Portrait d’entrepreneurs à La Réunion : Willy Shock-Torap, le sacerdoce de l’insertion

Portrait d’entrepreneurs à La Réunion : Willy Shock-Torap, le sacerdoce de l’insertion

Après une carrière dans la protection sociale, Willy Shock-Torap rejoint l’entreprise familiale Shock Intérim dirigée par sa soeur. Il va faire de l’inclusion et l’accompagnement du public vers l’emploi, ses principaux chevaux de bataille. Membre de la CPME Reunion et de l’Union Régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Économique (URSIAE), Willy Shock-Torap est à l’origine d’une convention de partenariat entre ces deux institutions. Un portrait d’un entrepreneur engagé qu’Outremers 360 vous fait découvrir ci-dessous.
 
Qui est Willy Shock-Torap ?
Le groupe SHOCK a vu le jour en 2001, créé par Martine Shock-Torap, petit bout de femme Réunionnaise de grande énergie, soeur ainée de Willy. Pionnière de l’insertion dans le BTP, c’est aussi la première femme à avoir fondé une entreprise de travail temporaire à La Réunion. Regroupant les secteurs du BTP, de l’industrie et du tertiaire, SHOCK INTERIM et SHOCK ETT font partie des piliers du travail temporaire sur l’île et ont su se diversifier vers le recrutement en CDD et CDI.
Pour Willy, qui a rejoint sa soeur en 2007, le métier de l’intérim d’insertion, et notamment celui de SHOCK INTERIM, consiste « à permettre à des personnes en difficultés d’être les acteurs de leur devenir en ne subissant pas leur situation » par un accès à l’emploi vers des entreprises sensibles à la responsabilité sociétale et un accompagnement approprié et sécurisé, pendant et en dehors de leurs missions. C’est aussi l’opportunité de devenir des acteurs parties
prenantes, dans le cadre d’une dynamique économique, sociétale, et participative, que nous pouvons communément appeler les conditions réunies pour la réussite par inclusion.
Avant de rejoindre SHOCK INTERIM, Willy a fait un long parcours d’inspecteur du développement de la Protection sociale chez AG2R-La Mondiale. Un parcours qui a amené ce natif de La Réunion (en 1961), dans l’Hexagone et en Guadeloupe. Lorsque sa soeur Martine crée la première ETTI BTP, spécialisée en ouvrage d’art, en 2001, Willy hésite à la rejoindre même s’il en voit le potentiel. A son retour de Guadeloupe en 2003, cet entrepreneur dans l’âme que certains dionysiens connaissent comme le concepteur des gâteaux artisanaux Shocky, va ouvrir sa société de courtage en assurances et reprendre ses études pour décrocher un Master en droit du patrimoine.
Forte du rôle-clé qu’elle va jouer sur le volet insertion de la Route des Tamarins, l’entreprise dirigée par Martine Shock-Torap va grandir et s’ouvrir à son conjoint (spécialiste du BTP) à la direction commerciale, Willy, responsable du pôle insertion et enfin sa fille, adjointe de direction. De fait, l’entreprise dont la genèse est l’accompagnement du public en difficulté, reste selon Willy «une structure familiale à taille humaine ou disponibilité rime avec réactivité dans une atmosphère familiale ».
IMG_7193
L’engagement de Willy Shock-Torap au sein de la CPME Réunion ?
Très sensible aux questions d’insertion professionnelle, tant par affinité personnelle que pour des raisons professionnelles, Willy va rejoindre les rangs de plusieurs organisations syndicales et associatives. Outre l’URSIAE, Union Régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Économique, il adhère au Cobaty Réunion, Association internationale de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Environnement qui réunit des professionnels de « l’acte de construire ».
Cette fibre militante est d’ailleurs inscrite dans l’ADN familial: sa soeur Martine est connue pour sa droiture, sa rigueur morale et son engagement humain. Un frère est policier et l’autre est syndicaliste au sein d’EDF.
C’est lors d’une conférence sur l’ancrage territorial animée par le président Dominique Vienne et le Vice-président Eric Leung que l’évidence de valeurs communes s’est imposée. Pour Willy, « le partage spontané des valeurs, nous a conduit à rejoindre la CPME et à m’engager personnellement au sein de la confédération, notamment sur les thématiques de l’emploi, la formation, l’insertion, et le dialogue social territorial ».
A son initiative, une convention de partenariat est signée le 21 novembre 2019 entre la CPME et l’URSIAE Réunion, à l’occasion de la journée régionale de l’IAE (Insertion par l’Activité Economique) à Saint-André. Pour Willy, au sein de l’URSIAE, « notre contribution aux travaux sur l’IAE, l’ESS, la lutte contre la pauvreté et la cohésion sociale, ont permis à notre SIAE et celles concernées par ces sujets de participer activement, au suivi et au développement des actions en insertion sur l’ensemble du territoire dans des domaines d’activités divers et variés au-delà du BTP ». A la tête de la jeune Commission Inclusion de la CPME Réunion, il entend continuer à oeuvrer pour des clauses sociales juste et équitables pour le public et les entreprises attributaires des marchés publics et privés.
Etre lucide sur les difficultés de l’inclusion
Durant le confinement, SHOCK INTERIM a perdu jusqu’à 85% de chiffre d’affaires sur avril et mai mais a réussi à payer l’ensemble de ses collaborateurs. Et malgré les nuages qui continuent à assombrir un secteur du BTP en crise, Willy reste optimiste. A ses yeux, « l’avenir de notre métier et la réussite de nos missions découleront en grande partie de la cohésion et la solidarité nécessaires entre nos structures d’insertion et ceux du secteur des TPE et PME classique ».
La concurrence sera à mesurer, voire, relativiser dans le cadre de nos missions. Il a d’ailleurs souhaité lancer un exercice de pédagogie et d’intelligence collective en créant un Groupe de travail avec les entreprises du paysage et les pépiniéristes. L’ambition est que ces deux mondes (professionnels du végétal et acteurs de l’insertion qui interviennent souvent sur des chantiers avec des emplois-verts) arrêtent de se croire concurrents alors qu’ils répondent à des besoins complémentaires et apprennent à travailler ensemble.
Le premier défi est réussi puisque les acteurs ont appris à se connaitre.
Cette intelligence collective sera d’autant plus utile, que l’économie réunionnaise, bien que toujours résiliante, risque de beaucoup souffrir du ralentissement global du fait de la crise Covid. Si SHOCK INTERIM a réussi à se relever après « cette épreuve singulière, en redoublant nos efforts et en comptant sur l’implication de nos collaborateurs », Willy reste conscient des difficultés à venir et compte sur la CPME pour ouvrir des voies nouvelles aux entrepreneurs réunionnais et les défendre.
A titre personnel, et militant, il espère ouvrir un nouvelle page de son engagement au sein de l’Association pour la Dialogue Social Territorial (ADSTR) qui se combinera à son engagement pour l’inclusion réussie en partenariat étroit avec l’inter-réseaux de l’insertion par l’activité économique.
IMG_7223
Etre confiant et ambitieux sur l’avenir de La Réunion
Parce que Willy est un self-made-man qui a connu mille vies et plusieurs métiers, il porte un regard optimiste et presque malicieux sur l’avenir. Cet esprit curieux pour qui « former, c’est se former » entend ne plus rester un simple observateur de la vie réunionnaise mais s’investir dans ce futur à construire. C’est le sens de son engagement à la CPME Réunion et à l’URSIAE.
Pour lui, « La Réunion a la chance d’être un territoire où les expérimentations sont initiées par des organisations telles que la CPME ». Et de citer la Stratégie du Bon Achat (SBA) qui a connu une déclinaison dans un article de la Loi Egalité réelle, de l’ancienne ministre Ericka Bareigts, et l’étude RELLE pour une dynamique visant à Ré-enraciner l’économe réunionnaise.
Willy entend apporter sa contribution à diffuser les valeurs d’Inclusion, Ancrage territorial, Patriotisme Economique, Solidarité, Proximité. A ses yeux, elles doivent plus que jamais être incarnées dans les actions des entrepreneurs responsables qu’il côtoyé au sein de la CPME ou de l’URSIAE.
Les actions engagées au sein de ces instances démontrent que « sur notre territoire, l’avenir nous appartient ». Sa ligne de conduite est donc toute trouvée: « Agir et non subir pour le développement économique et sociétal durable de La Réunion doit être le leitmotiv de chacun d’entre nous , quelle que soit sa situation personnelle et professionnelle ».