Le changement climatique risque de faire disparaître les récifs coralliens du patrimoine mondial d’ici à 2100, à moins que les émissions de gaz à effet de serre ne soient réduites conformément aux objectifs de l’Accord de Paris, selon une étude des Nations Unies.
Une évaluation scientifique mondiale réalisée par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO montre que les températures élevées des océans provoquées par les émissions de CO2 ont soumis les récifs à un stress thermique sévère et / ou répété et ont causé le pire blanchissement des coraux – un processus au cours duquel les coraux deviennent complètement blancs – jamais observé. La valeur sociale, culturelle et économique des récifs coralliens est estimée à 1 000 milliards de dollars, et à moins que les émissions de CO2 ne diminuent drastiquement, elles continueront à les décimer à des rythmes sans précédent, et finiront par les faire disparaître.
« Les 29 récifs coralliens d’importance mondiale figurant sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO font face à des menaces existentielles et leur disparition serait dévastatrice sur le plan écologique et économique », a déclaré le Dr Mechtild Rossler, Directrice du Centre du patrimoine mondial. « Ces forêts tropicales des mers protègent les communautés côtières des inondations et de l’érosion, soutiennent la pêche durable et le tourisme et abritent une diversité marine incroyable. »
Des projections récentes indiquent que la perte liée au climat des services en lien avec l’écosystème des récifs, atteindra 500 milliards de dollars par an ou plus d’ici 2100. Les plus grands impacts seront ressentis par les personnes dépendant des récifs pour leur subsistance au quotidien. De plus, bien qu’ils couvrent moins de 0,1% des fonds marins, les récifs abritent plus d’un quart de toutes les espèces de poissons marins, en plus de nombreux autres animaux marins.
Les sites emblématiques touchés comprennent La Grande Barrière (Australie), Papahānaumokuākea (États-Unis d’Amérique), les Lagons de Nouvelle-Calédonie (France) et l’Atoll d’Aldabra (Seychelles).
Lorsque le changement climatique fait augmenter la température de l’eau, les coraux subissent une réaction de stress en expulsant les algues (zooxanthelles) qui vivent dans leurs tissus. Ce processus rend le corail complètement blanc. Les coraux blanchis sont toujours vivants – cependant, même un blanchissement modéré peut entraîner des effets délétères ultérieurs, tels qu’une réduction de la croissance et de la reproduction. Si les conditions de stress persistent pendant plusieurs semaines, les coraux peuvent mourir d’un manque de nourriture ou de maladie. La mortalité corallienne et l’érosion de leurs squelettes qui en résulte réduisent la complexité structurale et la biodiversité des systèmes de récifs.
72% des récifs inscrits au patrimoine mondial blanchis
Il suffit d’un pic de 1 à 2°C pour provoquer le blanchissement. Les émissions de carbone ont déjà provoqué une augmentation de la température de la surface mondiale de 1°C depuis l’aire préindustrielle. Cet effet a été amplifié par des épisodes sévères des phénomènes El Niño et La Niña. L’acidification des océans causée par la dissolution du CO2 atmosphérique affaiblit les coraux encore davantage.
Le blanchissement en masse des coraux a été documenté pour la première fois en 1983, mais sa fréquence et sa gravité augmentent. Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et ont provoqué un événement de blanchissement corallien mondial qui a affecté 72% des récifs inscrits au patrimoine mondial.
« Nous savons que la fréquence et l’intensité des événements de blanchissement des coraux continueront d’augmenter à mesure que les températures augmenteront », a déclaré le Dr Scott Heron, du Coral Reef Watch de la NOAA, et auteur principal de l’évaluation. « Notre objectif était de documenter les répercussions climatiques sur les récifs coralliens inscrits au patrimoine mondial à ce jour, et d’examiner ce que l’avenir pourrait en conserver. Le destin de ces trésors est vital pour l’ensemble de l’humanité, et les nations du monde entier sont liées par la Convention du patrimoine mondial de 1972 pour soutenir leur survie. »
Les communautés de coraux mettent généralement 15 à 25 ans pour se remettre du blanchissement de masse. L’analyse scientifique a examiné la fréquence avec laquelle les récifs du patrimoine mondial ont été soumis à un stress qui dépasse les meilleurs taux de récupération. L’évaluation a été élaborée à partir des données satellitaires provenant du Programme de conservation des récifs coralliens de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration, Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique), et a reçu le soutien de l’Agence française pour la biodiversité.