Économie circulaire à La Réunion : Le Cirad fait le bilan de son projet de valorisation des déchets organiques

Économie circulaire à La Réunion : Le Cirad fait le bilan de son projet de valorisation des déchets organiques

©F. Guerrin / Cirad

Lancé en 2017 par le Cirad, le projet Gabir (Gestion agricole des biomasses sur l’île de La Réunion) s’est donné pour objectif une gestion circulaire et durable des déchets organiques issus de l’agriculture ou de l’industrie réunionnaise. Le Cirad fait un bilan à mi-parcours d’un projet « en prise avec plusieurs défis environnementaux tels que le changement climatique, l’érosion des ressources ou la pollution des sols ».

« Deux ans après le démarrage, les membres du projet se sont tout d’abord attachés à établir une photographie des transferts de biomasses actuels et des acteurs concernés », explique le Cirad sur son site. « Cet objectif est quasiment atteint », précise Mathieu Vigne, coordinateur du projet avec son collègue Jonathan Vayssières, « même s’il est difficile d’obtenir une liste exhaustive compte tenu du dynamisme des secteurs et de la présence de filière informelle ». Près de 8000 acteurs ont ainsi été identifiés. Ils sont issus de trois secteurs : agricoles, urbains et industriels.

Plus de 2 millions de tonnes de déchets organiques 

Parmi les biomasses valorisées ou valorisables en agriculture à La Réunion, « celles produites par le secteur agricole lui-même représentent plus d’un million de tonnes, principalement sous forme d’effluents, de paille de canne ou de fourrages », poursuit le Cirad. « Les sous-produits issus des activités agro-industrielles pèsent près de 900 000 tonnes (principalement de la bagasse). Enfin, les déchets urbains totalisent plus de 300 000 tonnes (déchets verts, déchets ménagers organiques et boues de station d’épuration) ». En tout, les déchets organiques à La Réunion sont évalués à 2,2 tonnes environ. « Une caractérisation de ces biomasses est en cours afin d’évaluer leurs potentiels agronomiques et zootechniques (teneur en matière sèche et en nutriments) ».

« Ce premier diagnostic pointe un certain nombre de contraintes à la valorisation de ces sous-produits : compétition entre types d’utilisation, coût économique élevé de leur transport, réglementation, acceptation sociale, méconnaissance et caractère informel des réseaux d’échanges… », observe l’observatoire de recherche organique. Pour « faire émerger des solutions locales et régionales », le Cirad a mené une « consultation auprès des différents acteurs » aboutissant « à une dizaine de propositions concrètes à l’interface du monde agricole, des industriels ou encore des collectivités ».

Trois « cas d’études » en « cours d’approfondissement » 

« Parmi ces propositions, trois cas d’étude considérés comme emblématiques de la diversité des contraintes et des biomasses sont en cours d’approfondissement : la recherche de solutions collectives pour mieux valoriser les effluents d’élevage dans un contexte d’urbanisation importante et de contraintes réglementaires ; la structuration de filières de co-compostage déchets verts/effluents d’élevage dans le sud de l’île où sont localisés l’essentiel des élevages de porcs, lapins et volailles ; la mise en place d’une filière d’échange de fourrages entre éleveurs à l’échelle de l’île ».