Salon de l’ Agriculture 2018: Sur les stands de la Réunion, la filière de la vannerie à base de vacoa s’organise !

Salon de l’ Agriculture 2018: Sur les stands de la Réunion, la filière de la vannerie à base de vacoa s’organise !

Sacs, paniers, corbeilles, chapeaux, créations de toutes sortes à partir de la fibre de vacoa ont envahi le Salon de l’Agriculture de Paris. Des produits proposés par la coopérative Carrefour de l’Océan dans un but ultime: faire rayonnner cet art sur le marché mondial.

Pascaline Funteu Nana, chargée de mission à la coopérative Carrefour de l’Océan indien attend beaucoup de cette première participation au Salon de l’Agriculture. « Le fait d’être au Salon nous permet pour la première fois de présenter aux visiteurs l’art de la vannerie dans un salon international.Ce ne sont pas des produits « high-tech » mais ils ont une histoire ».

Une pratique ancestrale

En effet, la Coopération Carrefour de l’Océan Indien (CCOI) est née de la passion et la détermination d’artisans et d’agriculteurs réunionnais, guidés par l’envie de faire revivre ce savoir-faire ancestral à l’instar de Lise-May Siconine, artisane-stagiaire. « Cette passion m’a été transmise par ma grand-mère. Dans l’Est, nos grands-mères et arrières-grands- mères tressaient beaucoup », nous confie Lismène qui déplore que cet art n’attire pas les jeunes générations, plus férues de gadgets électroniques. «Nous avons vécu dans la cour, les jeunes vivent dans la chambre avec les portables. J’aimerais surtout que les jeunes reprennent ce savoir-faire que nos ancêtres nous ont laissé », ajoute cette passionnée.
D’autant plus, il s’agit d’un art dont les techniques de tressage sont à la portée de tous. « Il n’y a aucune difficulté à tresser le vacoa de nos jours. Le seul impératif est d’être passionné. En plus, c’est un bon déstressant ! ».
Hormis l’aspect culturel, la vannerie à partir de fibres naturelles peut se vanter également d’atouts écologiques. « Avec la politique environnementale actuelle, il est important de revenir à la fibre naturelle comme le vacoa, le choca qui sont des matières très résistantes».

Basée à Saint-André, la coopérative compte une quinzaine d’adhérents dont l’activité principale repose la vannerie. « On essaie de mettre en place « la filière fibre » à la Réunion. Vu les retours ainsi que les compliments reçus, nous pouvons dire que ce marché a du potentiel. Nous espérons pour l’année prochaine avoir d’autres fibres notamment le vétyver, la chayotte (chouchou) mais aussi le cocotier, le bananier, le choca», poursuit Pascaline.

Les divers produits proposés par la Coopérative du Salon de l'Agriculture

Les divers produits proposés par la Coopérative du Carrefour de l’Océan Indien au Salon de l’Agriculture

 

Un savoir fragile mais à fort potentiel économique

A la Réunion, le tressage de fibres naturelles reste une économie fragile et menacée « Au niveau local, le tressage du vacoa reste encore une économie de subsistance, un complément de revenus. La tranche d’âge de nos artisans-tresseurs est compris entre 40 et 65 ans. Si nous parvenions pas à transmettre aux jeunes générations ce savoir-faire, cette filière pourrait bien disparaître. Nous voulons éviter cela en allant vers les marchés extérieurs » indique Georges-Marie Siconine. Pour maintenir l’activité, la coopérative participe à la structuration d’une fédération autour des fibres végétales.

La présence au Salon de l’agriculture n’est donc pas anodine. « Avec notre présence au Salon international de l’agriculture, nous espérons bénéficier d’une visibilité mondiale afin que notre coopérative puisse s’entendre au delà de la Réunion. Si nous restons sur notre territoire insulaire, il nous sera difficile de développer cette filière d’où notre envie de sortir de l’île en étant à Paris aujourd’hui, ou dans d’autres salons en Europe ou ailleurs. Nous savons par exemple qu’en Allemagne, ils sont friands de produits à base de fibres végétales ».
Aujourd’hui, la coopérative commercialise sur l’île ses produits auprès de particuliers mais aussi les comités d’entreprises, dans des groupes hôtelliers pour séduire les touristes. Une première bataille gagnée pour cet art ancestral qui n’a pas encore dit son dernier mot!