L’autorisation de forage accordée au groupe Total passe mal auprès des associations écologistes comme Greenpeace et le Collectif Stop Pétrole offshore Guyane. Elles dénoncent une décision en contradiction avec les Accords de Paris et la loi Hulot sur les hydrocarbures.
Le préfet de Guyane Patrice Faure a autorisé Total à lancer des explorations au large de la Guyane. Malgré les oppositions, le préfet explique avoir « appliqué la procédure » lors d’une conférence de presse le 25 octobre dernier. « Je ne suis pas là pour me placer pour ou contre mais pour appliquer des procédures administratives et techniques » a-t-il souligné.
« Il faut rappeler que Total détient un permis de recherche exclusif depuis 2001, qui a été prorogé en 2007 puis 2011. C’est ce permis exclusif qui a permis de poursuivre le processus administratif instruit à la fois par la Deal et le Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst). La loi est qu’il y a eu des droits acquis, et qu’aujourd’hui nous sommes sur la phase finale de ce que sera effectivement la dernière prospection d’hydrocarbure en France » a précisé le préfet.
Total vise dans un premier temps le forage d’un puits d’exploration dans la partie centrale du permis Guyane Maritime à partir de fin 2018 début2019 et sur une période de 4 mois. Cinq forages ont déjà été réalisés entre 2012 et 2013 dans la partie Sud-Est de ce permis sans être couronnés de succès. Dans la partie Nord-Ouest du périmètre, « la zone centrale n’a jamais, été forée » a noté fin septembre le rapport de la commission d’enquête publique relative à cette nouvelle demande d’ouverture de travaux miniers offshore
Cette autorisation a suscité de nombreuses réactions de la part des associations de protection de l’environnement. Le Collectif Stop Pétrole Offshore Guyane a condamné dans un communiqué « une attitude irresponsable » en contradiction avec les Accords de Guyane et s’est dit prêt « pour le bras de fer qui s’engage contre le géant pétrolier ». « Le collectif Stop Pétrole Offshore Guyane usera de tous les moyens notamment juridiques pour s’opposer à cette aberration économique, sociale, environnementale et mettre fin au projet mortifère de Total ».
L’ONG Greenpeace, qui avait appelé les Guyanais à se mobiliser contre ce projet, s’est dite « atterrée », dans un communiqué. Elle a fait valoir que les forages se trouveraient à proximité d’un récif corallien unique découvert au large de l’embouchure du fleuve Amazone. Elle rappelle l’opposition exprimée lors de l’enquête publique et souligne la contradiction à autoriser une exploration pétrolière « moins d’un mois après la publication du rapport du GIEC ». « Derrière les beaux discours, notre pays continue à privilégier les intérêts des industries les plus polluantes au détriment de l’intérêt général. Entre La Mède et Guyane Maritime, on est en droit de se demander si Total ne dicte pas la politique climatique française. Total profite encore une fois des incohérences du gouvernement, » conclut Edina Ifticene chargée de campagne Océans à Greenpeace France.