Salon international de l’Agriculture : Agriculture et agroalimentaire, un gisement d’emplois pour les Outre-mer ?

Salon international de l’Agriculture : Agriculture et agroalimentaire, un gisement d’emplois pour les Outre-mer ?

L’ODEADOM, office de développement de l’économie agricole d’Outre-Mer, organisait mardi 25 février, à l’occasion du 67e salon international de l’agriculture, le colloque « Agriculture et agroalimentaire, un gisement d’emplois pour les Outre-mer? ». L’occasion pour la filière d’alimenter des réflexions.

Avec ses 40 000 emplois permanents, la filière agricole ultramarine représente une part significative du marché du travail. Pourtant, le nombre d’emplois dans l’agriculture est en baisse alors que les territoires ultramarins sont loin d’avoir atteint leur auto-suffisance alimentaire. Par ailleurs, l’âge moyen des actifs agricoles continue d’augmenter.

©Outremers360

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« Aux Antilles, un agriculteur sur dix a moins de quarante ans », illustre Emmanuel Berthier Directeur général des Outre-mer s’appuyant sur un recensement agricole datant de 2010 (tous DROM confondus, Mayotte exclu), actuellement seule base de données disponible et fiable.  Un recensement agricole décennal débutera en automne 2020 et donnera des indications plus précises sur cette tendance. « Mais il nous faut agir sans attendre », alerte Emmanuel Berthier, rappelant que l’ODEADOM s’inscrit dans les trajectoires de transformation de l’agriculture d’Outre-Mer, définit par le Président de la République, à La Réunion en octobre dernier.

L’agriculture, pierre angulaire de l’économie ultramarine

Selon le rapport d’information du Sénat sur l’agriculture ultramarine en 2013, le secteur agricole dans les départements et régions d’Outre-Mer représente, en termes de poids économique et d’emplois, le double du secteur agricole hexagonal. Cela souligne le rôle déterminant de l’agriculture dans le développement économique de ces territoires. D’autant plus que le taux de chômage dans les Outre-mer avoisine les 20% versus 9% en hexagone.  Sur un plan économique, trois grandes filières agricoles se distinguent : la filière générale (39%), la filière fruit (25%) et la polyculture et le polyélevage (16%).

Former davantage

Seul un quart des exploitations agricoles ultramarines ont reçu une formation. Une situation qui diffère selon les territoires, avec 10% des exploitants agricoles en Guyane et 38% à La Réunion. « De réels efforts sont à conduire dans ce domaine, et ce dans tous les territoires », martèle-t-il. Afin de compenser l’insuffisance de l’offre de formation locale, l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité (LADOM), à travers le passeport mobilité, a permis en 2018, 27 parcours mobilité vers l’hexagone.

©Outremers360

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Aussi, les pactes marins d’investissement 2019-2022, dans le cadre des contrats de convergence et de transformation qui ont été signés le 8 juillet 2019, ont permis d’apporter une première réponse. Elle passe par le financement de projets visant à démultiplier les parcours certifiant dans les filières dites en tension et en particulier vers des publics à bas niveau de qualification. Ces actions étoffent l’offre par apprentissage dans la filière agricole tout en contribuant à moyen terme à l’accroissement des qualifications disponibles relevant du secteur de l’enseignement supérieur.

Recherche candidats qualifiés

Malgré les efforts réalisés en termes d’apprentissage, le bassin d’emplois se situe à un faible niveau de qualification. Une situation empêchant les employeurs de trouver les candidats répondant à leurs critères de recrutement. « On parle de défi pour renouveler des générations de producteurs », stipule Emmanuel Berthier. L’agriculture ultramarine, composée essentiellement de petites exploitations (70%), représente un grand bassin d’emplois avec une spécificité intéressante pour les futurs candidats : le fort recours aux emplois permanents (23% versus 8% pour la main d’œuvre saisonnière). Enfin, les filières de la volaille, de l’horticulture et des fruits ont davantage recours à l’emploi permanent que dans les autres filières (40 à 55%).

Amélie Rigollet.