Biodiversité : Les anguilles de Tahiti à la loupe

Biodiversité : Les anguilles de Tahiti à la loupe

Herehia Helme, doctorante à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) à Paris, mène une thèse sur les anguilles. Un poisson aussi mystérieux que courant dans la mythologie polynésienne.

Herehia Helme, doctorante à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EDHE) parisienne, s’intéresse de très près aux anguilles, poisson longiligne aux airs reptiliens, qui peuplent les rivières et légendes de Polynésie. Après de longues études dans l’Hexagone, la jeune scientifique revient en Polynésie pour étudier de près l’animal. Sa thèse, intitulée « L’impact des barrages hydroélectriques sur le peuplement des anguilles de Polynésie française », est co-financée par le CIFRE (Etat) et l’entreprise Marama Nui, filiale d’EDT (elle-même filiale d’Engie), qui gère les installations hydroélectriques de Tahiti. Le but des recherches serait de savoir si les barrages et installations hydroélectriques sont efficaces pour assurer le transit des anguilles. Un impact qui semble attirer l’intérêt de l’entreprise Marama Nui, au vu de l’investissement apporté. Quoiqu’il en soit, Herehia Helme se donne également pour mission d’en savoir d’avantage sur l’animal, présent dans de très nombreuses rivières de Polynésie et pourtant peu étudié. À ses côtés, trois techniciens l’assistent lors de ses études sur le terrain.

Herehia et son équipe armée d'épuisette ©Tahiti-infos

Herehia et son équipe armée d’épuisette ©Tahiti-infos

Suivie par la rédaction de Tahiti-infos, Herehia Helme révèle sa méthode pour capturer et étudier l’anguille. Grâce à des chocs électriques, elle paralyse et capture l’animal, « ça ne leur fait aucun mal », rassure-t-elle. Quelques gouttes de somnifères viendront endormir l’anguille. La doctorante pourra alors les mesurer, analyser leur anatomie, les tatouer si cela n’est pas déjà fait et, injecter une puce qui permettra de les identifier. Les travaux de Herehia ont déjà bien avancés et permis d’en savoir plus sur les anguilles. Elle a par ailleurs découvert que les civelles (jeunes anguilles) choisissent un moment précis pour remonter la rivière depuis l’océan, « un jour de nouvelle lune pendant la saison des pluies, après une grosse averse ». Passionnée, elle explique, « C’est un animal mystérieux. On ne sait même pas où ils vont se reproduire, on n’a pas encore trouvé comment assurer la reproduction artificielle, on ne sait pas à quelle vitesse elles grandissent… ». Pour autant, l’espèce se porterait bien. On estime à 8000 le nombre d’anguilles dans la profonde vallée de la Papenoo, traversée par la rivière Vaituoru. Les recherches de Herehia Helme sont de bon augure pour les vallées de Tahiti, à l’heure où celles-ci semblent menacés par les extractions entreprises dans les vallées de Tahiti.