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Plusieurs détenus de la prison de Port-au-Prince, surpeuplée et insalubre, sont atteints du nouveau coronavirus, a confirmé jeudi à l’AFP le directeur de l’administration pénitentiaire, alors que la propagation de l’épidémie s’accélère en Haïti.
«Je vous confirme que le Covid-19 est entré dans la prison», a indiqué par téléphone Charles Nazaire Noël. «Nous avons mené une bataille rude pour éviter ça mais, malheureusement, c’est arrivé. On ne va pas baisser les bras, on va continuer à renforcer le système d’assainissement de la prison», a ajouté le directeur.
La semaine dernière, une cinquantaine de détenus du plus grand centre carcéral du pays ont souffert de fièvre, incitant les autorités sanitaires à établir un diagnostic. Sur l’échantillon de douze prisonniers testés, onze sont atteints par le Covid-19, selon les résultats obtenus le 15 mai mais rendus publics le 21 mai. «J’ai envoyé une correspondance au MSPP (ministère de la Santé, ndlr) pour avoir un dépistage de tous les détenus du pénitencier national», a annoncé jeudi Charles Nazaire Noël.
«Tout le personnel aussi sera dépisté: c’est sûr que ça ne va pas se faire d’un seul trait mais étape par étape. Mais le MSPP nous a confirmé qu’il n’y a(vait) aucun problème: dans les jours qui viennent, il va commencer par groupe de cinquante», détaille le haut gradé de la police haïtienne.
Depuis la détection des premiers cas de coronavirus le 19 mars, Haïti n’a procédé qu’à un peu plus de 2.100 tests dont 663 se sont révélés positifs. Selon le dernier bilan officiel publié jeudi matin, l’épidémie a entraîné la mort de 22 personnes en Haïti.
La propagation du virus dans la prison, située au coeur du centre-ville de Port-au-Prince, pourrait rapidement aggraver ce bilan. Avec une capacité limitée à 778 places, le «pénitencier» comme il est communément désigné, compte aujourd’hui plus de 3.600 détenus, dont plus des trois quarts sont en attente de jugement depuis plusieurs mois ou années.
Les conditions sanitaires déplorables des prisons haïtiennes, les plus surpeuplées au monde, sont régulièrement assimilées à des «actes de torture» par les défenseurs des droits humains. «Les cellules en Haïti sont des petites pièces aptes à recevoir 10 à 20 personnes si l’on tient compte de la norme de 4,5 mètres carrés par détenu, mais ces petites pièces reçoivent jusqu’à 80 personnes, donc on peut imaginer dans quel niveau de promiscuité ces personnes sont appelées à vivre», alertait début avril Marie Rosy Auguste Ducena, du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
Avec AFP