Jasmine Godier, une Martiniquaise au prestigieux Collège d’Europe

Jasmine Godier, une Martiniquaise au prestigieux Collège d’Europe

Étudiante au prestigieux et très sélectif Collège d’Europe, Jasmine Godier, actuellement la seule Ultramarine sur le campus de Natolin en Pologne, travaille son mémoire sur les relations entre l’Union européenne et les pays de la Caraïbes. De la Martinique en Pologne, elle nous raconte son parcours hors-normes qu’elle souhaite conclure en intégrant l’Organisation des États d’Amérique ou de l’Association des États de la Caraïbe. Interview.  

De la Martinique au Collège d’Europe, quel est votre parcours ?

J’ai commencé mes études à Paris il y a six ans par une année de prépa à l’Institut Catholique. J’avais pour objectif d’intégrer la Filière intégrée France-Caraïbes (FIFCA) de Sciences Po Bordeaux, une formation unique qui m’a permis de partir deux années en mobilité universitaire : une en Martinique à l’Université des Antilles, et l’autre à la Jamaïque à l’Université des West Indies. De retour en Martinique, j’ai notamment soutenu la création d’un club de simulation des Nations Unies dans mon ancien Lycée de Bellevue : le BELMUN. Chaque année et grâce à cette initiative, une vingtaine de jeunes a l’occasion de partir aux Nations Unies à Genève afin de participer à une compétition internationale.

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Dans l’ensemble je suis passionnée par la politique et les relations internationales, j’ai donc fait des stages au Consulat de France à Bruxelles, au Parlement européen, et à l’Assemblée nationale entre autres. Je suis aujourd’hui étudiante au Collège d’Europe et en pleine rédaction d’un mémoire sur les relations entre l’Union européenne et les pays de la Caraïbes dans le cadre de l’Accord de Cotonou et sur les perspectives d’avenir entre ces deux régions. À terme, j’espère travailler dans le domaine de la coopération régionale dans la Caraïbe.

Vous vous attendiez à intégrer cette institution ?

Sincèrement je ne pensais pas avoir ma chance parce que le Collège est connu pour son prestige et sa sélectivité. En effet, l’institut a été fondé en 1949 à Bruges (Belgique) par des personnalités telles que Salvador de Madariaga, Winston Churchill, Paul Henri Spaak et Alcide de Gasperi. C’est le plus ancien institut d’études post-universitaire consacré aux affaires européennes. Parmi ses alumni les plus connus, je pense notamment à Manuel Marin (ancien président de la Commission européenne), Nick Clegg (ancien Vice-premier ministre du Royaume-Uni), Helle Thorning-Schmidt (ancienne Première ministre du Danemark) ou Alexander Stubb (ancien Premier ministre de Finlande).

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Après une pré-sélection des dossiers de candidature et un entretien devant un jury composé de représentants du Ministère des Affaires étrangères, environ 340 étudiants venant de tous les continents sont admis au campus de Bruges et une centaine à celui de Natolin en Pologne. Ma stratégie du « qui ne tente rien, n’a rien » a été récompensée. Aujourd’hui, je suis la seule étudiante ultramarine de Natolin. Ce n’est pas un parcours ordinaire, mais il ne faut surtout pas s’autocensurer, et au contraire se donner les moyens d’atteindre les objectifs que l’on se fixe.

Quels sont les débouchés de cette formation ?

La formation dispensée au campus de Natolin à Varsovie est pleinement interdisciplinaire. Elle cible des jeunes aux parcours académiques et professionnels divers. Du coup, j’ai des camarades de classe qui ont par exemple suivi des cursus en histoire, en droit, en langues vivantes et même des parcours scientifiques. Au Collège d’Europe on suit tous une solide formation d’expertise en affaires européennes qui ouvre de nombreux débouchés dans la gestion de programme, entrepreneuriat, la recherche académique, les affaires juridiques, la diplomatie, la finance ou encore, la politique.

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Beaucoup d’anciens élèves du Collège d’Europe travaillent aujourd’hui dans les principales institutions et agences de l’Union européenne telles que la Commission ou le Parlement. D’autres, rejoignent des ministères, de grandes entreprises, ou encore des organisations et programmes internationaux tels que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ou l’OTAN. Si possible, j’aimerais pouvoir travailler auprès de l’Organisation des États d’Amérique ou de l’Association des États de la Caraïbe.

Comment faire profiter les ultramarins de ce si beau parcours ?

J’encouragerais tous les Martiniquais, et plus largement, tous les ultramarins qui souhaitent étudier les relations de l’Union européenne avec l’ensemble de ses régions et leurs pays avoisinants, à candidater au Collège d’Europe. Certains d’entre eux pourront bénéficier des différentes opportunités de bourses d’organismes publics et privés disponibles. La période de candidature pour l’année académique 2019-2020 est désormais ouverte, alors n’hésitez pas à postuler avant le 16 janvier 2019. Plus globalement, j’espère que, chacun dans leurs domaines respectifs, beaucoup d’autres jeunes partis pour leurs études rapporteront leur « expertise » et leurs savoir-faire afin de contribuer au développement de nos territoires ultramarins.

Le Collège d’Europe : Soixante-dix ans d’expertises sur les questions européennes

Soixante-dix ans après sa création, le Collège d’Europe continue d’attirer des étudiants du monde entier et reste la référence en matière de questions européennes. Les débouchés de cet établissement hyper sélectif, vivier historique des institutions, concernent aussi le secteur privé. Les étudiants venus du monde entier continuent d’affluer. L’année dernière, 2 000 candidatures complètes ont été reçues pour 341 places proposées à Bruges. La sélection est réalisée par le ministère des Affaires étrangères du pays de chaque candidat. Sur le campus, 50 nationalités, principalement européennes, sont présentes, mais les Français sont les plus nombreux, avec près de 20 % des effectifs.