© Aviation Geeks Tahiti
Société privée, la compagnie domestique Air Tahiti assure une mission de service public non officielle en Polynésie française, en maintenant un lien entre Tahiti et les îles. Mais au lendemain de la crise sanitaire du Covid-19, la compagnie annonce l’abandon de la desserte de 27 îles, les plus déficitaires.
Avant la crise, la compagnie Air Tahiti assurait les liaisons de 47 îles, sur tous les archipels de Polynésie, et jusqu’aux îles Cook. Mais clouée au sol pendant la crise sanitaire, la compagnie bat de l’aile financièrement et la reprise progressive de ses vols depuis la deuxième quinzaine de mai n’amortira pas sa situation déficitaire. L’entreprise aux 950 salariés, deuxième employeur de Polynésie, a rouvert 20 lignes, notamment Bora Bora, Huahine, Raiatea, Rangiroa, Nuku Hiva ou encore, Tubuai. Mais elle ne prévoit « pas d’ouvertures supplémentaires », a annoncé son PDG Manate Vivish.
Un coup dur donc, pour les 27 îles restantes et surtout, pour la nécessité de maintenir un lien aérien entre l’île principale de la Collectivité d’Outre-mer, Tahiti, et les îles les plus éloignées. Néanmoins, la problématique liée à la desserte de ces îles ne date pas de la crise du Covid. En effet, la compagnie a depuis toujours compensé le déficit de ces destinations par la rentabilité des autres, essentiellement Bora Bora, Raiatea ou Rangiroa. « La question de la rentabilité de la desserte de certaines îles a toujours été posée », a expliqué Manate Vivish, interrogé par Polynésie La 1ère. « Nous sommes sur un service public déficitaire et nous n’avons plus les moyens de compenser ces déficits ».
Depuis quelques années, c’est donc vers le gouvernement polynésien qu’Air Tahiti se tourne, en vain jusqu’ici. La compagnie demande notamment une aide au titre de la mission de service public qu’elle a maintenu vers ces îles trop petites, trop peu peuplées et trop éloignées. En février 2020, Air Tahiti avait obtenu de la Justice une condamnation de la Collectivité à lui verser la somme de 180 millions de Fcfp (environ 1,6 millions d’euros) pour compenser le « préjudice économique subi dans l’exploitation de lignes déficitaires aux Marquises et aux Tuamotu ».
« Il incombe à la collectivité de prendre en charge la desserte de ces îles », insiste Manate Vivish. La décision de la compagnie apparaît surtout comme un coup de pression envoyé au gouvernement polynésien, pour qu’il maintienne ce lien vital pour ces 27 destinations.
Par Jean Faatau