Fière de son prix de meilleure collectivité territoriale lors de la première édition des Victoires de la Musique, le comité du tourisme Iles de Guadeloupe entend conquérir le marché nord-américain.
A l’occasion de la tenue d’un colloque sur le Tourisme le 30 septembre, la rédaction d’Outremers 360 fait le point sur ce secteur en y consacrant un dossier. Le 3 juin dernier, le Comité des Iles de Guadeloupe a été récompensé comme la meilleure collectivité territoriale lors de la première édition des Victoires du Tourisme. Une fierté pour Willy Rozier, directeur du comité des Iles de Guadeloupe. Aujourd’hui dans le cadre de notre dossier Tourisme, Outremers 360 l’interroge sur les prochains projets pour la destination. Après un marché hexagonal bien consolidé, la structure touristique se tourne désormais sur le marché nord-américain.
Quel bilan tirez-vous de la saison touristique?
Après une bonne année en 2013, nous avons connu un trou d’air durant l’année 2014 suite à la médiatisation de la vague de violence qui a eu un impact sur l’achat de séjours. Mais grâce à l’évènement de la Route du Rhum, la machine est repartie en 2015. Aujourd’hui avec le Mémorial Act, la saison 2015-2016 se présente très bien pour ce qui est du tourisme de séjour. Concernant le tourisme de croisière, les chiffres sont également très encourageants avec 80 000 croisiéristes en 2010, nous sommes passés à 330 000 touristes de croisière en 2015. Sur les deux points, il faut comprendre que notre clientèle est plutôt monomarché (80% de Français). Nous attaquons sérieusement le marché nord-américain. Avec la prochaine haute saison, nous allons recevoir une quinzaine de vols provenant des États-Unis en comptant toutes les compagnies desservant la destination (Air France, American Airline, Norwegian Airways, Air Canada et Transat)
Un touriste de séjour va dépenser 1100 euros en moyenne lors d’un séjour en Guadeloupe quand un touriste de croisière va débourser entre 80 et 100 euros
La desserte aérienne des DOM par de nouvelles compagnies donne-t-elle un coup de pouce dans la promotion de la destination? Comment ce secteur est-il organisé face à un tourisme de croisière qui est en plein essor?
Absolument, mais la desserte de la destination par de nouvelles compagnies n’est pas seulement un coup de pouce. Ce point fait partie des objectifs sur lesquels nous travaillons pour pouvoir développer davantage la desserte aérienne. Il faut dire que le tourisme de séjour représente 95% des recettes, c’est là que les recettes principales se font. Un touriste de séjour va dépenser 1100 euros en moyenne lors d’un séjour en Guadeloupe quand un touriste de croisière va débourser entre 80 et 100 euros. Le tourisme de croisière reste moins apporteur de revenus. Pour nous, le tourisme de séjour reste la pierre angulaire de notre source de revenus. Le transport aérien est un facteur très important dans le développement de la destination. Bien évidemment, ce n’est pas le seul facteur car le facteur principal reste l’attractivité de la destination.
Que peut-on dire de l’attractivité de la destination Guadeloupe?
Avec le Memorial Act, l’Aquarium qui est en passe de devenir le plus grand aquarium de la Caraïbe et d’autres infrastructures comme le Palais des Congrès du Gosier, on commence à construire une destination qui est de plus en plus attractive. Le Mémorial Act est l’un des vecteurs d’attractivité le plus important car il fait actuellement l’objet d’une très forte demande pour un outil qui vient d’être lancé.
L’arrivée de Cuba constitue un appel d’air, c’est une concurrence nouvelle.
Comment la destination Guadeloupe se place-t-elle face à la concurrence de ses îles voisines comme la République dominicaine et récemment Barbade?
Pour Barbade, on est moins en concurrence puisque cette destination n’est pas vraiment positionné sur le marché français. Il est vrai qu’avec la République dominicaine, nous sommes sur une concurrence très féroce sur le marché français. La République dominicaine a certes acquis une part de marché réelle mais je pense qu’elle est, aujourd’hui arrivée à son summum. Elle ne croît plus de manière fulgurante comme auparavant.
L’arrivée d’Haîti et Cuba comme nouvelle destination, est-ce que vous pensez que ça va être une grosse concurrence ?
L’arrivée de Cuba constitue un appel d’air, c’est une concurrence nouvelle. Que ce soit le marché européen ou que ce soit les États-Unis, on est sur des marchés qui vont être intéressés par Cuba. La destination va progresser très vite mais il faut également prendre en compte que le nombre d’infrastructures d’accueil, est pour le moment limité. Il est vrai qu’il faut considérer qu’il y aura une concurrence émergente mais ce n’est pas dramatique pour nous. On va consolider notre marché principal, le marché français en essayant de gagner des parts supplémentaires mais les gros efforts ne seront pas fait sur ce marché. Sur le plan touristique, Haïti se développe bien et c’est une très bonne chose. Il faut néanmoins attendre qu’il y ait une stabilité politique sur une décennie pour être certain que les choses soient rassurantes pour tout le monde. Haïti a cependant une offre culturelle qui est très intéressante. Cependant, cette destination n’a pas la même propension d’évolution que Cuba où la sécurité ne pose pas de problème.
Peut-on envisager un jour, le développement d’un tourisme inter-caribéen?
Nous avons signé avec Haïti une convention pour développer une offre multi-destination. Il y a des packages qui se font au départ de la Guadeloupe pour aller en Haïti. Le problème aujourd’hui est le transport aérien dans la Caraïbe. La compagnie LIAT, gérée par plusieurs gouvernements de la Caraïbe, n’est pas très ponctuelle. La desserte aérienne dans la région n’est pas suffisante performante et les routes ne sont pas suffisamment développés pour proposer des offres. Pour faire de la multidestination de ce type, il faut avancer sur la question de la desserte aérienne. C’est une problème qui est compliqué car les moyens dans la Caraïbe ne sont pas extraordinaires et les transporteurs aériens n’ont pas spécialement d’envie de lancer ce chantier sur le privé.
Quelle politique mettez-vous en place pour développer votre marché international?
On développe une stratégie très forte sur les États-Unis et le Canada. Nous travaillons également sur le Brésil même si cela reste embryonnaire pour le moment. Mais notre axe principal reste le marché nord-américain. Concernant le marché européen, nous sommes encore en discussion pour avoir des vols directs de Roissy en particulier.
Pour faire de la multidestination, il faut avancer sur la question de la desserte aérienne
Quelle est la position de la destination Guadeloupe sur la question du tourisme durable?
La position est très claire. La Guadeloupe est la destination qui a le plus de réserves naturelles et d’espaces protégés. On dispose d’un parc national, on a la seule réserve géologique de l’Outre-mer, des réserves marines avec la réserve Cousteau et le Grand-Cul-de-Sac marin ou la réserve AGOA pour la reproduction des baleines. Aujourd’hui avec tous ces sites nous commençons à avoir une offre abondante sur le développement durable ou sur l’écotourisme en Guadeloupe.
Quelle est votre politique touristique pour les prochaines années?
Nous avons déjà avancé sur le point de la construction de la destination touristique. Aujourd’hui, nous travaillons sur le développement de la marque “Iles de Guadeloupe” et la marque de chaque île que ce soit les Saintes, Marie-Galante, la Désirade et sur le continent : la Grande-Terre et la Basse-Terre. Ainsi, nous mettons l’accent véritablement sur le marketing territorial. Nous allons rentrer dans une construction identitaire, avec les éléments que nous avons. Nous sommes très optimistes car les études que nous avons mené nous montre que nous avons un très gros potentiel sur cette axe stratégique.