Tribune de David Lorion : L’économie maritime : un atout essentiel pour l’influence de la France en Europe et dans le monde

Tribune de David Lorion : L’économie maritime : un atout essentiel pour l’influence de la France en Europe et dans le monde

©DR / David Lorion

Le mercredi 21 février s’est tenue, au Palais-Bourbon, la réunion constitutive du Groupe d’études « Economie maritime », de l’Assemblée nationale, sous la co-présidence de Liliana Tanguy, députée du Finistère (LREM) et de David Lorion (LR), député de La Réunion. « Ce Groupe d’Etudes souhaite mettre en valeur les atouts de l’économie bleue, second secteur d’activités dans le monde, représentant plus de 5 millions d’emplois et créant une valeur ajoutée brute de près de 500 milliards d’euros par an », indique le Groupe, composé de 35 membres, dans un communiqué. Pour l’occasion, le député David Lorion publie une tribune sur l’économie maritime : « atout essentiel pour l’influence de la France en Europe et dans le monde ».

La prochaine révolution sera maritime. Elle est déjà engagée. Elle a déjà commencé et des travaux de référence importants ont été publiés comme notamment « le livre bleu de la stratégie nationale pour la mer et les océans » paru en décembre 2009. Souvenons-nous que la France est la seconde puissance maritime mondiale et qu’elle se doit d’assumer ce rang, mais aussi et surtout en tirer les avantages économiques, géostratégiques et de rayonnement pour notre influence française et européenne dans le monde.

La mer est très certainement le nouvel espace de développement de la planète car elle est à la croisée des secteurs économiques aussi importants que la transition énergétique, les transports, l’alimentation, la pêche, le tourisme, etc.  Personne aujourd’hui ne peut ignorer l’importance de maîtriser des espaces maritimes pour contrôler le trafic mais aussi les ressources naturelles.

L’économie maritime est multiple :

·         Le Transport maritime avec 95% de biens échangés qui passent par les mers et des grands acteurs, dont certains français CMA-CGM. C’est aussi des grandes infrastructures portuaires avec ses industries (industrie navale) et une organisation du territoire hexagonal et ultra-marin qui est en pleine mutation.

·         Les ressources naturelles – dont on peut citer en premier lieu la pêche – présentes sur toutes les côtes hexagonales mais aussi en zones hauturières dans tous les océans où nous sommes présents et jusqu’en antarctique où nous avons des atouts importants. Sur ce sujet, les règlements européens doivent pouvoir mieux s’adapter aux zones de pêche concernées et non à la totalité d’un territoire national qui est si différencié de celui de la France océanique. Nous devons aussi être en capacité de développer de nouvelles techniques d’aquaculture et de biotechnologies.

·         L’énergie marine est au cœur aujourd’hui de recherches très intéressantes que ce soit de l’éolien en mer, des turbines positionnées dans des secteurs de forts courants sous-marins, des techniques houlomotrices ou de l’énergie thermiques des mers dont nous possédons, à l’île de la Réunion, un prototype en développement. Nous avons aussi tout le secteur des échanges thermiques avec des projets en cours de réalisation de refroidissement dans les régions tropicales par des eaux froides des profondeurs (projet SWAC). La récente loi adoptée sur la fin de l’exploitation des ressources en hydrocarbure ne fait qu’acter le crépuscule de ces énergies fossiles et naturellement nous devons nous préparer dans ce domaine à la plus grande révolution du XXIème siècle.

·         Le tourisme balnéaire est très certainement la grande découverte dans les loisirs du XXème siècle et si certaines économies et des paysages littoraux ont été violemment transformés, notamment en raison des grands enjeux financiers et immobiliers dans ce secteur. C’est un domaine dans lequel nous avons un double défi : celui de préserver les littoraux et parallèlement de développer des emplois dans certaines régions notamment ultramarines. A cette activité se greffe aussi toutes celles de la croisière mais aussi de tous les services allant des assurances à l’avitaillement.

©Dosdane / NCTPS

©Dosdane / NCTPS

Mais cette exploitation de ce nouveau domaine maritime devra impérativement être raisonné en prenant en compte le double souci de la durabilité des ressources et de la protection de l’environnement. Personne n’imagine plus aujourd’hui épuiser les ressources naturelles de la pêche ou d’autres minéraux dans un océan sans contrôle, et pourtant la situation n’est malheureusement jamais aussi simple dans des eaux internationales ou même dans des zones économiques exclusives. Nous savons en outre-mer, notamment dans l’océan indien, combien la pêche illégale et les prélèvements non autorisés peuvent mettre en danger une ressource fragile. Je veux parler par exemple des prélèvements d’holothuries dans le canal du Mozambique. Que dire aussi des bateaux taïwanais que l’on retrouve fréquemment dans les ZEE.

Gagner le pari de la croissance en faisant émerger une nouvelle économie maritime est un enjeu majeur pour la France. Seconde grande puissance maritime, elle doit faire éclore ses futurs champions dans ce secteur de la mer qui est plein d’avenir et qui est une formidable perspective de développement pour la France Hexagonale et la France maritime dans laquelle se trouvent les territoires ultramarins. C’est un nouveau regard que nous devons porter sur cette France océanique. Un regard qui va bien au-delà des frontières hexagonales françaises, européennes et qui donne à notre pays – et au continent européen – un nouvel espace, une nouvelle dimension mondiale dans un domaine où il possède des ressources, l’intelligence pour le faire et où il est le mieux placé de tous les autres pays de l’UE.

David Lorion, Député de La Réunion, Co-Président du groupe d’études parlementaire à l’Assemblée nationale sur l’économie maritime.