© The Ocean Cleaner
Un bateau et deux remorques construits au Québec seront mis à contribution pour ramasser les algues sargasses qui prolifèrent depuis cinq ans dans les Caraïbes et qui gâchent les vacances de nombreux touristes, rapporte Radio Canada.
Nous sommes une entreprise québécoise qui vient aider les Caraïbes, se réjouit Denis Jimenez, un Français expatrié au Mexique depuis quatre ans. Le bateau qu’il a conçu, nommé Sargaboat, est devenu réalité lorsque quatre investisseurs québécois ont sauté à pieds joints dans l’aventure. «La mission écologique du projet m’intéressait beaucoup», raconte l’un d’eux, Cyril Paciullo.« L’idée de nettoyer toutes les plages qu’on voit polluées tous les ans, c’est vraiment intéressant».
Le Sargaboat et ses remorques ont été mis à l’essai dans la mer des Caraïbes il y a tout juste une semaine. Un franc succès pour récupérer ces algues brunes et malodorantes qui s’échouent sur les plages, selon son concepteur.
L’efficacité du principe, unique selon Denis Jimenez, a même retenu l’attention du gouverneur mexicain Carlos Joaquín, qui en a vanté les mérites. Un premier contrat a été signé avec le groupe hôtelier Vidanta, qui possède une dizaine d’établissements au Mexique, autant sur la côte est que sur la côte ouest. Plusieurs plages de ses hôtels étaient libres d’algues pour la première fois en trois ans à cette période de l’année grâce au Sargaboat. Vidanta compte même tirer profit des algues, en recyclant les cargaisons récupérées en mer en engrais et en biogaz. Plusieurs autres hôteliers de la Riviera Maya se sont montrés intéressés par la technologie maintenant qu’ils l’ont vue en action, assure Cyril Paciullo.
Les vacanciers choisissent de moins en moins le Mexique
La solution aux algues sargasses développée par Denis Jimenez, et propulsée grâce au Québec, arrive à point nommé, alors que les touristes commencent à bouder certaines destinations autrefois très recherchées. Le Mexique, c’est quasiment rendu un non catégorique pour beaucoup de personnes, affirme Philippe Larose-Desmarais, directeur chez Aéroport Voyages. Il estime qu’environ 30 % moins de vacanciers choisissent le Mexique, parce qu’ils sont au fait du problème. Les algues sont devenues un critère de sélection à prendre en considération avant de choisir sa destination.
La Riviera Maya, au Mexique, et Punta Cana, en République dominicaine, sont les deux régions les plus touchées. Ironiquement, ce sont aussi les destinations préférées des Québécois, rappelle Isabelle Saint-Amant, présidente d’Espaces Voyages.
Entre-temps, si les algues sargasses représentent un cauchemar pour le tourisme au Mexique, d’autres destinations soleil profitent toutefois du problème. Cuba, par exemple, accueille des touristes auparavant réticents à s’y rendre, observe Philippe Larose-Desmarais d’Aéroport Voyages. Isabelle Saint-Amant d’Espaces Voyages suggère à ses clients des régions où ils ne seraient pas nécessairement allés auparavant. C’est le cas, par exemple, des îles ABC (Aruba, Bonaire et Curaçao) dans les Antilles, des destinations qui ne conviennent toutefois pas à tous les portefeuilles.