Le géographe spécialiste de la télédétection au Cirad Valéry Gond et son équipe ont récemment développé un outil algorithmique dédié à assurer un suivi efficace et automatique des peuplements de mangroves, mené dans le dans le cadre du projet Rescue consacré à la surveillance et à la restauration des écosystèmes côtiers durables, a indiqué le Cirad dans un communiqué.
Pour protéger les mangroves, des milieux naturels riches mais menacés par l’aquaculture et la crevetticulture intensives ou le défrichement pour récolter du bois, un projet de réhabilitation de ces écosystèmes à été lancé en 1987 Sud-Est de la Thaïlande, dans la province de Trat. Sur le site d’étude, « les arbres naturels se mélangent aux arbres plantés par l’homme. En termes de réhabilitation, une seule espèce – Rhizophora – a été utilisée au début des années 90, tandis que les mangroves naturelles bénéficient d’une plus grande diversité avec quatorze espèces dont les principales sont Avicennia et Bruguiera» précise le Cirad dans un communiqué.
Grâce à la puissance de calcul de Google Earth Engine, les chercheurs ont analysé et synthétisé près de 30 ans de données des satellites Landsat pour mesurer les différents taux d’activité photosynthétique de ces forêts immergées. Des images de drones ont également permis d’analyser leur structure végétale et leur évolution .
Les chercheurs ont ainsi constaté que « les mangroves réhabilitées atteignent quasiment la même hauteur que les peuplements naturels, 18 mètres pour les forêts naturelles et 14 mètres pour les forêts en régénération». L’étude démontre également qu’elles ont besoin d’une période d’au moins 7 ans, pouvant aller jusqu’à 13 ans pour disposer d’un taux d’activité photosynthétique similaire à celui des peuplements naturels.
À l’avenir, cet algorithme pourra être utilisé pour évaluer des projets de réhabilitation à petite ou grande échelle. « L’algorithme est adapté à l’étude des changements dans la dynamique de la couverture des mangroves, en gain mais aussi en perte, en raison des perturbations telles que l’exploitation forestière ou la dégradation naturelle liée aux aléas climatique et marins», ajoute le Cirad.