Biodiversité : Le Lamantin pourrait ne plus être une espèce en voie d’extinction

Biodiversité : Le Lamantin pourrait ne plus être une espèce en voie d’extinction

Un organisme américain souhaite enlever le lamantin de la catégorie d’espèces en extinction, après une recrudescence de la population en Floride.

Les actions de protection du lamantin a porté ses fruits. L’espèce marine, selon un organisme public américain devrait être retiré de la liste des espèces en danger. Ce mammifère herbivore marin au corps massif gris, doté de deux petites nageoires antérieures et d’une nageoire caudale, aussi appelé vache de mer, a été inscrit sur cette liste il y a près de cinquante ans. Victime d’une chasse à outrance et de collisions fréquentes avec des bateaux, sa population avait chuté de manière drastique. Au débat des années 1990, moins de 1300 animaux avait été répertoriés en Floride, selon l’Agence américaine de protection animale (Fish and Wildlife Service, FWS). Aujourd’hui, ils sont plus de 6 300 dans cette même zone. « La recrudescence du lamantin est incroyablement encourageante » a commenté Cindy Dohner, directrice de l’Agence américaine de protection animale. Grâce à des « améliorations importantes dans les conditions de vie et de l’habitat et la réduction des menaces directes », la population des lamantins en Floride a quintuplé en 25 ans. La population totale dans la région Atlantique, en comptabilisant les espèces vivant dans les Caraïbes, en Colombie, Venezuela et au Brésil.

Face à ces résultats optimistes, la FWS souhaite rétrograder le mammifère marin à la catégorie d’espèce « menacée ». Une décision qui a été soumise à une consultation publique, qui a jusqu’au 7 avril pour s’exprimer sur cette proposition. Le déclassement du lamantin « d’espèce en danger » à menacée » est jugée précipitée par certaines organisations de protection de l’environnement. C’est le cas du « Save the manetee Club » (Club pour sauver le lamantin), opposé à ce changement de statut. Selon eux, de nombreuses menaces existent toujours et que les décès ont été élevés ces dernières années. Selon le Club, 2.441 lamantins sont morts dans les eaux de Floride entre 2010 et 2013. La protection des lamantins, une mission dans laquelle se sont engagées deux départements ultramarins.

La Guadeloupe et la Nouvelle-Calédonie, aux avant-postes pour protéger cette espèce

Dans l’Océan Atlantique, c’est la Guadeloupe qui s’est lancée dans un programme de réintroduction du lamantin dans ses eaux. Le Parc National cherche à reconquérir l’élément fort de sa biodiversité. Pour cela, il a obtenu du Brésil en octobre 2013 l’engagement du don de cinq lamantins (deux mâles et trois femelles). Il s’agit d’animaux adultes détenus en captivité au Centre des mammifères aquatiques (CMA) d’Itamaraca. Mais le transfert des animaux du Brésil vers la Guadeloupe a été reporté en raison de conditions matérielles du transport non optimales selon le CMA. À terme, le Parc National espère intégrer une cinquantaine d’individus dans le Grand-Cul du Sac marin, la mangrove de l’archipel. Dans l’imaginaire guadeloupéen, le lamantin occupe une place importante dans sa culture. L’animal est assimilé au personnage du « Manman Dlo » (ancêtre de la sirène), figure légendaire de nombreux contes créoles.

En Nouvelle-Calédonie, une autre espèce semblable au lamantin appelé « dugong » fait aussi l’objet d’une surveillance accrue. « La présence de dugongs dans le lagon calédonien est un facteur qui a contribué à l’inscription des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie au patrimoine de l’humanité de l’Unesco en 2008″, indique Damien Grima, membre de l’Agence des aires marines protégées (AAMP) de Nouméa. Avec l’Australie et le Golfe Persique, l’archipel du Pacifique sud abrite l’une des trois dernières colonies de dugongs au monde, forte d’environ un millier d’individus. Depuis 2010,il est au centre d’un plan de conservation sur le Caillou. Une espèce d’autant plus menacée car sa reproduction est longue. »Au-delà de la mort non naturelle de cinq individus par an, la population décline », souligne Damien Grima, qui coordonne le « plan d’actions dugong« . L’expert souligne que les femelles n’ont que 5 à 6 petits au cours de leurs 60 à 70 ans d’existence. En dehors de rares cas de braconnage, le dugong est menacé par les prises accidentelles dans les filets de pêche et surtout par le fort développement de la navigation de plaisance.La capture du dugong est par ailleurs strictement interdite sur le Caillou et passible d’une amende allant jusqu’à 8.000 euros et de six mois de prison.

(Avec AFP)