La partie avant de l’épave du Wakashio coulée au large de l’île Maurice

La partie avant de l’épave du Wakashio coulée au large de l’île Maurice

©Facebook / Mobilisation nationale Wakashio

La plus longue partie de l’épave brisée en deux d’un vraquier échoué à Maurice, qui a laissé échapper des hydrocarbures et causé un désastre écologique, a été coulée avec succès à très grande profondeur en pleine mer, ont annoncé lundi 24 août les autorités mauriciennes.

Deux remorqueurs avaient entamé jeudi le tractage de toute la partie avant – proue et coque – du MV Wakashio à environ 15 km au large, en pleine mer, pour qu’elle y soit coulée à une profondeur de 3180 mètres dans l’océan Indien. La plus petite partie de l’épave – la poupe surmontée de la superstructure – reste échouée sur le récif qu’il a heurté.

Échoué le 25 juillet sur un récif à la Pointe d’Esny, au sud-est de l’île Maurice, avec 3800 tonnes de fioul et 200 tonnes de diesel à bord, le MV Wakashio s’est brisé deux semaines plus tard, après une course contre la montre pour pomper le carburant qu’il contenait encore.

Le navire a laissé échapper entre 800 et 1000 tonnes de fioul de ses flancs éventrés, qui ont souillé les côtes – notamment des espaces protégés abritant des forêts de mangrove et des espèces menacées – et les eaux cristallines qui attirent de nombreux touristes. « L’immersion programmée de la proue de l’épave est terminée et aux environs de 15H30 (12H30 GMT), elle n’était plus visible à la surface de l’eau », indique lundi le Comité de crise dans un communiqué.

Opposée à cette opération, l’ONG écologiste Greenpeace avait averti que couler l’épave « mettrait en danger la biodiversité et risquait de contaminer l’océan avec des quantités importantes de métaux toxiques lourds, menaçant d’autres zones également, particulièrement l’île française de La Réunion ». « Le gouvernement mauricien a choisi la pire de toutes les options offertes » a poursuivi l’ONG, selon qui « les compagnies Nagashiki Shipping et Mitsui O.S.K. adoptent une astuce typique de l’industrie pétrolière : enterrer leurs problèmes et s’attendre à ce que le monde passe à autre chose ».

Selon un correspondant du magazine Surf-session, plusieurs alternatives avaient été proposées comme la déconstruction du Wakashio, « qui semblait être la solution la plus écologique ». Selon l’Express mauricien, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, en visite à l’île Maurice, s’était également montré opposé à « l’océanisation » de l’épave, faisant part de ses craintes sur la possible présence de boulettes d’hydrocarbure. « Je souhaite que la décision souveraine soit la plus mûrement réfléchie, sur le terrain environnemental, sur l’impact sur la biodiversité, sur des enjeux de sécurité maritime », avait-il déclaré.

Le capitaine et son second arrêtés

Une équipe de scientifiques britanniques est arrivée ces derniers jours à Maurice pour coordonner une étude d’impact afin de connaître les dommages causés et les mesures à prendre pour permettre à l’écosystème de se rétablir. L’équipe va aider à « déterminer l’empreinte laissée par les hydrocarbures (…) sur le littoral (…), si elle a atteint certaines zones du fond marin » et si elle a eu des conséquences sur la mangrove, les récifs coralliens et les espèces marines, a expliqué à l’AFP le Dr Sue Ware, scientifique marine britannique.

Selon elle, le déploiement de boudins flottants semble avoir permis d’empêcher les hydrocarbures d’atteindre le parc marin protégé de Blue Bay. Des experts internationaux du Japon – pays du propriétaire et armateur du navire – et de France (voisine La Réunion) sont également à l’œuvre pour aider l’archipel.

Le capitaine du navire et son second ont été arrêtés jeudi, mais les raisons pour lesquelles le navire, qui faisait route de Singapour vers le Brésil, est passé si près des côtes mauriciennes n’ont pas encore été révélées. Concernant la poupe du navire, toujours coincée sur le récif de l’île mais totalement vidée de son fioul, un appel d’offre international a été lancé pour son démantèlement.

Avec AFP.