Saint-Martin: Douze jeunes saint-martinois formés au métier de la poissonnerie à Boulogne-sur-Mer

Saint-Martin: Douze jeunes saint-martinois formés au métier de la poissonnerie à Boulogne-sur-Mer

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Depuis le mois de janvier, douze jeunes saint-martinois suivent une formation CAP Poissonnerie à Boulogne-sur-Mer, grâce à une initiative de la CCI de Saint-Martin. Encadré entre autres par Maggy Gumbs, Directrice générale de la CCI, ces douze jeunes arrivent au terme de leur formation, avec en perspective un avenir professionnel prometteur. Contactée par la rédaction d’Outremers360, Maggy Gumbs raconte ces six mois de formation et les actions entreprises par la CCI pour créer une véritable filière pêche à Saint-Martin.

« Nous avons mis en place un plan de développement de la filière pêche à Saint-Martin (…). Et pour développer la filière, il faut aussi penser à la formation », explique Maggy Gumbs. Dans ce cadre, la CCI de Saint-Martin a sélectionné douze jeunes, avec l’aide d’un marin-pêcheur membre de la Chambre, Gary Page. Dès le mois de décembre 2016, ils ont pu être confrontés au métier de la poissonnerie à Saint-Martin, avant d’être plongés dans le grand bain avec un CAP, en anglais et en français, du Centre de formation aux produits de la mer et de la terre (CFPMT) de Boulogne-sur-Mer. « Cette formation a été financée par le Fonds social européen, la Collectivité, le Pôle Emploi et Ladom, qui a pris en charge les billets d’avion en plus d’une petite aide pour les aider à vivre sur place ».

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En proie au décrochage scolaire, « l’objectif de cette formation était de sortir les jeunes de la rue et leur donner un métier », confie la Directrice générale de la CCI Saint-Martin, actuellement à Boulogne-sur-Mer. « Ce qui était très important, c’était de ne pas laisser les jeunes livrés à eux mêmes, sachant que c’était la première fois qu’ils découvraient la Métropole, qu’ils prenaient l’avion, le train. Donc on voulait absolument un tuteur sur place qui les suive quotidiennement et qui organise des activités sportives et culturelles », assure-t-elle. Ce tuteur en question est Vincent Touloumon, gérant du cabinet Alvi Management basé dans la même ville, « qui nous a fait le plan de développement de la filière pêche ».

« A terme, ils pourront créer leur entreprise »

« Aujourd’hui, ils arrivent presque en fin de formation. Ils ont suivi un stage de deux semaines partout en France (…), dans la grande distribution ou dans des petites poissonneries locales », raconte Maggy Gumbs. Le 10 juin, ces douze jeunes passeront leurs examens et déjà, trois d’entres eux ont reçu des promesses d’embauche suite à leur stage dans l’Hexagone et trois autres à Saint-Martin. « L’objectif est aussi de poursuivre cette formation. S’ils ne trouvent pas de travail à Saint-Martin, car il n’y a que trois enseignes de la grande distribution, on continuera cette formation sur la transformation des produits de la pêche. A terme, ils pourront créer leur entreprise et être en lien direct avec les marins pêcheurs, les restaurateurs et la grande distribution, pour vendre leurs produits transformés ».

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Une aventure humaine et professionnelle

« Ce qui est intéressant dans ce programme, au-delà de leur offrir un avenir professionnel, c’est aussi leur permettre de devenir des adultes responsables, de mieux maîtriser le français puisque beaucoup ne parlent que l’anglais et de mieux s’intégrer. Même s’ils n’obtiennent pas tous le CAP à l’issue des examens, ils auront gagné le savoir-être, en plus du savoir-faire », confie Maggy Gumbs. « Ce qu’on a fait est une belle expérience et j’espère que les jeunes vont arriver jusqu’au bout », d’autant « qu’aucun d’entre eux n’a abandonné la formation », se félicite-t-elle.

Structurer et redynamiser la filière pêche saint-martinoise

Si le tourisme constitue l’essentiel de potentiel économique de Saint-Martin, Maggy Gumbs est également convaincue du potentiel de la filière pêche pour la Collectivité. Pour la redynamiser, il faut néanmoins la structurer. La Directrice générale de la CCI de Saint-Martin nous explique quelles ont été les étapes, et celles à venir, pour le développement de la filière pêche à Saint-Martin:

« Le métier de marin-pêcheur à Saint-Martin est un métier vieillissant. Les marins-pêcheurs ont déjà plus de 55 ans et beaucoup partent à la retraite, il faut redynamiser la filière et encourager les jeunes à s’y engager. Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à un problème administratif et régalien, et pour deux raisons:

Depuis que Saint-Martin est devenue une Collectivité à part entière, nous sommes sortis du giron de la Guadeloupe. Les marins-pêcheurs de Saint-Martin étaient affiliés au Comité de pêche de la Guadeloupe, ce qui n’est plus la cas. Il y a un vide juridique. Pour le combler, la Collectivité a pris une délibération pour créer un Comité local de pêche mais cette délibération a été rejetée par la Préfecture arguant qu’il s’agit d’une compétence régalienne et que la Collectivité n’a pas à intervenir. Dans la foulée, la Collectivité a aussi pris une délibération concernant l’immatriculation des bateaux (SW).

Les douze jeunes saint-martinois à leur arrivée à Boulogne-sur-Mer ©DR

Les douze jeunes saint-martinois à leur arrivée à Boulogne-sur-Mer ©DR

Nous avons fait beaucoup de remous par rapport à cela car il ne s’agit pas que de la pêche mais aussi de l’agriculture avec notamment la traçabilité des animaux. Nous avons reçu la visite du législateur du Ministère de l’Agriculture avec qui nous avons travaillé sur la modification du Code rural national et on a pu créer un chapitre spécialement dédié à Saint-Martin, mis en application par décret en juillet 2016. Ce qui a résolu pas mal de problèmes.

Malheureusement, nous sommes ensuite entrés dans une période électorale avec les territoriales de mars 2017, la Présidentielle et les législatives bientôt. Il faudra attendre septembre pour créer le Comité de pêche de Saint-Martin. Une fois créé, la première étape sera de construire la réglementation de la pêche locale. Et c’est à ce moment là qu’on pourra professionnaliser nos marins-pêcheurs ».