Le tucunaré (Cichla monoculus) fait partie des espèces ayant le plus grand taux de contamination au mercure © Wikicommons
Près d’un tiers des poissons de l’Etat brésilien de l’Amapa, frontalier avec la Guyane française, présentent des risques à la consommation en raison d’une contamination au mercure due à l’orpaillage, selon une étude rendue publique cette semaine.
Le résultats de cette étude menée par le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) et trois centres de recherche brésiliens montrent que ces poissons représentent « un risque pour la santé » des communautés locales.
Les chercheurs ont analysé plus de 400 poissons pêchés dans cinq régions de l’Amapa, au coeur de la forêt amazonienne, y compris dans des bassins hydrographiques situés à proximité de zones protégées, entre août 2017 et mai 2018.
La concentration de mercure s’est avérée « supérieure à la limite de la sécurité alimentaire chez 77,6% des poissons carnivores, 20% des omnivores et 2,4% des herbivores », selon l’étude.
« Quatre des sept espèces présentant les plus grandes concentrations de mercure sont parmi les plus consommées dans la région », précisent les chercheurs, citant notamment le pirapucu (Boulengerella cuvieri) ou le tucunaré (Cichla monoculus).
L’étude souligne que la consommation de plus de 200 grammes de poisson contaminé risque de provoquer de graves troubles de santé, notamment des problèmes rénaux ou neurologiques.
Cette forte présence de mercure dans les fleuves amazoniens est due aux orpailleurs qui utilisent ce composant chimique pour séparer les particules d’or des autres minéraux.
« Cette étude présente des données importantes sur le niveau de destruction que représente l’orpaillage en Amazonie », explique Marcelo Oliveira, spécialiste de l’antenne brésilienne de WWF.
« Nous savions à quel point l’orpaillage est nocif pour la forêt, mais nous avons à présent des preuves sur la façon dont il peut détruire la santé de ceux qui vivent dans la région », ajoute-t-il.
Cette étude a également été réalisée par des chercheurs de la Fondation Oswaldo Cruz (Ensp/Fiocruz), de l’Institut de Recherches scientifique de l’Amapa (IEPA) et de l’Institut de recherches et de formation indigène (Iepé).
Avec AFP