L’emblématique Grande Barrière de Corail d’Australie vit son troisième phénomène de blanchissement des coraux en seulement cinq ans. Celui de 2020 est grave et plus étendu que les précédents, alerte le centre de recherche australien Coral Reef Studies.
« Nous avons étudié 1 036 récifs au cours des deux dernières semaines de mars, afin de mesurer l’étendue et la gravité du blanchissement des coraux de la Grande Barrière » a expliqué le professeur Terry Hughes, du Coral Reef Studies, un centre de recherche rattaché à l’Université James Cook de Townsville dans l’État du Queensland. « Pour la première fois, un blanchissement sévère a frappé les trois régions de la Grande Barrière de Corail : les parties nord, centrale et une large partie des secteurs sud », poursuit-il.
Le blanchissement des coraux est causé par un stress thermique dû aux pointes de température de la mer pendant les étés inhabituellement chauds. Le premier blanchissement de masse enregistré le long de la Grande Barrière de Corail s’est produit en 1998, année la plus chaude jamais enregistrée. Quatre autres événements de blanchissement de masse se sont produits depuis, en raison des records de températures successivement battus, en 2002, 2016, 2017 et en 2020.
Cette année, le mois de février a enregistré les températures mensuelles les plus élevées jamais enregistrées sur la Grande Barrière de Corail depuis le début des relevés de température de la surface de la mer du Bureau de météorologie en 1900.
« Le blanchiment n’est pas nécessairement fatal, et il affecte certaines espèces plus que d’autres », explique de son côté le Professeur Morgan Pratchett, qui a mené les relevés de températures sous-marines dans le cadre de l’étude. « Un corail pâle ou légèrement blanchi retrouve généralement sa couleur en quelques semaines ou mois et peut survivre », poursuit-il. Cependant, de nombreux coraux meurent lorsque le blanchissement est plus grave. En 2016, plus de la moitié des coraux d’eaux peu profondes sont morts dans la région nord de la Grande Barrière de Corail.
« Nous retournerons sous l’eau plus tard cette année pour évaluer les pertes de coraux dues au blanchissement de cette année », a ajouté le Professeur Pratchett. « Le nord a été la région la plus touchée en 2016, suivie de la région centrale en 2017. En 2020, l’empreinte cumulative du blanchissement s’est encore élargie pour inclure le sud ».
L’empreinte distinctive de chaque épisode de blanchissement correspond étroitement à l’emplacement des conditions plus chaudes ou plus fraîches au cours des différentes années. « Alors que les étés deviennent de plus en plus chauds, nous n’avons plus besoin d’un événement El Niño pour déclencher un blanchissement de masse à l’échelle de la Grande Barrière de Corail », a observé le Professeur Hughes. Seuls les épisodes de blanchissement de 1998 et 2016 étaient dus au phénomène El Niño, ajoute-t-il.
En outre, l’écart entre les épisodes de blanchissement récurrents se rétrécit, entravant une récupération complète des coraux. « Nous avons déjà vu le premier exemple d’épisodes de blanchissement consécutifs au cours des étés 2016 et 2017 », rappelle le Professeur Hughes. Après cinq épisodes de blanchissement, le nombre de récifs qui ont jusqu’à présent échappé au blanchissement sévère continue de diminuer. Ces récifs échappant encore au blanchissement sont situés au large, dans l’extrême nord et dans des régions plus reculées du sud.