Covid-19-Guyane : L’installation d’un centre d’essai Coviplasm fait polémique sur le territoire

Covid-19-Guyane : L’installation d’un centre d’essai Coviplasm fait polémique sur le territoire

L’annonce de la venue du Professeur Karine Lacombe pour mener des essais thérapeutiques Coviplasm en Guyane a provoqué la colère des élus guyanais. Ils ont dénoncé un manque de concertation des acteurs et des élus sur cette mission.

Réunis en comité de gestion de crise lundi 29 juin à la Préfecture de Guyane, le Président de la CTG Rodolphe Alexandre et les sénateurs George Patient et Antoine Karam ont fait part de leur veto sur la mise en place de l’étude Coviplasm en Guyane. « Nous avons exigé que la mission du Pr Lacombe n’ait pas lieu en Guyane. Elle n’est pas la bienvenue en Guyane. Nous avons demandé au Préfet de prendre toutes les dispositions pour qu’elle ne soit pas accueillie en Guyane », a ajouté Rodolphe Alexandre.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale le 25 juin, la Professeure Karine Lacombe, en charge de l’essai clinique Coviplasm, a annoncé l’ouverture de deux centres d’essais thérapeutiques, à Mayotte et en Guyane. Cet essai consiste en la transfusion de plasma de patients guéris du Covid-19, contenant des anticorps dirigés contre le virus, et qui pourrait transférer cette immunité à un patient malade. Cette mission a été ensuite confirmée par la directrice générale de l’ARS Guyane.

Dans un courrier adressé au Ministre de la Santé Olivier Véran, le Sénateur Antoine Karam a exprimé son mécontement face à l’annonce de la mise en place de ces essais thérapeutiques. « je reste abasourdi de la légèreté avec laquelle l’installation d’un tel centre d’essai en Guyane a ainsi été annoncée au détour d’une audition parlementaire», a souligné Antoine Karam. « Il eut été à mon sens préférable – pour ne pas dire indispensable – que l’opportunité d’un centre d’essai thérapeutique COVIPLASM et ses modalités d’application fassent l’objet d’une proposition formelle et d’une concertation avec les élus», poursuit Antoine Karam.

Le comité territorial d’experts médicaux s’est également exprimé sur le sujet. Interrogé par Radio Peyi, le Dr Antoine Burin, membre de ce comité a jugé « aberrante » la manière dont l’annonce de ces essais thérapeutiques a été faite. « Ce n’est pas une question de personne, ni de technique mais la manière dont cela a été annoncée est totalement aberrante. Si cette technique devait être appliquée, les professionnels comme le Pr Djossou seraient tout à fait à même de les faire au sein de l’hôpital. Cette façon de présenter les choses comme de faire des tests sur une population à 8000 km de Paris et lors d’une audition est absolument odieux et impensable».

Le torchon brûle entre les élus et l’ARS Guyane

Alors que la Guyane connaît une phase épidémique importante de la Covid-19 avec plus de 3700 cas positifs et 15 décès sur son territoire, une autre crise de défiance vis-à-vis de l’ARS Guyane sur la gestion de l’épidémie se joue parallèlement. Le député Gabriel Serville a remis au Préfet le 29 juin une lettre actant sa rupture de confiance avec la directrice générale de l’ARS Guyane. Il critique « l’absence de prise en compte des alertes récurrentes des élus et des socio-professionnels guyanais» de la part de l’ARS Guyane.

Le Président de la CTG, accompagné des sénateurs Antoine Karam et Georges Patient ont dit avoir refusé le mea culpa de Clara De Bort. « Nous avons demandé et éxigé d’elle qu’elle accélère la procédure de la venue des médecins cubains telle que nous avions déjà avancé et telle que nous avions déjà commandité auprès du gouvernement cubain» a déclaré Rodolphe Alexandre à l’issue de la réunion du comité de gestion de crise avec le Préfet.

Un ultimatum de 48h pour des moyens supplémentaires

Les trois élus ont également posé un « ultimatum de 48 heures» pour l’envoi et la mise à disposition de moyens sanitaires supplémentaires en Guyane. « Nous avons obtenu du Préfet l’assurance que dans les 48h une forte délégation de réserve sanitaire sera présente en Guyane. Nous attendons dans les 48h, une décision formelle du gouvernement au niveau de l’hôpital militaire de Mulhouse».