Dans le cadre du tour de France des ODD (objectifs du développement durable) mis en œuvre par le Comité 21 et qui se déroule sur trois ans , Sarah Schonfeld, Directrice, Christine Delhaye, responsable de la communication et Elsa Charon , en charge des partenariats sont actuellement en Guyane .
Les 17 objectifs de développement durable adoptés en 2015 par l’ONU font suite aux objectifs du millénaire. Ils poursuivent l’action entreprise à échelle mondiale de réduire la pauvreté, et répondent à d’autres défis auxquels nous sommes confrontés : inégalités, climat, dégradation de l’environnement, paix et justice ….
En piste pour une planète solidaire
Cet engagement n’a rien d’abstrait : Les ODD pourraient aider à équilibrer les réponses environnementales de demain en vue d’une planète solidaire ; Innovations, choix de progrès, développement les intégrant dès la conception. La cible de chacun d’entre eux devrait être atteinte d’ici 2030. Pour y aider, le Comité 21 (réseau d’acteurs pour le développement durable) avec l’aide financière de l’AFD, arpente l’hexagone mais aussi les DROMS. Les étapes sont des événements multi acteurs- l’ADN du Comité 21- et s’adressent au grand public, aux enseignants , aux collectivités, aux associations, aux entreprises. En Guyane, la DEAL a préparé les étapes. L’intérêt de ces rencontres réside dans leur dimension internationale.
Cette semaine l’équipe est en Guyane .
Depuis Janvier la Ministre de l’Outre-mer a pris le dossier ODD à bras le corps. Estimant que 17 objectifs étaient trop complexes et ne concernaient pas forcément l’outre- mer elle a engagé une politique 5.0, répondant à 5 objectifs principaux : zéro déchets, zéro exclusion, zéro émission carbone, zéro vulnérabilité, zéro polluant agricole.
L’éducation et la santé à Saint Georges de l’Oyapock
A 200km de Cayenne, longtemps restée une petite bourgade, la ville est soumise depuis la construction du pont à un important accroissement de population. Cette ville frontière avec le Brésil, est devenue en deux ans le principal pôle urbain de l’Est guyanais et les associations amérindiennes y ont accueilli l’équipe dans une ambiance festive, les femmes Palikur vantant leurs vanneries, et les Parikwene leurs musiques .
Cette zone est considérée comme prioritaire par la région en termes d’éducation et de santé qui sont longtemps restées oubliées. Pour mieux répondre aux besoins des jeunes amérindiens et au flux grandissant des nouveaux scolarisés un groupe scolaire voit le jour.
Profitant de la semaine transfrontalière de la santé, avec l’AERES il a été question des problèmes de santé des deux pays voisins. Pour l’instant on reste bien loin des discours parisiens d’une possible politique de santé via internet et la télémédecine, la région étant encore dramatiquement sous équipée et l’étape actuelle étant plus proche de l’épidemiologie
A Saint Georges il s’agissait de rencontrer le Brésil autour du thème de la santé. Les préoccupations économiques liées à l’orpaillage et à la transformation du bois restent cependant bien présentes. Le projet du bateau ramasseur de déchets a été également présenté. Pour l’instant, la grande question reste celle du foncier et tout développement agricole sera obligé de passer par cette case.
Deuxième étape à Mana autour de la biodiversité, le 27 juin
Une autre face du territoire guyanais marqué par la proximité du Surinam. Là aussi les questions de santé et d’éducation sont cruciales car la population augmente très vite. A une demie heure de Mana, Saint Laurent du Maroni deuxième ville de Guyane pourrait doubler dans vingt ans, c’est en tout cas le scenario sur lequel planche le Maroni lab qui élabore la ville de demain. Une ville qui devra respecter une forêt protégée, un fleuve frontière et un parc naturel proche.
A Mana, la présence des kali’na d’Awala, (autre groupe des six ethnies amérindiennes de Guyane ) ou de l’association MAMABobi (membre du réseau GRAINE d’éducation à l’environnement ) rendront incontournables les objectifs de l’ODD 15 .
Il sera question de la biodiversité et des savoirs ancestraux. Ici se sont élaborés avec les anciens les textes de défense des droits autochtones à la biodiversité. Pharmacopées et thérapies traditionnelles sont riches des cultures amérindiennes mais aussi Saramaka et Bonis, issues du marronnage. De nombreux ethnobotanistes ont travaillé à la valorisation des ressources naturelles de la forêt. Parmi eux, des chercheuses comme Marie Fleury veille à ce que les populations détentrices du savoir de la transformation des fruits du palmier awara par exemple, ne soient pas spoliées de leurs savoirs. L’organisation de la filière est toujours d’actualité. De plus en plus la commune affirme sa vocation agricole. `
La communauté Hmongs qui s’est installée là est devenue comme celle de Cacao indispensable à l’approvisionnement en légumes de Saint-Laurent et si la mer a pris possession des casiers à riz, d’autres cultures favorables à la biomasse pourraient remplacer cette culture noyée.
Trosième étape à Cayenne le 28 juin
Même si les projets locaux trouvent leur place dans la présentation de cette journée, notamment les questions d’insertion sociale, sans doute parlera t on de gouvernance car l’ODD17 est fondamental : rien ne doit se construire désormais sans analyser les conséquences de destructions des ressources ou de déséquilibres sociétaux. A cette condition seulement les projets pourront être durables.
Ce passage permettra à la France d’intégrer à sa feuille de route ODD des enjeux de développement prioritaires. La Guyane reste toujours par certains aspects : eau, énergie, santé, éducation en rattrapage de développement .
Dominique Martin-Ferrari