Dans un courrier adressé au Président du Conseil coutumier Djubéa-Kaponé et au Secrétaire général du Comité Rhéébù Nùù, le Directeur de Cabinet du ministre des Outre-mer assure que « l’offre portée par le consortium « Prony Ressources » est la seule offre viable dont l’État ait eu connaissance ».
« Depuis plusieurs années, l’État soutient l’usine du sud comme il a soutenu tous les autres sites industriels calédoniens à travers de nombreux dispositifs (prêts directs ; prêts AFD ; garanties de prêt ; défiscalisation) », rappelle Philippe Gustin dans son courrier. À ce titre, l’État avait accordé, en 2016, un prêt à l’entreprise et une garantie d’emprunt « aux fins de réaliser le projet “Lucy” », le tout pour un montant d’environ 400 millions d’euros.
C’est d’ailleurs au regard de ce soutien que l’État intervient dans le dossier. Lorsqu’un potentiel repreneur se fait connaître, il dépose à la fois sa candidature auprès de Vale mais aussi une demande de soutien de l’État. Cette dernière, concernant l’offre Sofinor-Korea Zinc, n’a été déposée « que le 29 octobre, c’est-à-dire plusieurs mois après sa rédaction ; après que celui-ci a été refusé par le groupe Vale et à la veille de la date limite fixée par Vale pour l’examen des offres de reprises », indique Philippe Gustin. Précisons que la Sofinor n’est pas dans l’obligation de demander ce soutien mais au regard de son « surendettement », difficile pour l’État de croire que la société pourrait s’en passer.
En outre, « ce document ne nous a pas été transmis par les offreurs, mais par un élu au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Ceci soulève, une fois encore, la question du positionnement du consortium Sofinor-Korea Zinc », reprend Philippe Gustin. « L’État ne dispose pas, à ce jour, des données financières, même minimales, qui permettraient d’évaluer la solidité du projet de reprise porté par le consortium Sofinor-Korea Zinc. Nous restons évidemment à la disposition des offreurs lesquels, comme évoqué ci-dessus, ne se sont pas manifestés auprès de l’État à ce jour », poursuit-il.
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Selon nos informations, l’absence de précisions sur le projet Lucy, une des conditions à la reprise de l’Usine du Sud, et le manque de visibilité sur le modèle économique, industriel et financier, expliquerait la frilosité du vendeur et de l’État sur la solidité de l’offre Sofinor-Korea Zinc. Par contre, « l’offre portée par le consortium “Prony Ressources” est la seule offre viable dont l’État ait eu connaissance. Cette offre est, en outre, largement soutenue par les salariés de l’usine ».
Toutefois, « dans l’hypothèse où le consortium Sofinor-Korea Zinc (…) souhaiterait contester le processus de cession engagé par le groupe Vale, il peut le faire devant les juridictions compétentes », rappelle encore Philippe Gustin. « A notre connaissance, aucun recours n’a été engagé en ce sens ». En attendant, Vale NC est entré en négociation exclusive avec le consortium « Prony Ressources », incluant notamment le groupe suisse Trafigura. Il s’agira notamment pour le candidat d’avoir accès à des informations confidentielles et précises comme les carnets de commande en cours ou encore les rémunérations.
Le délai a été fixé au 4 décembre maximum. L’Usine du Sud est d’autant plus importante pour la Nouvelle-Calédonie qu’elle représente 3 000 emplois directs et qu’elle est la seule qui produit de l’oxyde de nickel et de l’hydroxyde de nickel servant à la fabrication des batteries de voitures électriques. C’est dire si l’Usine représente un intérêt stratégique sur le long terme et d’importantes perspectives de développement, avec l’avantage de pouvoir mettre en avant des conditions sociales et environnementales satisfaisantes.
Sur les nombreuses manifestations des derniers jours en Nouvelle-Calédonie, à l’appelle de l’Instance coutumière et autochtone de négociation (ICAN), Philippe Gustin rappelle à ses destinataires que « dans le contexte politique actuel, force doit rester à la loi. Les atteintes aux biens et aux personnes constatées ces derniers jours ne conduiront à aucune solution positive pour la Nouvelle-Calédonie ».
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« A cet égard, je vous invite à déposer les statuts de l’organisation “Instance coutumière autochtone de négociation” dont vous vous réclamez. Celle-ci ne dispose, à ce jour, d’aucune existence légale – ce qui n’exonère pas les organisateurs des manifestations des derniers jours de leur responsabilité personnelle », poursuit-il. « J’exprime également le regret que vous n’ayez pas participé à la réunion de travail que vous avait proposée avec son cabinet le ministre des Outre-mer, dès le 28 octobre, lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie ».