Covid-19 : En Polynésie, les hospitalisations augmentent et le Centre hospitalier appelle à la vigilance

Covid-19 : En Polynésie, les hospitalisations augmentent et le Centre hospitalier appelle à la vigilance

©Wikicommons

Le Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) connait une montée en flèche du nombre de patients « Covid+ ». Bien préparé et encore loin de la saturation, l’hôpital sait pourtant qu’une intensification de l’épidémie, prévue par certains modèles, provoquerait des tensions en termes de lits et d’effectifs. Pour éviter une surchauffe dramatique, seule solution : faire mentir les prévisions en respectant les gestes barrières, explique le Dr Dupire. Un reportage de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

« Anticiper » : c’est depuis le début de la crise sanitaire l’idée fixe du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF), qui a, dès le premier semestre, adapté son fonctionnement à la pandémie. Une organisation qui est de plus en plus mise à l’épreuve, avec la hausse du nombre d’hospitalisations liées à l’épidémie. D’une quinzaine de lits occupés, avec des hauts et des bas, courant septembre, la filière « Covid+ » a atteint 46 patients en milieu de semaine.

Comme le rappelle le Dr Philippe Dupire, président de la commission médicale d’établissement, cette montée en flèche implique, compartiment par compartiment, de priver d’autres services de places et d’effectifs. « C’est là qu’il faut qu’on fasse très attention », prévient-il. « Il est absolument nécessaire de faire en sorte que nos patients non-Covid ne perdent pas de chances ».

Plusieurs contaminations de soignants par les patients

Le seuil de saturation est encore loin : le plan préparé par l’hôpital prévoit de mobiliser jusqu’à 200 des 400 lits du CHPF, et 45 des 60 postes de réanimation pour les patients atteints du coronavirus. Les capacités peuvent être optimisées, pointe le pharmacien hospitalier, en sollicitant au mieux le privé. Les cliniques, avec qui l’hôpital est déjà en partenariat sur certaines opérations programmées, pourraient être amenées à assurer des chirurgies (vasculaire ou neurochirurgie par exemple) habituellement effectuées à l’hôpital. Mais quoiqu’il arrive, « au-delà de 250 lits, on sera en difficulté », précise le chef de service.

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Le matériel n’est pas le plus gros sujet d’inquiétude au CHPF. Que l’on parle de matériel réanimatoire ou de protections, de masques, ou d’oxygène, l’hôpital dit pouvoir faire face « pendant plusieurs mois ». La tension, si elle devait arriver, porterait d’abord « sur les lits et sur les effectifs ». Là encore, la surchauffe n’est pas toute proche. Et le centre a prévu des mesures d’annulation de congés ou de recrutements extérieurs d’urgence en cas de besoin. Mais dans le centre de Pirae, tout le monde le sait : les choses peuvent évoluer très rapidement.

D’autant que les équipes médicales sont en première ligne. Plus d’une dizaine de médecins ou d’infirmier(e)s ont déjà été contaminés par des malades qu’ils traitent. Notamment au service des urgences, où l’on voit arriver « 110 à 120 patients par jour », pas tous à cheval sur les gestes barrières, et qu’il faut bien ausculter. « C’est difficilement évitable, même avec toutes les précautions que l’on prend », explique le Dr Dupire.

Les gestes barrières, seule façon d’éviter la surchauffe

Élément rassurant : si des contaminations de soignants par des patients ont déjà eu lieu, la transmission entre soignants n’a « pas été observée » dans l’hôpital. Quant à la contamination de patients par les soignants, elle « ne pourra jamais être complètement exclue ». Malgré des alertes et enquêtes internes, cette transmission n’a, pour le moment « pas été avérée » au CHPF, assure le président de la commission médicale d’établissement. Vu les mesures de précautions prises, « la transmission est beaucoup plus facile à l’extérieur de l’hôpital qu’à l’intérieur ».

©Radio 1

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Et justement, c’est surtout de l’extérieur que peut venir la solution pour éviter la saturation du CHPF, qui pourrait avoir des conséquences sanitaires dramatiques. Le modèle présenté par les autorités sanitaires mi-septembre entrevoyait une intensification de l’épidémie et une montée en charge du CHPF jusqu’en janvier, dépassant momentanément ce seuil de saturation. Un modèle « par définition incertain » insiste Philippe Dupire. « Si la population est plus respectueuse des gestes barrières et que les rassemblements sont maitrisés, on peut avoir un impact sur transmission du virus, et donc sur l’allongement de l’épidémie et l’intensité de la progression du nombre de cas à l’hôpital ».

Selon les derniers chiffres de la direction de la santé en Polynésie, parus vendredi après-midi, la Collectivité compte 663 cas actifs et 2 019 personnes sorties d’isolement (personne testée positive ayant effectué sa période d’isolement de 7 jours), ce qui fait un total de 2 682 cas de Covid-19 depuis le 15 juillet, contre 62 de mars à juin dernier. Le nombre d’hospitalisation est en baisse, de 46 mercredi à 40 vendredi, dont trois en réanimation. La Polynésie déplore enfin dix décès liés au Covid-19.

2020-10-09 Chiffres clés Covid 19