Innovation en Outre-mer : Estelle Hilaire de Karaïb3D (Martinique ): « L’impression 3D offre aux antillais des moyens locaux de création et de fabrication »

Innovation en Outre-mer : Estelle Hilaire de Karaïb3D (Martinique ): « L’impression 3D offre aux antillais des moyens locaux de création et de fabrication »

Karaïb 3D est une entreprise de savoir-faire et de service en conception et impression 3D, lancée en 2017 par deux jeunes Martiniquais. Outremers 360 vous propose une interview d’Estelle Hilaire, une des associés de cette première agence spécialisée dans l’impression 3D, incubée par Orange Caraïbe.

Quel est votre parcours et comment avez-vous décidé de créer votre start-up ?

J’ai intégré l’école d’ingénieur Polytech Lyon après mon passage en classes préparatoires aux grandes écoles du Lycée de Bellevue (filière Maths-Physique). Après l’obtention de mon double diplôme (diplôme d’ingénieur biomédical et master de physique médicale), j’ai continué en doctorat à l’INSA de Lyon et je suis devenue docteur en traitement du signal et de l’image. En discutant avec mon associé (William Caster) ayant un parcours similaire au mien mais orienté conception mécanique et matériaux composites, il s’est avéré que nous avions des ambitions communes : la passion de l’impression 3D d’un coté, l’association de cette nouvelle technique au médical de l’autre, et la volonté commune de revenir valoriser nos compétences en Martinique. Nous avons donc décidé de créer une agence de savoir-faire et de services spécialisée dans l’impression 3D en Martinique.

Estelle Hilaire et son associé William Caster, fondateurs de Karaib3D © DR

Estelle Hilaire et son associé William Caster, fondateurs de Karaib3D © DR

Pouvez-vous nous expliquer l’activité de votre entreprise ?

Notre activité consiste à offrir nos services à des professionnels et/ou à des particuliers, pour des ouvrages de création, personnalisation ou de réparation d’objets domestiques et techniques. Karaïb 3D propose également une offre d’expertise visant à aider les organismes publics, privés et les entreprises à intégrer des solutions 3D, ainsi qu’un accompagnement pédagogique. Les clients peuvent également faire appel à nous pour se procurer une imprimante 3D à la location ou à l’achat, ainsi que pour acheter les consommables et pièces détachées associées. Nous proposons également des formations à la conception 3D et à l’impression 3D.

Pourquoi avoir choisi pour ce marché de niche de l’impression 3D en Martinique ? Comment démocratiser cette nouvelle technologie ?

Quand nous voulions lancer cette activité en Martinique, l’idée était d’appliquer l’impression 3D au domaine médical. Sauf que cette technologie n’était encore pas présente sur le territoire au moment du montage du projet. Par conséquent nous avons décidé de ne pas restreindre les secteurs d’activité et le type de clients. L’impression 3D est très versatile et permet de réaliser énormément de choses. Il y a un grand travail à faire pour que le réflexe devienne automatique et cela passe par beaucoup de communication. Par ailleurs, nous avons de plus en plus de clients qui achètent des imprimantes et nous les formons à leur utilisation : au fur et à mesure l’acquisition et l’usage des imprimantes 3D domestiques deviendront courantes, et nous sommes là pour aider les usagers à faire le premier pas.

Exemple d'objets imprimés 3D © DR

Exemple d’objets imprimés 3D © DR

Quels sont les atouts et/ou inconvénients que l’impression 3D peut apporter sur des territoires comme la Martinique ?

Il existe différents types de machines d’impression 3D, chacune étant spécifique à un matériau et chacune ayant plus ou moins d’avantages ou d’inconvénients selon l’application. L’impression 3D de manière générale a de nombreux avantages par rapport aux méthodes de fabrication classique : nous ne sommes pas limités en complexité, en forme, en finesse, nous pouvons rapidement passer d’une idée à un modèle 3D et du modèle 3D à un produit fini. Actuellement de nombreux matériaux sont imprimables : le plastique, la résine, des matériaux flexible, le métal, le bois, le silicone, la céramique, le béton… Les limites courantes vont généralement être le temps de fabrication et le volume d’impression (en terme de dimensions et/ou de quantités). Dans la zone géographique où nous sommes situés, nous sommes malheureusement obligés d’importer presque tout : nous dépendons des délais de livraison, des coûts d’octroi de mer et autres frais douaniers. L’impression 3D offre aux antillais ces moyens locaux de création et de fabrication. C’est également un bon outil pour lutter contre l’obsolescence programmée des machines et équipements, que l’on soit un professionnel ou un particulier.

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Vous avez récemment participé au Salon OSE Martinique début février. Quel impact a ce type de salons sur votre activité ?

Le salon OSE! est un événement de qualité qui nous a permis d’avoir une bonne visibilité auprès d’un public qualifié composé en majorité de chefs d’entreprises, d’entrepreneurs et de porteurs de projets. Nous avons obtenu beaucoup de contacts BtoB, des prospects et de nouveaux clients. Etant encore une très jeune structure, il est indispensable que nous nous fassions connaitre afin de créer de nouveaux partenariats et de pouvoir développer notre entreprise. D’ailleurs, nous remercions tout particulièrement nos partenaires Orange et la Technopole Martinique pour le soutien qu’ils nous apportent.

Quelle est votre vision à long terme pour votre entreprise Karaib 3D ?

Le nom « Karaïb 3D » n’a pas été choisi au hasard, tout le bassin caribéen est encore vierge de toute technologie d’impression 3D. Notre vision à long terme est de développer l’activité dans l’arc antillais qui est contraint à l’importation au même titre que la Martinique. Cela passera par l’ouverture d’autres agences dans les îles voisines avec l’embauche de personnel et l’achat de nouvelles machines de pointe qui permettront par exemple d’imprimer des maisons !

 

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