©Service de la Perliculture
Après plusieurs mois de tergiversions, les professionnels de la perliculture de Polynésie française et leur ministre de tutelle Teva Rohfritsch, se sont mis d’accord sur la refonte complète de la filière perlicole ce jeudi. Parmi les mesures phares : la disparition de la certification obligatoire des perles et la mise en place de quotas.
Les perliculteurs attendaient de pied ferme un « rafraîchissement du cadre réglementaire » de la filière, pour notamment re-dynamiser leurs activités. En avril 2016, les exportations de perles de culture de Tahiti ont chuté de 65%. L’esprit de cette refonte de la filière, qui passera par un projet de loi de Pays, est, selon Tahiti-infos, « de redonner la main aux producteurs alors que l’administration se fera plus discrète ». Parmi les mesures phares, les perles ne seront plus soumises aux contrôles de qualité obligatoire, après que celles-ci aient été classées. Les rebuts, perles jugées de mauvaise qualité ou présentant des défauts, ne seront plus détruites par la Direction des ressources marines et minières (DRMM). Aline Baldassari-Bernard, présidente du Syndicat professionnel des producteurs de perles, explique : « Avant, il y avait des contrôles draconiens sur la couche de la perle et sur le visuel, qui étaient vraiment pénalisants pour les producteurs et les négociants (…) Ça devenait insupportable cette classification qui datait de 2005, qui était complètement obsolète. Tous les producteurs n’étaient pas d’accord pour ce changement, mais la majorité oui ». La pression économique semble primer face à la qualité du produit. Néanmoins, les producteurs qui le souhaitent pourront toujours fait appel au contrôle de qualité, qui deviendra surtout un argument commercial et markéting.
« L’esprit du texte, c’est la responsabilisation des acteurs du secteur avec un re-positionnement du rôle de l’administration et celui qui est consacré aux professionnels », a expliqué le ministre polynésien de la Perliculture Teva Rohfritsch. « Désormais, les perliculteurs pourront commercialiser en fonction de leurs choix et de leurs stratégies de marchés », poursuit-t-il. « Les pays n’ont pas tous la même approche du produit perlier. Les producteurs définiront les critères de commercialisation ». L’autre mesure importante de ce projet de loi de Pays est la mise en place de quotas. Chaque île disposera d’un comité de gestion, dont le maire et le ministre de la Perliculture seront membres de droit aux côtés des perliculteurs. Les quotas permettront, enfin, de quantifier exactement la production de perles, selon plusieurs critères dont un environnemental, « on déterminera une charge maximale du lagon », explique le ministre de la Perliculture. « Cela évoluera en fonction des types de lagon. On veut éviter le désastre de Takaraoa dont le lagon a été surexploité ».
Le projet de loi de Pays sur la refonte de la filière perlicole doit dorénavant être finalisé avant de passer en Conseil des ministres en Polynésie française. Il passera par la suite devant le Conseil économique social et culturel (CESC) puis à l’Assemblée de la Polynésie française. Le texte devrait être appliqué au 1er janvier 2017.