Illustration ©France Mayotte Matin
Face à l’augmentation de la circulation des trois variants à La Réunion et la probabilité croissante d’une dégradation de la situation sanitaire surchargeant les hôpitaux, la mise en place d’évacuations sanitaires depuis La Réunion jusqu’à Paris est actuellement à l’étude. Elles permettraient d’alléger les hôpitaux, et donc de maintenir les evasans mahoraises vers l’île bourbon. Un projet à l’étude, qui n’est pas encore certain de voir le jour. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
En dépit de la récente augmentation du nombre de lits de réanimation à La Réunion, atteignant désormais les 110, « une dégradation de la situation sanitaire est probable », déclare Dominique Voynet, directrice de l’ARS Mayotte. Il s’agit à cette heure, de gérer nos évacuations sanitaires à La Réunion afin de ne pas saturer leurs services, explique-t-elle. A Mayotte et depuis plusieurs jours, nous avons finalement atteint ce plateau de contamination dont parlait le CNRS, et même quelques jours avant les prévisions. « Si tout va bien, on a encore devant nous deux semaines très dures », selon la patronne de l’ARS. « Pour autant, la situation est très crispée ».
Pour faire face à la situation et une dégradation potentielle des ressources hospitalières de La Réunion, un travail a débuté il y a deux à trois semaines. « Nous avons commencé à travailler avec le SAMU de La Réunion et le SAMU de France sur deux pistes » explique Dominique Voynet. La première consiste à recevoir des équipes d’Evasan supplémentaires pour « alléger la tâche des réanimateurs de Mayotte ». L’idée serait ainsi de mobiliser des ressources du SAMU de Paris, qui seraient positionnées à La Réunion. Un dispositif déjà en place explique la directrice de l’ARS.
L’autre chantier, c’est d’affréter un avion capable « d’envoyer un nombre important de civières vers la métropole ». Il s’agirait ainsi de créer une plate-forme à La Réunion, et non à Mayotte. Nos conditions matérielles ne permettent pas d’assurer que 8 patients (le nombre estimé pour les évasans en métropole) seraient spontanément prêts à l’aéroport. Et surtout, le public cible envisagé concernerait des patients ayant franchi le cap aigu de la maladie. Sans compter les délais qu’il faudrait pour rallier La Réunion, avant de s’orienter vers l’Hexagone : le nombre d’heures est doublée. Ainsi la solution qui s’impose est celle de décoller directement depuis La Réunion : la sélection pour l’avion vers l’hexagone serait opérée dans les services de réanimation réunionnais, et faits selon la grille de sélection élaborée par le Samu de Paris.
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A l’arrivée, il y aurait une régulation et les patients seraient dispatchés, soit à Paris, soit dans d’autres grandes villes en fonction de l’hypothétique saturation des hôpitaux. Un dispositif qui serait financé par le Ministère de la Santé, l’avion serait affrété directement par les crédits de l’État précise Dominique Voynet. Néanmoins la question de l’appareil se pose. Il s’agira de trouver un avion suffisamment grand pour accueillir plusieurs patients. « On travaille sur la base d’appels d’offres stratifiés, mais aussi avec des gens en qui on a confiance, pour la sécurité de l’ensemble de la chaîne » développe la directrice de l’ARS.
Des modèles type Airbus et Boeing sont évoqués, des compagnies spécialisées dans le transport médicalisé pourrait être choisies. « Tout ça on va essayer de le mettre en place. Ce n’est pas dit qu’on va y arriver, mais on va essayer » assure Ludovic Iché, chef de service des urgences et du Samu au Centre hospitalier de Mayotte. Un dispositif de haut-vol qu’il faudra suivre de près.
Mathieu Janvier pour France Mayotte Matin