Selon un rapport du cabinet indépendant PrimeView, réalisée à l’initiative de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes et des Compagnies Régionales de Basse-Terre, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion, les fragilités des Outre-mer « tiennent essentiellement à la vulnérabilité et au manque de structuration de leur tissu productif ».
Le cabinet Primeview a étudié 7 territoires ultramarins sur 11 compte tenu des statistiques et données disponibles mais aussi de la taille de leur population : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et La Réunion, explique un communiqué. « A revers des enquêtes souvent circonscrites à leur propre périmètre, l’étude propose pour la première fois une comparaison avec les territoires métropolitains, ce qui en fait un outil d’évaluation socio-économique précieux pour mieux comprendre l’économie des territoires ultramarins et structurer des politiques publiques adaptées ».
Les sept territoires étudiés ont donc été réparties selon des « ensembles homogènes de départements comparables aux territoires ultramarins » : les « Déclinants » (30 départements parmi lesquels la Guadeloupe et la Martinique), les « Intermédiaires » (43 départements parmi lesquels La Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie), les « Émergents » (2 départements, la Guyane et Mayotte). « La comparaison effectuée à l’aune des départements présentant des caractéristiques intrinsèques proches (géographiques et démographiques) révèle plus de similarités qu’on ne l’imagine, mais permet aussi d’identifier avec plus de précisions un certain nombre de spécificités présageant des encadrements adaptés », explique le cabinet d’études.
Selon ses auteurs, « l’étude va à l’encontre des idées reçues avec une analyse différenciée de ces territoires et démystifie certains lieux communs (…) en matière d’éloignement, d’insularité́, de démographie, de migrations, ainsi que les questions de formation, fiscalité, d’économie et de financement ». Ainsi, l’éloignement est une contrainte partagée avec certains territoires hexagonaux moins développés, l’exiguïté des territoires ultramarins est réelle mais ne constitue pas une contrainte insurmontable, ils ont des dynamiques démographiques opposées et l’émigration et la fuite des talents sont moins élevées en outre-mer que dans les territoires comparables de l’hexagone.
Le rapport note toutefois que les populations natives sont insuffisamment diplômées de l’enseignement supérieur, entraînant une inégale qualification de la population résidente. Il relève aussi « un tissu d’entreprises totalement atypique et présentant de fortes anomalies, avec une atrophie particulière dans les secteurs agricole et surtout industriel dans la plupart des outre-mer » et une « proportion plus élevée qu’ailleurs d’entreprises avec 0 salarié (plus de 70 % du total des entreprises à La Réunion, plus de 80 % en Guadeloupe et en Martinique, et plus de 90 % à Mayotte) ».
Le rapport souligne enfin « le poids considérable de l’économie informelle dans les territoires ultramarins : le secteur informel pourrait représenter entre 23% et 26,5% de l’économie (en termes d’emplois) pour la Guadeloupe, entre 19 % et 20 % pour la Martinique et entre 12,5% et 16,5% pour La Réunion ». Parmi ses principales conclusions : « la fragilité du tissu économique ultramarin se répercute jusqu’aux entreprises auditées et que celles-ci présentent plus d’anomalies qu’en France métropolitaine, mais aussi relativement aux entreprises auditées appartenant aux groupes de départements métropolitains comparables ».
« Il parait urgent de concentrer les efforts en termes de politique publique sur l’accompagnement des entreprises de ces territoires, qui affichent des difficultés inédites par rapport à leurs homologues des territoires comparables dans l’Hexagone », insiste le communiqué. « Parmi les mesures préconisées, renforcer en priorité les entités les plus fragiles (en taille et en fonds propres) et accompagner une politique de surveillance renforcée au regard notamment de la forte proportion d’anomalies comptables identifiées ».