Covid-19 : Un premier décès en Polynésie française

Covid-19 : Un premier décès en Polynésie française

La Polynésie française a déploré ce jeudi un premier décès lié à l’épidémie de coronavirus, qui a fait sa réapparition dans la Collectivité d’Outre-mer du Pacifique sud avec la reprise des vols commerciaux internationaux le 15 juillet dernier. 

« Bien sûr on savait qu’on aurait un jour un certain nombre de décès à déplorer » a annoncé le ministre local de la Santé, Jacques Reynal. La première victime de la covid-19 en Polynésie est une octogénaire présentant « plusieurs facteurs de comorbidité ». Jusqu’ici, les personnes ayant contracté le virus ne présentaient pas de tels facteurs et la moyenne d’âge des contaminés en Polynésie s’élève à 36-38 ans. « Je sais que ce décès va marquer chaque Polynésienne et chaque Polynésien », a déclaré le président de la Polynésie Édouard Fritch.

Plus inquiétant, la première victime vivait dans un foyer épidémique, Vaitavatava, un quartier populaire de Papeete. Non loin de là, un autre quartier tout aussi défavorisé fait également l’objet d’une surveillance des autorités sanitaires en raison d’un possible foyer épidémique qui « commence à démarrer », en lien avec Vaitavatava. La semaine dernière, deux clusters, dans les communes de Faa’a et Punaauia, avaient été « maîtrisés ». Le gouvernement de la Polynésie française avait notamment reçu le soutien d’une équipe de médecins réservistes de Santé Publique France.

« Nous sommes à plus de 1 200 tests réalisés dans ces zones-là » a expliqué le ministre de la Santé. « Il est probable que dans les deux à trois jours qui suivent, nous ayons encore une montée en puissance du nombre de cas ». À ce jour, la Polynésie compte 869 cas recensés depuis le 15 juillet seulement. Il faut toutefois relever que 536 d’entre eux sont guéris. Huit patients sont actuellement hospitalisés dont trois en réanimation. Pour rappel, la Collectivité comptait 62 cas de mars à mai dernier. Le gouvernement local craint notamment une expansion de l’épidémie dans les îles polynésiennes isolées et dépourvues d’hôpital. Les comorbidités telles que le diabète, l’obésité et l’insuffisance respiratoire sont aussi très présentes en Polynésie.

Point situation 10 septembre

« La difficulté pour nous serait la submersion, le dépassement de nos capacités de Santé » a déclaré Jacques Raynal. Le centre hospitalier du Taaone, à Tahiti, dispose de 60 lits de réanimation. Les syndicats avaient déposé la semaine dernière un préavis de grève générale, en demandant des mesures plus fortes face à l’épidémie, comme une quarantaine pour tous les passagers. Le préavis a finalement été levé mais le gouvernement refuse toute ré-instauration de la quarantaine ou suspension des vols, le tourisme étant le premier secteur économique local.

Lors de la reprise des vols commerciaux, le gouvernement local avait mis en place des mesures sanitaires inédites sur le territoire national. Outre la présentation d’un test obligatoirement négatif à l’embarquement, les passagers devaient également s’enregistrait sur une plateforme sanitaire, sorte d’ESTA, et se voyaient remettre à l’arrivée un auto test à réaliser dans les quatre jours suivants. Néanmoins, la découverte d’un premier cluster dans un restaurant de Papeete début août a accéléré et aggravé la situation sur place.

« Nous ne lâcherons rien »

Édouard Fritch a adressé aux proches de la victime « le soutien de tout le Pays pour cette épreuve si dure ». « Nous vivons déjà et vivrons des moments difficiles, qu’il soit question de la maladie, de l’emploi et plus généralement, de notre manière de vivre », a-t-il poursuivi. « Nous ne lâcherons rien. Nous n’abandonnerons aucun des nôtres. Nous nous battrons jusqu’au bout ». Il a appelé une nouvelle fois au respect des gestes barrière « notamment le port du masque (…) qui est si important pour protéger les plus vulnérables d’entre nous : les personnes âgées, les personnes en longue maladie, notamment les diabétiques, les cardiaques, les obèses ou les dialysés ».

« Cette terrible nouvelle nous rappelle qu’il faut continuer à se protéger et à protéger nos proches de ce virus » a insisté de son côté le Haut-commissaire de la République, représentant de l’État Dominique Sorain, dans un communiqué de condoléances à la famille de la victime. « En ce moment difficile, je tiens également à rendre hommage à tous les personnels de santé en première ligne contre cette maladie, et plus généralement à toutes les personnes qui s’engagent chaque jour à protéger notre population ».

Présentant également ses condoléances, le député indépendantiste Moetai Brotherson appelle à « une stratégie des tests généralisés », sérologique ou par chromatographie. « Que la première victime soit issue d’un milieu social défavorisé devrait réveiller les consciences » a-t-il poursuivi, insistant lui aussi sur « la prudence et le respect des règles de sécurité sanitaire ».