Expérimentation en Guadeloupe : les sargasses futures sources de biogaz ?

Expérimentation en Guadeloupe : les sargasses futures sources de biogaz ?

Les premières unités de biogaz sont finalement récentes et  témoignent d’une rentabilité encore fragile. Le syndicat mixte d’électricité de la Guadeloupe (Sy.MEG) vient de s’engager avec Evergaz dans cette filière, pour le traitement des algues sargasses qui polluent en masse les côtes et les plages, contraignant parfois à leur fermeture . 

Historiquement, la société Evergaz, anciennement Holding Verte et opérateur intégré du biogaz en France, a une expérience en termes de méthanisation. Elle collabore avec le secteur agroalimentaire depuis 2008. Nous avons rencontré son cofondateur Fréderic Flipo.

Même si  Evergaz a déjà travaillé sur les algues en Bretagne et perfectionne le contournement des deux inconvénients que sont le sable et le sel, le traitement des sargasses serait pour la société une première : le procédé biologique de la méthanisation permettrait de valoriser les algues en produisant du biogaz et un digestat utilisé comme fertilisant naturel.

« Pour l’instant nous travaillons sur la préparation de la matière,  précise M Flipo. Un test est en cours. Nous la broyons, la hachons pour une dégradation la plus forte possible avant méthanisation et introduction dans le digesteur. L’unité est  en construction en attendant que soit résolu le problème du stockage. On connait mal les masses qui seront à traiter et leur régularité. On surdimensionne l’outil. »

Le ramassage des algues en mer reste de la responsabilité des partenaires locaux. Très rapidement la question d’un stockage correct devra être posée. Pour l’instant les algues sont ramassées et leur amas présente un danger pour la santé.

« Du jour au lendemain, en quelques heures, elles s’amassent sur 3 centimètres et sur 200 mètres de larg .  Il y a donc urgence pour le tourisme et les activités de pêche. Nous sommes prêts à aller vite. Il nous faut un an pour la construction. Tout dépend maintenant de la DREAL qui a reçu les réponses à son appel d’offre. »

La question n’est pas simple. Y aura t il une masse suffisante pour justifier l’outil ?

« Pour le bien, il faudrait que le digesteur ait vocation à un multitraitement des déchets organiques. Mais un tel outil est difficile à piloter. Certaines matières sont incompatibles entre elles. La bagasse par exemple n’entre pas dans le mix ». Des expériences vont cependant déjà en ce sens notamment sur l’île Maurice.

L’étude du gisement se fait en lien avec la Sy.MEG, une émanation des collectivités locales et avec l’aide de l’ADEME. L’unité est prévue pour injecter 1MGW électrique dans le réseau de Pointe à Pitre à partir de 30.000 T de déchets.

 

Signé Dominique Martin-Ferrari

Crédits photos : Page Facebook RADIO Corbeau St BARTH