Le phénomène de réchauffement des eaux du Pacifique équatorial n’a pas que des incidences sur le climat. L’environnement, plus particulièrement les coraux sont aussi affectés par le phénomène qui enregistre un record pour sa saison 2015/2016.
Pendant l’exceptionnel El Nino de 1997/1998, les scientifiques avaient déjà observé un blanchissement des coraux, causant la mort de 16% de ces derniers au niveau mondial. Plus tard, c’est l’Acanthaster, étoile de mer mortelle, qui inquiétait par sa capacité à « absorber » l’énergie et la vie corallienne. Puis, en Polynésie, le cyclone Oli de 2011 avait douloureusement affecté les coraux qui se remettait à peine des effets du cyclone. Mais pas de répit pour une des premières ressources vitale de nos océans. Le El Nino de la saison 2015/2016, d’un niveau historique, pourrait bien être encore fatal aux systèmes coralliens. Létitia Hedouin, chercheuse au Criobe explique pourquoi : « le corail vit en symbiose avec une algue, le zooxanthelles. Et ces algues sont essentielles à la survie du corail parce qu’elles lui apportent 95% de son énergie. Lorsqu’il y a un réchauffement climatique, ces algues vont être expulsées et le corail va se retrouver sans énergie. Si ce réchauffement continue, au bout d’un moment, c’est comme ci le corail était affamé : il n’a plus de nourriture et (…) risque de mourir ». Le corail blanchira alors mais peut reprendre du poil de la bête si les températures baissent. Dans le cas contraire, il mourra.
La mortalité des coraux est fatale à la biodiversité. « Le corail, c’est l’habitat de millions d’espèces. Si le corail, qui est structurant des récifs coralliens disparaît, les poissons n’auront plus d’habitat pour vivre ». Il faudra alors s’attendre à des « répercussions en cascade ». Le Criobe travaille déjà sur des solutions, en créant notamment « des pépinières de coraux » pour qu’ils soient « plus résistants aux changements climatiques ». Le Criobe travaille aussi sur la reproduction du corail en exposant des « colonies adultes à des stress de températures pour essayer de modifier les larves et les gamètes qu’elles vont produire ». Le but : créer des gamètes et des larves plus résistants aux changements climatiques. David Lecchini, docteur à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, se penche sur un des autres effets d’El Nino. Le phénomène causerait un changement de comportement chez les larves de poisson qui n’entreraient plus dans les lagons suite au réchauffement de l’eau.