Un potentiel à court terme de plus de 30 000 emplois en Outre-Mer

Un potentiel à court terme de plus de 30 000 emplois en Outre-Mer

Nos concitoyens les plus vulnérables espèrent de la République une aide à l’intégration au monde du travail, ils veulent une pleine citoyenneté, une totale dignité.

Soutien financier et administratif aux très petites entreprises, formation courtes, efficaces et ciblées sur les réservoirs d’emplois, confiance en nos concitoyens écartés du monde économique et volontarisme sont les bases des propositions innovantes de Max Dubois, qui avec une Attestation de Savoir-Faire Professionnel, veut former « durablement » pas moins de 7 000 à 10 000 jeunes ultramarins !

Max Dubois, votre Attestation de Savoir-Faire Professionnel, de quoi s’agit-il ?

ASFP– est un dispositif visant à offrir une réelle employabilité aux candidats à cette formation.
Très largement inspirée par le SMA, l’ASFP se promet d’offrir, dans un premier temps, dans les filières économiques principales de nos territoires, l’agro-alimentaire, la transition énergétique, le tourisme et le bâtiment, une formation technique très efficace acquise sur une période de 12 à 18 mois. L’Attestation de Savoir-Faire Professionnel est un diplôme à créer. Il correspond à l’acquisition des connaissances pratiques d’un CAP.

L’objectif consiste à former et intégrer durablement de 7000 à 10 000 impétrants chaque année dans l’économie ultramarine.  Il est un renforcement à l’apprentissage classique, il s’inspire du travail et des résultats formidables obtenus par le Service Militaire Adapté depuis 60 Ans.

L’ASFP est obtenue par voie d’apprentissage adapté. D’abord, six mois de stage sans engagement définitif de l’employeur, ni du futur apprenti. Ce stage en entreprise est rémunéré via Pôle Emploi. Puis, six à 12 mois d’apprentissage rémunérés par l’entreprise. La durée de l’apprentissage est définie au moment de la signature du contrat, soit, à la fin des six mois de stage.

Le contenu pédagogique de l’ASFP est étudié en étroite collaboration avec le SMA et les représentants des filières économiques. Aucune formation d’enseignement général n’est dispensée. Les seuls cours théoriques auxquels est soumis l’impétrant correspondent à l’acquisition indispensable de connaissances technologiques. Ce sont des modules audiovisuels. Il n’y a pas de limite d’âge à l’ASFP. Tout candidat majeur est éligible.

Les cours théoriques étudiés à la maison sont validés en entreprise. Un coordinateur de stage qui intervient in situ deux demi-journées par mois. L’ASFP, nouveau diplôme, est décerné après un examen, par exemple par le SMA. Par VAE, il peut déboucher sur un CAP.

Le tissu économique ultramarin est fait quasi essentiellement de très petites entreprises. 150 000 d’entre elles n’emploient aucun salarié. Comment expliquez-vous cela ?

Oui, pour beaucoup le travail manuel reste l’ornière des échoués. La reconnaissance nationale de la noblesse du travail manuel. C’est le postulat de base. Mettre à l’honneur régulièrement les femmes et les hommes méritants, par la valeur de leur travail, par leur civisme, leur citoyenneté et leur humanisme. Les rubans rouges et bleus doivent aussi les décorer car ils sont des exemples à suivre. Les start-up sont très importantes, mais un bon boucher, un plombier efficace, un climaticien compétent ou un cuisinier inspiré ont un rôle social et sociétal tellement important…

Max Dubois, président et fondateur de l'association R&D.OM ©Outremers360

Max Dubois, président et fondateur de l’association R&D.OM ©Outremers360

En tout et pour tout, l’apprentissage en outre-mer totalise à peine 8000 jeunes, quels sont les freins, et vos solutions pour plus qu’en doubler le nombre ?

L’embauche du premier salarié oblige à se conformer à une réglementation hygiène et sécurité extrêmement contraignante (vestiaires/toilettes séparées H/F, escabeaux de plus de trois marches interdits, impossibilité de travailler seul… La liste n’en finit plus). Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail, donc l’employeur peu ou pas spécialisé en droit se sent très vulnérable en cas de conflit. Quand on a signé avec un apprenti, si ça ne fonctionne pas, on n’est tout de même pieds et poings liés.

Un apprenti avant qu’il soit efficace – c’est-à-dire rentable – doit passer au moins six mois avec son formateur. Entre temps, il coûte. L’artisan formateur est souvent lui-même pédagogiquement et/ou administrativement peu armé. L’apprenti quand il est en formation alternée, se trouve en pointillé chez son employeur, lequel ne peut pas réellement compter sur lui. Les bilans comptables des TPE sont souvent blacks boulés par les banques : pratiquement pas d’accès aux prêts, donc pas de perspectives sérieuses de développement.

Alors Max Dubois : que faire pour pallier à toutes ces problématiques ? Quelle la solution miracle que vous proposez ?

Donner à l’employeur un délai de mise aux normes de son activité pour se conformer à la réglementation lorsqu’il a des salariés. Il n’est pas question de transiger sur la sécurité, mais plus sur l’aspect administratif. En outre, il faut aider l’employeur à intégrer progressivement le périmètre normatif par l’intervention d’appuis extérieurs, amenés par exemple pas les chambres de métiers.

Ouvrir des capacités de financement au TPE. L’enjeu véritable, est que l’entreprise maîtresse de stage augmente son activité grâce aux bénéfices obtenus par l’apprenti et l’environnement dont il bénéficie. De fait, il faut créer les conditions pour que l’apprenti devienne, à l’issue de sa période de formation, salarié de l’entreprise.

Le développement de l’économie passe nécessairement par l’irradiation du travail informe, donc par la bancarisation des personnes. Il faut obliger les banques à ouvrir des comptes sans passer par la procédure de refus, de saisine de la Banque de France, et de désignation d’une banque d’office. A l’instar de l’attribution automatique d’un numéro Siret à la majorité, il faudrait ajouter l’ouverture automatique d’un compte bancaire.

Vous dites que le développement économique passe forcément par la moralisation de l’économie informelle, mais comment adapter, si j’ose dire, l’offre à la demande. En outre-mer, beaucoup de très petites entreprises ont besoin de coups de main ponctuels, de Jobber occasionnels, vous voulez les supprimer ?

Ma réponse est le Job Acces, une application smartphone pour fluidifier le travail occasionnel. Job Accès est connectée aux fichiers de Pôle Emploi et aux fichiers de l’URSSAF. Le principe : un employeur utilise les services d’un Travailleur occasionnel par exemple pour trois heures, à 15 euros de l’heure. Il entre, sur son smartphone, le numéro de sécurité sociale du jobbeur, lequel est reconnu par les fichiers.

L’employeur rempli un formulaire simple : date, heure, nombre d’heures à travailler, montant horaire. L’application lui calcule un montant à payer égal à trois fois 15 euros, augmenté de 10% de charge. Ces 10% de charges correspondent aux cotisations de retraite et aux autres charges minimum. Dans le cas d’espèces, 4,50 euros. L’entreprise paye immédiatement et avant le démarrage de la mission du jobbeur49,50 euros, soit par carte bancaire, soit par prélèvement sur un compte bancaire prédéfini. La procédure ne doit prendre que deux ou trois minutes. 49,50 euros sont répartis instantanément : 45 euros sur le compte IBAN du jobbeur, 4,50 euros à l’URSSAF. Naturellement, cette procédure vaut DPAE.

Les 300 premiers euros gagnés par le jobbeurlui sont intégralement versés en complément des minimas sociaux. Toutes les sommes supérieures à 300 euros gagnées par le jobbeur sont réparties en 50% pour lui et 50% en déduction de ces minimas sociaux jusqu’à épuisement. Toutes les sommes gagnées après remboursement des minimas sociaux sont acquises au jobbeur.    L’employeur est limité à 80 heures par mois d’utilisation des jobbeurs.

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