Probablement le projet touristique le plus important de France et d’Europe, selon le gouvernement polynésien. Le Tahiti Mahana Beach vient de passer une nouvelle étape dans sa conception. Le protocole d’accord pour sa réalisation et son exploitation vient d’être signé entre le gouvernement du territoire et l’exploitant du projet, un consortium chinois. Explications.
C’est un projet de longue haleine qui poursuit sa complexe concrétisation. Samedi, le gouvernement a signé le protocole d’accord pour la réalisation du parc hôtelier Tahiti Mahana Beach avec un groupement chinois composé de Recas Global Limited, China Railway international et R&F Properties. Le projet de complexe touristique, qui sera situé sur la côte Ouest de l’île de Tahiti, est évalué à 270 milliards de francs Pacifique, soit 2,5 milliards de dollars et environ 2,3 milliards d’euros. Qualifié de « gigantesque », le Tahiti Mahana Beach serait le projet touristique le plus important de France et d’Europe, selon le gouvernement de la Polynésie française. Il aura fallu près d’un an de sélection et de négociations pour « borner le périmètre », explique Albert Solia, ministre polynésien de l’Equipement. Le protocole d’accord a été signé samedi, en fin de matinée, entre Edouard Fritch, président du gouvernement, Claude Drago, directeur de Tahiti Nui aménagement et développement (TNAD), et Ivan Ko, mandataire du groupement chinois, futur aménageur et exploitant du projet.
Selon Edouard Fritch, ce protocole d’accord est « essentiel dans l’aboutissement du projet Tahiti Mahana Beach, car il engage les parties sur les modalités et le calendrier des nombreuses étapes et conditions qu’il reste à réaliser pour parvenir à la signature du contrat définitif ». Edouard Fritch espère ce contrat signé « pour le 30 juin 2016 au plus tard ». Ce contrat engagera l’exploitant chinois pour 70 ans. Il devra faire appel en priorité à la main d’oeuvre locale, que ce soit pendant la construction ou l’exploitation. Il devra aussi assurer le financem ent du projet, et de la conception à l’exploitation, tout sera à son compte. Le contrat donne à l’exploitant six ans entre sa signature et la livraison du projet au public. Si le contrat est bien signé en 2016, le Tahiti Mahana Beach devrait alors être livré en 2022. Pour l’heure, la totalité du foncier n’est pas encore réuni pour un tel projet. Il faudra encore 18 mois d’expropriations pour y parvenir. Selon le gouvernement, les 70 années d’exploitation du complexe hôtelier devraient créer « 4 500 emplois directs » et « à peu près 10 000 emplois indirects ».
Au cours des six prochains mois, avant la signature du contrat définitif donc, le titulaire devra réaliser un « avant projet » sommaire, sur la base de celui réalisé par les architectes hawaïens de Forebase, validé par le gouvernement en juillet 2014. Le projet Tahiti Mahana Beach devrait vraisemblablement comprendre « un programme immobilier de 3 000 clés » du 3 au 5 étoiles, un centre commercial haut de gamme, un village artisanale polynésien, des espaces de restaurations, un centre de convention, une galerie d’art, un aquaparc et une marina. Grand sujet de tensions politiques, sociales et culturelles, le projet ne prévoit pas de Casino pour l’heure, sans en exclure son intégration à terme. Plusieurs investisseurs locaux se sont déjà rapprochés du groupement d’exploitation, afin d’intervenir dans l’exploitation et de participer au capital du Tahiti Mahana Beach. Le représentant polynésien du consortium chinois annonce un pacte d’actionnariat en avril 2016, au plus tard.
Le Tahiti Mahana Beach reste un chantier de très grande envergure pour le territoire de la Polynésie française. Il avait soulevé beaucoup de doutes et de réticences dans la classe politique et l’opinion publique. De nombreuses questions persiste sur son potentiel de réalisation et si ce projet est adapté à la typologie touristique de la Polynésie française. Mais Edouard Fritch se veut rassurant, la phase de sélection ouverte en janvier aurait permis de « bétonner les garanties d’une bonne fin de ce chantier. Le cauchemar pour nous tous, c’est que ce projet soit abandonné en cours de route (…). Aujourd’hui, nous avons toutes les garanties pour que nous allions jusqu’au bout ».