Le gouvernement français se prononcera « à l’horizon de ce semestre » sur le projet controversé de mine d’or géante au coeur de la forêt guyanaise, connu sous le nom de « Montagne d’or », a annoncé aujourd’hui le ministre de la Transition écologique.
François de Rugy se décidera après une visite dans le département, qui viendra clore son examen de ce dossier loin de faire consensus dans la population et parmi les élus locaux en raison, notamment, de ses effets attendus sur l’environnement. « Au terme de ce déplacement et (…) à l’horizon de ce semestre, je serai amené à prendre position au nom du gouvernement », a-t-il dit lors d’un débat à l’Assemblée.
Le ministre de la Transition écologique doit également recevoir « dans les jours qui viennent » un rapport sur le sujet. Plus généralement, François de Rugy a dit vouloir réformer le code minier afin de donner « un cadre clair » à l’exploitation aurifère.
?️ « Compte tenu de son impact environnemental, le projet Montagne d’Or n’est pas au niveau. J’irai bientôt en Guyane sur le terrain pour constater les attentes et réserves qu’il suscite. Et je prendrai ensuite position au nom du @gouvernementFR à l’horizon du semestre. » (2/2)
— François de Rugy (@FdeRugy) 7 février 2019
Le gouvernement a plusieurs fois appelé le consortium à l’origine de la « montagne d’or » à revoir sa copie. La semaine dernière, Emmanuel Macron a jugé devant un aéropage d’élus d’Outre-mer que le projet n’était « pas au bon niveau », notamment sur le plan écologique. Les promoteurs de cette mine industrielle, censée voir le jour dans l’Ouest guyanais, assurent qu’elle générerait d’importantes retombées économiques sous le forme de créations d’emplois bienvenues dans un département où le taux de chômage dépasse les 20%.
Les députés participant au débat se sont majoritairement exprimés contre ce projet, à l’instar de Gabrielle Serville, député de Guyane (GDR) à l’origine d’une proposition de résolution pour interdire l’usage de cyanure dans l’extraction d’or, qui a recueilli 83 signatures. Il a appelé à « renoncer » au projet qui va « déverser en pleine forêt amazonienne, chaque année, 3.300 tonnes de cyanure » alors que « le parlement européen a voté l’interdiction de son utilisation dans les mines ».
» Au nom des Guyanais, des centaines de milliers de signataires des pétitions, des 83 députés signataires de la proposition de résolution, je vous demande solennellement de renoncer à ce projet, à cette folie meurtrière !” #MontagneDOr #Guyane pic.twitter.com/MiYbYhvZPS
— Gabriel Serville (@GabrielServille) 7 février 2019
L’autre député de Guyane, Lenaïck Adam (LREM) qui soutient le projet, a dit vouloir « défendre le droit pour chaque Guyanais de pouvoir exploiter les richesses minières de son pays » et appelle à « fournir du travail tout de suite » dans sa circonscription où plus de « 70% de la population en âge de travailler est inactive ».
Un territoire qui tend vers l’autonomie ne peut demeurer dans le carcan de l’économie de comptoir. #guyane #montagnedor #debat #assembleenationale #aurifere #DirectAN
— Lénaïck ADAM (@LenaickADAM) 7 février 2019
L’association de défense de l’environnement WWF, qui avait présenté en novembre un rapport très critique sur le projet, a appelé jeudi dans un communiqué à « acter l’abandon de Montagne d’Or à l’issue du déplacement de François de Rugy en Guyane », rappelant que le projet « ne remplit aucune des conditions fixées par le président : exemplarité environnementale, acceptation démocratique et retombées économiques pour le territoire. »
Avec AFP