Biodiversité: Allier développement et conservation de la biodiversité, le plan du Cirad à Madagascar

Biodiversité: Allier développement et conservation de la biodiversité, le plan du Cirad à Madagascar

© G. Vieilledent, Cirad

Le président de la République malgache, Andry Rajoelina, a dévoilé un ambitieux plan de reforestation lors du One Planet Summit le 14 mars à Nairobi. Objectif: lutter contre la déforestation qui gangrène le pays. A ce sujet, le Cirad à Madagascar mène plusieurs actions pour préserver la biodiversité malgache en concilier le développement économique.

« Madagascar était appelée l’île Rouge, désormais elle sera l’ile Verte grâce à notre plan national de reforestation  » déclarait le président malgache Andry Rajoelina au cours du troisième One Planet Summit le 14 mars dernier. Le chef d’État s’engage à reboiser 40 000 hectares chaque année. Un plan salué par Plinio Sist, directeur de l’unité de recherche Forêts et Sociétés du Cirad. Mais le Cirad n’a pas attendu cette déclaration présidentielle pour agir dans la Grande Île qui a perdu 44 % de ses forêts naturelles depuis les années 50.L’accélération de la déforestation, le doublement de la population de Madagascar d’ici 2050 constitue une véritable menace pour la biodiversité. Les chercheurs du Cirad ont décliné 3 actions pour réduire ces différentes pressions sur les forêts naturelles.

D’abord, à travers le projet BioSceneMada (Biodiversity scenarios under the effect of climate change and future deforestation in Madagascar), le Cirad travaille à identifier les zones prioritaires de conservation et de restauration. « Un objectif fort est de préserver les forêts naturelles restantes et d’orienter les efforts de conservation sur des zones prioritaires  », explique Ghislain Vieilledent, écologue au Cirad et coordinateur du projet. Il s’agit «des décideurs des cartes pointant les zones prioritaires pour la conservation de la biodiversité». Ces cartes identifieront aussi des zones stratégiques pour la mise en place de corridors forestiers afin de favoriser la restauration des forêts.

Autre priorité, la restauration des paysages et des services écosystémiques liés aux espaces boisés est au cœur de plusieurs autres projets impliquant le Cirad à Madagascar. Selon Jean-Marc Bouvet, chercheur au Cirad et animateur du dispositif en partenariat Forêts et biodiversité à Madagascar, « pour que la restauration et la conservation des forêts soient effectives et durables il faut qu’elles soient en interaction positive avec l’agriculture». C’est l’objectif du Projet Agriculture Durable par Approche Paysage (PADAP)auquel les experts du Cirad contribuent et qui développe une approche multisectorielle et participative pour la planification et la gestion des socio-écosytèmes agricoles et forestiers. C’est aussi selon les principes d’intensification agro-écologique que le Cirad et ses partenaires malgaches prennent en compte les grandes filières d’exportation liées à l’arbre (litchi, girofle…), à la culture en forêt comme la vanille ou celles développées par des pratiques de cueillette comme le poivre sauvage (projet DOMETSIP) pour concilier agriculture et préservation des espaces boisées.

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Autre défi pour limiter la dégradation des forêts : développer les plantations forestières notamment pour la production de bois-énergie. Près de 90 % de la population malgache utilisent le bois et le charbon de bois comme énergie domestique. Dans ce sillon, le Cirad coordonne le projet Arina – Aménagement et reboisement intégré du district d’Anjozorobe en bois-énergie. « L’objectif est d’accompagner les populations rurales tout au long de la chaine, des plantations forestières à la commercialisation du charbon de bois, en passant par la carbonisation et l’efficacité énergétique,  » explique Jean-Pierre Bouillet, coordinateur d’Arina. Les chercheurs estiment qu’entre 30 000 et 60 000 ha de forêts naturelles sont épargnés chaque année grâce aux plantations à vocation bois-énergie dans la seule région d’Antananarivo.

Source Le Cirad