Une mangrove de Nouvelle-Calédonie ©M. Dosdane / IFRECOR
Ce dimanche 26 juillet 2020 a lieu la Journée Internationale des Mangroves. A cette occasion, le Pôle-Relais Zones Humides Tropicales (PRZHT), co-piloté par le Comité français de l’UICN et le Conservatoire du Littoral, publie une cartographie satellitaire de l’ensemble des 87773 hectares de mangrove des Outre-mer d’une précision remarquable.
Soutenue par l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR), cette représentation utilisant des captures d’images réalisées entre 2019 et 2020 sera un outil de travail exceptionnel pour les gestionnaires de ces zones cruciales, parmi les plus productives en biomasse de la planète.
Cet atlas est donné pour une précision 9 fois supérieure à la version précédente publiée pourtant seulement trois ans auparavant. S’il permet d’obtenir une évaluation pertinente de 99% de la surface totale de mangrove de l’Outre-mer, c’est principalement au niveau local que l’impact sera le plus probant. Les gestionnaires pourront se fier à une cartographie parfaitement à jour et suivre ainsi les évolutions des surfaces de mangrove qui les concernent, grâce à des mises à jour annualisées.
Pour Gaëlle Vandersarren, coordinatrice du PRZHT, coordonné par le Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et le Conservatoire du Littoral : « La publication de ce travail est une grande avancée pour le suivi de la surface des mangroves. On va désormais pouvoir suivre avec précision leur évolution à moindre coût, grâce à ce projet qui s’est basé sur des outils de télédétection de pointe pour réaliser cette cartographie 2020 ».
Des chiffres actualisés, validés sur le terrain
La précision de cette nouvelle mesure a permis de déterminer un nouveau chiffre de la surface des mangroves françaises, de 87773 hectares. Une différence notable comparée aux 91055 hectares issus de la mesure de 2017. L’écart constaté ne constitue cependant pas une preuve de perte nette de surface, mais est principalement dû à la grande précision des outils utilisés (cf encadré) qui ont permis d’exclure certaines zones considérées à tort comme des aires de mangrove lors des précédents relevés.
Ces nouvelles données vont notamment permettre la mise à jour des indicateurs de L’Observatoire National de la Biodiversité (ONB) concernant les mangroves. Parmi ces indicateurs clés, celui mesurant la surface nationale faisant l’objet de mesures de conservation efficaces. Ces données seront alors transmises sur la base de données du Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des Mangroves (ROM). Les membres du ROM seront d’ailleurs sollicités pour effectuer les vérifications in situ de cette nouvelle cartographie, dans le but de co-construire l’outil dans une démarche d’intégration de science et de gestion.
Impliquer les citoyens dans la protection
Le PRZHT et l’IFRECOR rappellent via leur communiqué de presse, que si le suivi de l’évolution des surfaces permet une « prise de température » de la santé des zones de mangrove, la protection en revanche se fait par l’action de chacun. Ainsi, grâce à une application nommée ROM, les citoyens sont invités à devenir acteur de la protection des mangroves des outre-mers. Grâce à celle-ci, chacun peut signaler des perturbations des zones, telles que défrichements, décharges sauvages, brûlages, installations illégales, etc.
Utilisation d’outils de pointe à destination des gestionnaires:
Les nouveaux satellites européens ont été mis à contribution. Ils ont permis de produire des images récentes (entre 2019 et 2020), profitant des moments de conditions météorologiques idéales lors de leur survol des zones de mangroves végétalisées de Europa (Iles Eparses), Guadeloupe, Guyane, Martinique et Nouvelle-Calédonie.
A ces relevés d’une exceptionnelle qualité, l’utilisation du « cloud computing » proposé par Google Earth Engine, permettant le traitement et la mise à disposition sur serveur de cette immense base de données.
Résultat cartographique au 1 : 10000 de la nouvelle couche mangrove dans la Baie des Anglais en Martinique. En vert la nouvelle couche nationale des mangroves, en rouge la précédente couche nationale (2017) et en jaune l’inventaire des zones humides réalisées en 2012. On voit ici la précision bien supérieure de la nouvelle cartographie.
Par Damien Chaillot