017 et les candidatures sont ouvertes aux associations, écoles, entreprises ou particuliers installés en Polynésie française.
Appel à projets Rāhui de Pew et FAPE – Presentation
Qu’est-ce que le « rāhui » ?
« Pratiqué depuis les temps anciens, le rāhui est une composante majeure de la culture polynésienne », expliquent Pew et la FAPE. « Ce concept consiste à restreindre l’usage d’une ressource naturelle pour sa préservation, sa régénération et pour son exploitation durable par l’ensemble d’une communauté », poursuivent les deux organismes. Pour Alexandre Juster, ethno-linguiste, le rāhui était « une notion structurante de la société, en intime relation avec le pouvoir politique et le sacré ».
« Elle désigne la restriction partielle ou l’interdiction totale à la consommation ou au transport d’un bien (cochon, fruit ou poisson) dans un but de conservation ou de reconstitution des ressources. Mais dire que les Polynésiens avaient inventé le concept de « développement durable » serait un raccourci bien trop hâtif. Le rāhui, décidé par un chef pour une période qui pouvait atteindre une année entière, répondait plus de l’émanation de son autorité que d’une logique écologique », précisait-il dans sa chronique Histoire & Culture d’Océanie.
Aujourd’hui, le rāhui a largement disparu des archipels de Polynésie française. Néanmoins, certaines îles le pratiquent encore comme l’île de Rapa aux Australes, où la baie principale de l’île est protégée, ou encore aux Tuamotu, où un rāhui rotatif est encore pratiqué dans certains atolls pour laisser le temps aux lagons de se régénérer. Enfin à Teahupo’o, sur l’île de Tahiti, un rāhui plus récent réglementé par le code de l’environnement, protège intégralement une zone de nurserie pour les poissons.