Venus des cinq îles de l’archipel des Australes en Polynésie française, maires, élus, pêcheurs et instituteurs entre autre, ont présenté et défendu leur projet de grande réserve marine auprès d’institutions politiques et économiques, sur l’île principale de Tahiti.
L’aventure débute en 2014, les maires des cinq îles de l’Archipel des Australes (Rimatara, Raivavae, Rurutu, Tubuai et Rapa), situé au sud de la Polynésie française, signaient une délibération affirmant leur volonté de créer une aire marine protégée (AMP) nommée Rahui Nui no Tuha’a Pae (« Tuha’a Pae » étant le nom polynésien de l’archipel). Grâce à l’appui de la branche polynésienne de l’ONG Pew, le projet est aujourd’hui sur pied et des concertations ont déjà eu lieu avec les habitants de l’archipel afin de défendre l’utilité d’une AMP aux Australes. En retour, les habitants ont exposé leurs inquiétudes face à la pêche industrielle d’après nos confrères de Radio 1 Tahiti. Pour ce projet, quatre objectifs ont été établis ; préserver les ressources, développer la pêche côtière face à la pêche industrielle, valoriser le patrimoine culturel et environnemental et développer l’écotourisme. Ce projet veut aussi sensibiliser la population à la préservation de l’environnement et surtout, promouvoir le retour à la culture du Rahui.
Dans la Polynésie ancestrale, le Rahui « régulait l’usage de la mer et de la terre », afin de laisser le temps aux ressources de se régénérer « avant d’être exploitées par les hommes, n’en retirant que le nécessaire ». Le Rahui est en quelque sorte une vision polynésienne du développement durable. Or, celui-ci a été délaissé afin de répondre aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse. Aux Australes, seule l’île de Rapa continue à respecter scrupuleusement le Rahui, une pratique considérée comme étant adaptée aux besoins de l’île. Le projet d’AMP des îles Australes prévoit, quant à lui, deux zones distinctes ; une zone de pêche côtière et une zone de réserve marine. La seconde s’étendra sur 1 million de km2, soit un cinquième de la ZEE polynésienne et « le plus grand sanctuaire du monde » selon Jérôme Petit, directeur de Pew Polynésie.
La décision finale de créer ou pas cette AMP reviendra au gouvernement de la Polynésie française. Cette semaine, la délégation des îles Australes sont en croisade à Tahiti pour présenter leur projet Rahui Nui no Tuha’a Pae à différentes institutions politiques et économiques, à savoir le Conseil Economique, Social et Culturel (CESC) ou la Chambre du Commerce, de l’Industrie, des Services et des Métiers (CCISM). La délégation aurait également demandé un rendez-vous avec Edouard Fritch, Président de la Polynésie française, mais pour l’heure, aucune réponse ne leur est parvenue. Une déception pour le maire de l’île de Tubuai qui souhaite que le gouvernement « fasse connaître ses intentions ».