Journée mondiale de la Biodiversité : De l’Iguane à l’Empereur, les joyaux de la faune Outre-mer

Journée mondiale de la Biodiversité : De l’Iguane à l’Empereur, les joyaux de la faune Outre-mer

Elle est bien trop riche et diverse pour la réduire à une simple liste, mais en cette journée mondiale de la Biodiversité, Outremers360 vous propose quelques noms d’espèces de la faune endémique et emblématique de nos territoires qui, rappelons-le, représentent 80% de la Biodiversité française.

Iguane des Petites-Antilles :

L’Iguane des petites Antilles (Iguana delicatissima) est une espèce endémique des petites Antilles. Il est classé en danger sur la liste rouge de l’IUCN. L’introduction de l’iguane commun (Iguana iguana), originaire d’Amérique du Sud et avec lequel elle peut s’hybrider, constitue une grande menace pour l’espèce. On distingue facilement l’Iguane commun de l’Iguane des petites Antilles, par la présence de rayures sur la queue et d’une grosse écaille sous le tympan. Les plus grosses populations d’iguanes des petites Antilles se trouvent en Dominique, sur l’îlet chancel en Martinique et sur les îles de Petite-Terre et Désirade en Guadeloupe. Les réserves naturelles de la Désirade en Guadeloupe, co-gérées par l’ONF et l’association Tité, mettent l’accent sur sa protection.

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Trigonocéphale de Martinique :

Le trigonocéphale, est un serpent au venin mortel, considéré comme endémique de la Martinique. Il peut être dangereux pour l’homme en cas de morsure si aucun soin approprié n’est apporté. Toutefois comme il est devenu rare  et peu d’accidents sont à déplorer. De plus, un sérum mono-spécifique a été créé spécialement pour la Martinique par l’Institut Pasteur en France. Il est inconnu sur presque toutes les autres îles des Caraïbes, et très proche du Bothrops caribbaeus qui vit sur l’île de Sainte-Lucie. Sa taille varie entre 1 et 2 mètres de long. Le trigonocéphale a marqué l’histoire de colonisation de la Martinique, il figure sur le drapeau à 4 serpents – devenu l’emblème de la colonie de l’île au XVIIIe siècle.

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Dauphin de Guyane :

Surnommé « marsouin » par la population guyanaise, le dauphin de Guyane est l’un des plus petits représentants de l’ordre des cétacés. Habitant discret sur le rivage atlantique, il est particulièrement sensible à la pression humaine croissante exercée sur le milieu côtier. Longtemps confondu avec le Sotalie de l’Amazone, le dauphin de Guyane n’est décrit comme espèce que depuis 2007. Espèce endémique de l’Amérique intertropicale, il affectionne tout particulièrement les eaux calmes et peu profondes du littoral. Depuis les côtes rocheuses, on peut l’observer facilement à l’œil nu ou aux jumelles. Il n’est pas rare de l’apercevoir également dans les estuaires des grands fleuves amazoniens qu’il peut remonter sur quelques kilomètres.

©Fernando Trujillo

©Fernando Trujillo

Maki de Mayotte :

Le Maki de Mayotte est un primate lémuriforme  considéré comme une variété du Lémur fauve (Eulemur fulvus) de Madagascar, ou comme l’une de ses sous-espèces. Il vit sur les îles de Mayotte et d’Anjouan dans l’archipel des Comores, où il aurait été introduit par l’homme à partir de Madagascar. Mayotte compte entre 10 000 et 30 000 lémuriens, soit une population quasiment divisée par deux en quarante ans, selon le résultat du recensement des lémuriens en zone agricole de septembre 2019. Les raisons de la disparition inquiétante du Maki de Mayotte sont multiples. « L’habitat naturel du lémurien est la forêt. Mais la surface forestière de l’île a diminué de 40% en 20 ans. Les individus sont donc obligés de se rendre dans les zones agricoles pour se nourrir » et devient ainsi indésirable aux yeux des agriculteurs. « Le département va garantir la préservation des espèces », a-t-on assuré.

©Emmanuel Broeks

©Emmanuel Broeks

Petit molosse de La Réunion : 

Les chauves-souris sont les seuls mammifères indigènes de l’île de La Réunion, les autres espèces connues comme le tangue ou le lièvre ont été introduites par l’homme. Le Petit molosse de La Réunion (Mormopterus francoismoutoui) est une espèce endémique stricte de La Réunion. De petite taille (5 cm de long, 20 cm d’envergure, 5 à 8 g) au pelage brun à brun foncé, la queue dépasse nettement à l’arrière du corps. Cette espèce gîte dans les cavités naturelles ou en falaise et occupe assez souvent les bâtiments, les ponts,… Protégée, on compte quelques centaines de millions d’individus. Les chauves-souris de La Réunion sont de grandes consommatrices d’insectes et aident à la lutte antiparasitaire en consommant des insectes piqueurs vecteurs de maladies humaines ou encore des insectes ravageurs pour l’Homme et les cultures. Par exemple, un individu de Petit molosse consomme l’équivalent de 3000 moustiques par nuit. En outre, ces espèces ne sont pas dangereuses. Aucun cas de transmission de virus par les chauves-souris n’a été rapporté à ce jour à La Réunion.

©Université de La Réunion

©Université de La Réunion

Albatros d’Amsterdam :

L’albatros d’Amsterdam Diomedea amsterdamensis est un oiseau marin se reproduisant uniquement sur un site restreint de l’île Amsterdam (TAAF). Décrit en tant qu’espèce en 1983, l’Albatros d’Amsterdam est listé comme en danger critique d’extinction par l’UICN, eu égard au fait que le nombre d’individus dans cette unique population demeure extrêmement faible (< 200 individus) et ce en dépit d’une tendance à l’augmentation de ses effectifs. Face à la situation précaire de cette espèce emblématique, la Réserve Naturelle Nationale des TAAF, a lancé en 2010 un Plan National d’Action quinquennal afin d’améliorer le statut de conservation de l’albatros d’Amsterdam. Quatre menaces potentielles pesant lourdement sur la population ont été identifiées : les pêcheries palangrières au thon dans l’Océan Indien pouvant tuer des individus par capture accidentelle ; les agents pathogènes causant une mortalité massive des poussins sur une colonie voisine d’une autre espèce d’albatros nichant sur l’île ; les mammifères introduits qui pourraient détériorer l’unique habitat de nidification de l’espèce et consommer ses œufs et ses poussins ; et la perte d’habitats favorables due aux changements globaux, à la fois à terre par altération du régime des pluies et en mer par déséquilibre des réseaux trophiques pouvant affecter l’abondance des proies ciblées.

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Cagou de Nouvelle-Calédonie : 

Espèce endémique à la Grande Terre et l’une des espèces les plus menacées d’extinction, le cagou est l’emblème de la Nouvelle-Calédonie. Il vit dans les forêts humides de la Chaîne où son chant matinal (un duo entre le mâle et la femelle) est souvent le seul moyen de le détecter. Cet oiseau unique au monde a perdu la faculté de voler car il n’avait pas de prédateurs avant l’arrivée de l’Homme. Depuis le 19ème siècle, la déforestation combinée à la prédation par les espèces introduites ont entraîné un déclin du nombre de Cagous. L’UICN classe l’oiseau dans les espèces en danger d’extinction. Selon le dernier recensement, paru ce mercredi, le nombre d’individus présents dans le parc provincial de La Rivière Bleue, est passé d’une soixantaine de Cagous en 1984 à 960 aujourd’hui. Un bilan très encourageant.

Monarque de Tahiti : 

Endémique de l’île de Tahiti, le Monarque de Tahiti ou ‘ōmāma’o (Pomarea nigra) est classé en danger critique d’extinction. Seuls 12 individus étaient connus en 1998, date à laquelle la Société d’Ornithologie de Polynésie s’est lancée dans son sauvetage. Grâce à des efforts continus de protection des nids de cette espèce peu prolifique, on compte désormais 93 oiseaux adultes et il s’est produit 26 envols lors de la saison 2019. Autrefois présente jusqu’en bord de mer, l’espèce s’est raréfiée spectaculairement depuis l’arrivée des Européens sur Tahiti. Ce sont les rats noirs qui sont les principaux responsables de cette situation. Très arboricoles, ils exercent une prédation sur les nids et empêchent ces oiseaux de se reproduire. Malheureusement Tahiti regorge d’autres espèces introduites envahissantes, qui sont autant de nouvelles menaces pour le Monarque.

©Gary Brunvoll

©Gary Brunvoll

Empereur de Futuna : 

L’Empereur de Futuna (Akihito futuna) est une espèce de gobies de la famille des Gobiidae,  endémique de l’île de Futuna. Il a été nommé d’après l’empereur japonais Akihito. Ce petit poisson vit en eau douce dans une rivière de l’île de Futuna. La taille du mâle peut atteindre 6 cm alors que celle de la femelle est environ de 2,9 cm. Depuis 2011, l’Empereur de Futuna est classée en tant qu’espèce en danger critique d’extinction par l’IUCN, son aire de répartition étant seulement connue dans une rivière de 5 km sur une zone d’occupation de 12 km2. En plus de cette zone très restreinte, l’une des menaces est l’altération de son habitat par la culture du taro et par la construction de barrages.

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Journée mondiale de la Biodiversité 2020 : « Nos solutions sont dans la nature »

A l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité 2020, vendredi 22 mai, qui a cette année pour thème « Nos solutions sont dans la nature », le Comité français de l’UICN encourage le développement des Solutions fondées sur la Nature pour répondre à des défis sociétaux tels que le changement climatique, les risques naturels, l’accès à l’eau, la santé, la sécurité alimentaire et le développement socio‑économique tout en préservant la biodiversité.

« Les dégradations que nous faisons subir à la nature vont engendrer d’autres crises avec des coûts économiques, sociaux et environnementaux importants. C’est le cas des catastrophes naturelles liées au changement climatique, comme les inondations, les sécheresses ou l’érosion de nos côtes. Il faut agir davantage et, pour cela, les solutions sont dans la nature » souligne Sébastien Moncorps, directeur du Comité français de l’UICN.

Érosion côtière, inondations, glissements de terrain, canicules en ville… toutes ces catastrophes naturelles amplifiées par le changement climatique peuvent être atténuées par « les Solutions fondées sur la Nature » (SfN). C’est en effet en restaurant les zones humides que nous limiterons les inondations ou les sécheresses, c’est en reconstituant les dunes que nous maintiendrons la côte sableuse, c’est en créant des espaces verts en ville que nous atténuerons l’effet des canicules, c’est en protégeant les forêts en montagne que nous réduirons les glissements de terrain et c’est en préservant les mangroves et récifs coralliens que nous lutterons contre les submersions marines. Des écosystèmes préservés continueront en même de temps de jouer leur rôle naturel d’amortisseur climatique en absorbant le CO2 que nous émettons. Ces solutions sont à double bénéfice pour le climat et la biodiversité.