Nouvelle-Calédonie : La gestion des eaux sur mine en réflexion

Nouvelle-Calédonie : La gestion des eaux sur mine en réflexion

Bassin de rétention d’un site minier ©Actu.nc

Dans le cadre d’un financement CNRT, une équipe de recherche internationale s’est formée autour d’un projet sur la gestion des eaux de ruissellement sur les mines de Nouvelle-Calédonie : Analyse des différentes stratégies mises en place sur le territoire et à l’étranger, modélisation prédictive des solutions à mettre en place sur les différents sites… Un sujet de Sylvie Nadin pour notre partenaire Actu.nc. 

Une mauvaise gestion des eaux sur mines peut causer inondations, éboulements, engravement des rivières et export de sédiments vers le lagon. « Et il n’y a pas seulement des impacts environnementaux, cela peut causer également des problèmes de sécurité. L’érosion peut donner lieu à de graves éboulements, l’affaissement de certaines zones et des inondations sur la mine elle-même, empêchant le travail et ce, parfois, durant plusieurs mois. Il y a donc aussi des répercussions économiques », décrit Claire Cote, spécialiste de la réhabilitation à l’université de Queensland en Australie et coordinatrice scientifique du projet Gestion des eaux sur mine et environnement (Geme). Ce projet, financé par le Centre national de recherche technologique (CNRT Nickel & son environnement), a été lancé en mars dernier et vise à améliorer les plans de gestion des eaux de ruissellement sur mine.

Des modèles pour chaque site minier

Les équipes de recherche vont se concentrer sur cinq à dix sites représentatifs, sur l’ensemble du territoire. Claire Cote explique : « Dire « améliorez la gestion des eaux » c’est vague, il faut plutôt essayer de définir des objectifs clairs pour chaque mine, pour un bassin ou un massif particulier et donner les techniques et les méthodes que les miniers peuvent suivre en ayant confiance ». Elle note cependant « beaucoup d’améliorations des pratiques sur le secteur minier ces dix-quinze dernières années dans la gestion des eaux. Avant il ne se passait pas grand-chose, aujourd’hui il y a un contrôle plus strict, les connaissances sont plus larges à l’échelle de la mine ».

Timothée Dupaigne, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), développe les principales étapes de Geme : « Nous allons d’abord regarder ce qui se pratique en Nouvelle-Calédonie puis nous essayerons de confronter ces observations au savoir-faire et à l’état de l’art au niveau international afin de publier une synthèse pour proposer des solutions pragmatiques. L’idée c’est de réfléchir à la possibilité de développer une modélisation pour chaque site minier ».

Infiltration et floculation

Aujourd’hui les mesures mises en place, fils d’eau ou bassins, cherchent à éviter l’érosion et diminuer la quantité d’eau qui arrive et circule à un endroit donné. Timothée Dupaigne ajoute : « On essaye aussi de gérer les eaux en infiltration, si on arrive à amener l’eau dans des endroits où elle s’infiltre ça évite qu’elle circule en surface et qu’elle vienne se charger en matière en suspension et que ça aille rejoindre le lagon in fine ». Un autre projet du CNRT, Boreal, étudie également les possibilités de floculation des matières en suspension. L’utilisation de certains produits, bio-sourcés, favorise en effet la séparation entre l’eau et les matières en suspension et pourrait permettre d’améliorer l’efficacité des bassins de décantation.

Le projet ralenti par la crise

L’équipe de Geme devrait rendre ses conclusions d’ici 2022 mais, avec la crise sanitaire, le déplacement des experts depuis la France hexagonale et l’Australie n’a pas encore été possible. Ils espèrent pouvoir venir en Nouvelle-Calédonie durant le premier trimestre 2021. La coordinatrice du projet ajoute : « Nous faisons le maximum de travail à distance, en particulier l’analyse des données, mais ce genre de projets demande un engagement sur le terrain, de prendre contact avec les miniers, de connaître le contexte de chaque site et les solutions déjà mises en place ».

Sylvie Nadin