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Lors d’une Keynote sur «la résilience numérique: un outil pour les territoires insulaires» lors du Digital Festival Tahiti qui s’est déroulé du 16 au 19 octobre 2019 en Polynésie française, le hacker Gaël Musquet et le directeur Outre-mer de Simplon, ont démontré que les citoyens, avec une formation adéquate aux technologies, peuvent être une partie prenante dans la prévention des risques, et plus particulièrement en cas de catastrophes naturelles.
« La résilience s’entend au sens de savoir par quels moyens, un territoire qui dispose à la fois de contraintes géographiques, sociales et culturelles, puisse être en capacité d’être autonome en cas de catastrophes naturelles ou en temps de guerre» explique Farid Humblot qui développe des projets autour de la résilience dans les territoires ultramarins. Dans un contexte où le coût des catastrophes naturelles est évalué à plus de 520 milliards de dollars par la Banque Mondiale, la question de l’urgence reste une prérogative étatique. «En France, on considère que gérer la crise, ce n’est pas le business du citoyen mais c’est l’affaire des autorités et des services d’urgence.(…) Pourtant on constate lors de catastrophe naturelles, que la solidarité populaire et l’autonomie des populations aident davantage qu’une intervention établie par des autorités» indique Farid Humblot.
Une situation qui s’explique par le fait que « les territoires insulaires ont l’habitude d’être en tension, ont la culture de la précarité énergétique, de la précarité liée aux évènements et aux catastrophes naturelles. Ce sont des réflexes moins présents dans la France Hexagonale. En France, il n’y a pas de culture de risque» souligne Gaël Musquet, fondateur de l’ONG de prévention des crises, HAND (Hackers Against Natural Disasters)
« La technologie doit avoir un sens »
Selon le hacker, les piliers d’une bonne gestion de crise sont une population informée, formée et alertée. «Pour cela, on ne doit pas faire de la technologie pour la technologie, il faut qu’elle ait un sens. Dès 1902, (cas de l’éruption de la Montagne Pelée en Martinique) des technologies ont pu être mises au service des personnes qui en ont le plus besoin. Aujourd’hui, nous considérons en tant que technophile, tous les citoyens ont leur rôle à jouer dans la prévention des catastrophes naturelles». Grâce à des capteurs, les mêmes que l’on trouve dans les téléphones portables, il est possible de détecter des ondes sismiques ou encore un émetteur radio et une batterie suffisent pour faire des transmissions et donner l’alerte. « Avec nos territoires, on peut très vite montrer que cela fonctionne et très vite montrer que cela est utile».
Aujourd’hui, à l’heure des technologies ultra performantes, certaines îles ou populations restent encore coupées du monde plusieurs heures, voire plusieurs jours (trois à Saint-Martin après l’Ouragan Irma en 2017).
Grâce à des formations et des exercices grandeur nature, les enfants apprennent les bons réflexes et transmettent l’information à leurs parents. «Si les citoyens sont informés et savent comment réagir lors d’une catastrophe, ils ne paniqueront pas», assurent Gaël Musquet et Farid Humblot. Il s’agit aussi de former aux technologies du numérique, que chaque citoyen ne soit pas seulement consommateur mais aussi acteur et s’approprie le numérique. « La Tech4Islands passe surtout par la logique de comment on arrive demain à faire que tous les hommes et les femmes de nos territoires aient une maîtrise forte du numérique»