Le plus important projet touristique de l’ensemble du territoire français a du mal à démarrer. L’investisseur sensé financer le Tahiti Mahana Beach ne remplirait pas les conditions souhaitées par le gouvernement polynésien. Le grand complexe hôtelier en projet depuis 3 ans doit être érigé sur la côte Ouest de Tahiti, en lieu et place d’un ancien hôtel fermé en 2012.
Le 19 décembre 2015, le gouvernement polynésien signait un protocole d’accord avec le consortium chinois composé de Recas Glogal Limited, China Railway international et R&F Properties. Les parties avaient jusqu’au 30 juin pour signer le contrat dans lequel les investisseurs auraient dû « boucler les financements nécessaires » explique la Dépêche de Tahiti. Selon Tahiti-infos, « le Pays (gouvernement de la Polynésie française, ndlr) aurait constaté vendredi la défaillance de l’investisseur« , en d’autres termes, Recas Global Limited n’aurait pas pu réunir les fonds nécessaires à temps. Pire encore, R&F Properties serait endetté. Les agences internationales de notation qualifieraient même sa côte de crédit de « junk » (spéculative). Pour rappel, le consortium chinois devait apporter un financement à hauteur de 270 milliards de francs pacifique, soit environ 2,3 milliards d’euros !
Un projet trop compliqué et « gigantesque » ?
Considéré comme un des plus importants, si ce n’est LE projet touristique le plus important en France, la dimension du Tahiti Mahana Beach serait-elle la cause de ce nouveau revers ? Cela fait maintenant 3 ans que les différents gouvernements tentent de le mettre sur pieds, sans succès. « Nous avons évité un écueil, celui de signer un contrat de bail avec le groupe Recas sans savoir si ce groupement avait la capacité de réaliser le projet ou pas« , a rassuré le ministre polynésien du Tourisme et porte-parole du gouvernement, Jean-Christophe Bouissou. Mais alors, quels investisseurs pour un projet touristique à 2,3 milliards d’euros dont la rentabilité n’est même pas avérée ? Dès lundi soir, le Conseil d’administration de Tahiti Nui aménagement & développement (TNAD) a ouvert un appel à manifestation d’intérêts qui permet à d’autres investisseurs de se faire connaitre.
Après cet appel, des investisseurs polynésiens se seraient manifestés. « Je crois que cela va plutôt rassurer notre population, parce que ce sont des gens qui ne se lancent pas dans des projets sans avoir calculé ou fait des réflexions économiques sur l’impact de rentabilité » a déclaré le ministre polynésien du Tourisme. Si ces nouveaux investisseurs restent inconnus, quelques pistes ont néanmoins été confiées, « nous avons l’agréable surprise de voir le grand groupe de banques connues sur le plan international et européen« . Quoiqu’il en soit, ces hommes d’affaires devront constituer un groupe « de 5 à 6 investisseurs« . Pour le coût du projet, on ne sait pas encore s’il sera revu à la baisse. Selon nos informations, tout dépendra des nouvelles « propositions des investisseurs« . Néanmoins, le gouvernement fixe au minimum 1 800 chambres pour le complexe hôtelier et un respect scrupuleux du projet initial proposé par le groupe d’architectes hawaïens 70. « On demande une architecture qui corresponde vraiment à ce qui est souhaité par le Pays et par ses habitants. Donc quelque chose qui soit très proche et non qui soit une multitude de tours, mais quelque chose qui représente vraiment le style local polynésien« , explique le ministre polynésien de l’équipement Albert Solia.
Concernant les délais, prudence du côté d’Albert Solia qui déclare: « la réalité prendra le temps nécessaire, c’est-à-dire 18 mois pour les parties réglementaires et ensuite pour les premiers aménagements encore une bonne année. Mais ce qui est sûr, c’est que l’on va sur quelque chose qui est plus solide à mon avis« .