Un DCP retrouvé sur un îlot au nord de Wallis ©Service de la pêche de Wallis et Futuna
Le service des pêches de Wallis et Futuna lance officiellement cette semaine la campagne de collecte de données concernant les dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants auprès des pêcheurs et de la population locale.
Les DCP dérivants sont des objets flottants, intentionnellement déployés dans l’océan, pour attirer les poissons, qui ont tendance à s’assembler naturellement autour d’objets flottants. Depuis leur mise en place vers la fin des années 90 dans le Pacifique, les DCP dérivants sont devenus un élément clé de la pêche dans la région. Il est estimé qu’environ 40% des prises de thon à la senne dans le Pacifique occidental et central est obtenue grâce à ces dispositifs.
Toutefois, bien que ces DCPs ont permis une augmentation des captures, de la profitabilité des flottes en réduisant notamment les coûts d’essence, et également de générer des revenus pour les États et Territoires insulaires océaniens, leur utilisation désormais intensive a généré certains problèmes tels que l’échouage de ces objets sur les plages des pays et territoires de la région.
« A Wallis et Futuna, la problématique est apparue avec beaucoup d’intensité en 2019, quand la population a vu la recrudescence de ces objets sur les plages, les récifs, dans le lagon et aussi en pleine mer autour des îles, suscitant de nombreuses questions sur l’origine et les activités associées à cette multiplication » déclare Bruno Mugneret du Service de la Pêche et de Gestion des Ressources Marines à Wallis.
Cette campagne a pour objectif de quantifier le nombre de DCP perdus ou échoués, ainsi que leurs impacts sur les zones côtières de Wallis et Futuna, tout en s’intégrant dans une campagne régionale qui pourra aider au développement de mesures de gestion durable de la pêche. Elle va se traduire par des actions de communication et d’information auprès des communautés côtières à Wallis et Futuna. Des campagnes radios sont également prévues afin de sensibiliser les communautés à l’importance de leur rôle de sentinelles dans ce programme.
A l’occasion du lancement de cette campagne, les experts scientifiques de la Communauté du Pacifique (CPS) sont venus présenter les résultats d’une récente étude menée autour de l’échouage de ces DCP dans la région du Pacifique occidental et central et expliquer l’importance d’obtenir des informations sur les échouages et transit de DCP trouvés en zones côtières.
Cette étude a permis de démontrer qu’environ 30 000 à 65 000 DCP sont déployés chaque année dans le Pacifique occidental et central, et qu’au moins 7% d’entre eux s’échouent en zone côtière. Leur échouage résulte, entre autres, de la force des courants océanique, mais du choix des zones de déploiement. On enregistre un nombre particulièrement important d’échouages à Tuvalu, aux îles Salomon, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Kiribati.
« La CPS a mené cette étude afin d’estimer l’impact que l’utilisation massive des DCP peut avoir sur les zones côtières de notre région. Les données actuellement disponibles démontrent une sous-estimation certaine des échouages. C’est pour cela que nous avons souhaité lancer, au niveau des pays et territoires insulaires, un programme de collecte de données à propos de ces échouages et des DCP qui dérivent près des côtes », déclare Lauriane Escalle, scientifique des pêches de la CPS. La collecte de ces informations est essentielle pour compléter les bases de données existantes et évaluer les taux réels d’échouage et leurs conséquences sur les écosystèmes côtiers et pêcheries locales.