Grand Débat National : Les Maires des Outre-mer en attente de la concrétisation des réponses d’Emmanuel Macron

Grand Débat National : Les Maires des Outre-mer en attente de la concrétisation des réponses d’Emmanuel Macron

Pendant 7 heures, Emmanuel Macron s’est confronté vendredi aux revendications des élus ultramarins, qui ont énuméré les problèmes de leurs territoires, de la vie chère à l’immigration clandestine, en passant par la prolifération des sargasses ou les dangers du chlordécone.

« Nous n’avons pas fait 8.000 km pour parler deux minutes »: venus des Antilles, de Réunion, Mayotte ou de Guyane, la centaine d’élus, tenaces, parfois sceptiques, n’ont plus lâché le micro pour mettre sur la table les mêmes problèmes que ceux soulevés par les « gilets jaunes »: pouvoir d’achat, accès aux services publics, éloignement des centres de décision…

Sur la méthode engagée dans le cadre de Grand Débat national, certains élus à l’instar du maire de Saint-Laurent du Maroni (Guyane) Sophie Charles demeurent satisfaite des discussions engagées par le Président de la République.

La Présidente du Conseil départemental de la Guadeloupe a souligné « un moment important » et un « exercice intéressant ».

Le maire de Salazie (La Réunion) Stéphane Fouassin dresse en revanche un bilan mitigé.

« Il y a eu un début de réponse » pour le président du conseil départemental de La Réunion. « Nous souhaitons, au de-là des annonces, que nous rentrons maintenant dans du concret », a ajouté Cyrille Melchior.

Les échanges ont parfois été houleux lorsqu’il a été question de la reconnaissance des sargasses comme catastrophe naturelle. Sur ce point, Emmanuel Macron a souligné qu’on ne parle plus de risque quand ça devient annuel » et la mobilisation de 5 millions d’euros par l’Etat, pour équiper les collectivités des équipements nécessaires en matière de ramassage des sargasses.

« Ce n’est pas la réponse que j’espérais mais j’ai compris dans quelle philosophie était le président et le gouvernement concernant cette question. On sait très bien que les 5 millions ne vont pas suffire pour régler ce problème » a répondu à notre micro Guy Losbar, maire de Petit Bourg en Guadeloupe.

Autre sujet de crispation, celui du chlordécone et plus précisément celui du caractère cancérigène de ce pesticide, utilisé dans les bananeraies antillaises jusque dans les années 1990. Le chef de l’Etat a estimé qu’on ne pouvait pas actuellement parler de produit « cancérigène ». « Aujourd’hui, nous avons des populations en souffrance, je pense qu’ils seront vent debout par rapport à la réponse du Président de la République

« Nous attendons que les engagements soient à la hauteur de ce que nous attendons. Nous sommes sur un problème sanitaire qui touche l’ensemble du pays » a souligné Justin Pamphile,maire du Lorrain en Martinique.

Plutôt que des réponses nouvelles, il a promis une mobilisation accrue de l’Etat notamment sur l’immigration clandestine des Comoriens à Mayotte ou le trafic de stupéfiants en Guyane.

Sceptique, Alfred Marie-Jeanne, président de la collectivité de Martinique a estimé que « cette nouvelle concertation à laquelle vous nous conviez, je crains qu’elle nourrisse davantage le désenchantement ». La députée Ericka Bareigts, partie bien avant la fin, a dénoncé un « coup de com », et le député européen Younous Omarjee, lui aussi parti avant, « un flop ».

« Je pense que dans l’ensemble toutes les réponses étaient là ! Le Grand débat national n’est pas obligatoirement des annonces immédiatement. C’était un travail complémentaire qui vient compléter ce qui a été fait dans les Assises » a indiqué Annick Girardin à la fin de ce débat de 7 heures.

Dans son discours de conclusion, Emmanuel Macron a proposé de renouveler ce rendez-vous une fois par an. « On doit essayer quelque chose de radicalement nouveau », a-t-il conclu.