Biodiversité : En Outre-mer, les Aires marines protégées couvrent 22,75% des eaux

Biodiversité : En Outre-mer, les Aires marines protégées couvrent 22,75% des eaux

Le Parc marin de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie ©Marc Le Chelard

À l’occasion du Colloque national des Aires marines protégées (AMP), le Ministère de la Transition écologique et solidaire, l’Agence française pour la Biodiversité ou encore, l’UICN, ont tiré le bilan de la stratégie nationale de création et de gestion des AMP 2012-2020, dans l’Hexagone et les Outre-mer. 

Résultat : en 2019, 22,75% des eaux ultramarines sont couvertes par des AMP, contre 1,5% en 2012. Depuis 2012, 152 nouvelles AMP ont été créées, la majorité entre 2015 et 2018. Elles s’étendent désormais sur plus de 2,25 millions de km2. Environ 1,5% des eaux françaises, majoritairement dans les Outre-mer, sont interdites au prélèvement de ressources halieutiques et on compte aujourd’hui 100 écoles hexagonales et ultramarines engagées dans une démarche d’Aire marine éducative. Enfin, seulement 1,8% de la haute mer est protégée, sur un total de 61%. Pour précision, la superficie totale des ZEE ultramarines est estimée à près de 10 millions de km2, soit 97% des ZEE françaises. Malgré ces bons résultats, les réseaux d’AMP en Outre-mer sont hétérogènes d’un territoire à l’autre.

Dans le Pacifique, il s’est fortement étendu, notamment en Nouvelle-Calédonie avec le Parc naturel de la mer de Corail. Mais en Polynésie française, ZEE la plus vaste de France, il est encore insuffisant pour couvrir l’ensemble des écosystèmes vulnérables. Par ailleurs, aucune AMP n’existe à Wallis et Futuna, où il faut cependant noter qu’une stratégie d’adaptation au changement climatique, adoptée par le territoire en 2017, prévoit d’en créer. En Polynésie, les archipels des Marquises, au nord, et des Australes, au sud, défendent pourtant des projets de créations d’AMP, alors que le chef du gouvernement local avait annoncé, en septembre 2016 lors du Pacific Ocean Summit, que la ZEE polynésienne deviendrai en 2020, la plus grande aire marine gérée au monde.

Aux Marquises, le projet d’AMP « est un bon compromis, avec une zone pour la pêche côtière exclusive pour les marquisiens, une zone de protection forte au large et une zone pour les pêcheurs thoniers de Tahiti », a expliqué Deborah Kimitete, présidente de l’association pour l’environnement des Marquises. « Le projet de grande AMP des Australes pourrait devenir l’une des plus grande réserve marine de la planète. Il a fait l’objet d’une très large participation de tous les acteurs locaux et est soutenu par 81% de la population des Australes selon un sondage récent. Alors pourquoi ne pas le finaliser ? », interroge Artigas Hatitio, président de l’association Rahui Nui no Tuhaa Pae. « La balle est maintenant dans le camp du gouvernement de Polynésie française », a ajouté Deborah Kimitete.

Dans l’océan Indien, le réseau gagne en cohérence grâce à la création du Parc naturel marin des Glorieuses et à l’extension de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. Par ailleurs, la collaboration régionale se renforce. Cependant, La Réunion ne compte qu’une AMP (réserve naturelle nationale) qui couvre une infime partie de la superficie des eaux du territoire. Il serait pertinent de l’étendre, en réponse aux enjeux liés à la reproduction des grands cétacés.

Dans les Antilles, la création du sanctuaire Agoa, du Parc naturel marin de Martinique et de la Réserve naturelle régionale du Prêcheur en Martinique, ont fortement renforcé le réseau. Il doit encore être consolidé en Guadeloupe, où il n’inclut pas certains habitats vulnérables (herbiers). En Guyane française, le réseau n’a pas évolué depuis 2012. Il doit être étendu pour préserver certaines espèces sensibles (mérou géant, raie Manta, grands cétacés, etc.). La création, à titre expérimental, d’un réseau de type Natura 2000 dans les Outre-mer, annoncée en 2016 aux Antilles par le gouvernement, n’a pas encore débuté.

Élaborer la stratégie 2020-2030

Outre dresser le bilan de la stratégie nationale de création et de gestion des AMP sur la période 2012-2020, le colloque a également eu pour objectif de plancher sur la nouvelle stratégie pour la décennie 2020-2030. Celle-ci doit prendre en compte cinq enjeux : un réseau complet et cohérent, de qualité grâce à une gestion efficace et efficiente, contribuant à des usages durables, intégré dans les politiques et les territoires et enfin, mobilisateur et engageant. Cette nouvelle stratégie sera construite en collaboration avec l’État, les collectivités et l’ensemble des acteurs du monde maritime avec l’appui de l’Agence française pour la biodiversité (AFB).