Numérique : Manatua, le câble sous-marin transpolynésien « prêt au service »

Numérique : Manatua, le câble sous-marin transpolynésien « prêt au service »

©Présidence de la Polynésie

Polynésie française, Îles Cook, Niue et Samoa sont désormais reliés par Manatua. Le câble de 3 600 km devra attendre la fin de négociations pour réellement entrer en opération, mais il est désormais « prêt au service ». S’il sécurise la connexion internationale de la Polynésie et ouvre des perspectives économiques pour l’Office des Postes et Télécommunications (OPT), il n’apportera pas, pour l’heure, de débit plus rapide ou moins cher aux internautes polynésiens. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti. 

Le consortium Manatua, qui réunit l’OPT-PF et des sociétés de télécommunication des Îles Cook, de Niue et des Samoa, a « réceptionné », la semaine dernière son câble de 3 600 km auprès de la société câblière TE Subcom. L’annonce a été faite aujourd’hui par la présidence du Pays. « C’est l’aboutissement de trois années de planification, de conception, de fabrication et de pose » précise le communiqué.

L’impulsion du projet avait même été donnée dès février 2016, à Auckland, par le ministère des Affaires étrangères néo-zélandais. Un accord avait été signé un an plus tard, prévoyant un coût global de 41,9 millions d’euros, dont plus de 20 millions à la charge de l’OPT, qui a profité du tracé du câble pour sécuriser la connexion de Bora Bora. L’État et le Pays ont chacun apporté leur soutien financier au projet. Pour Édouard Fritch « cette coopération est une avancée technique fantastique et un jalon en termes de connectivité pour notre région polynésienne ».

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L’objectif est surtout est de sécuriser la connexion du fenua avec le monde. Comme le rappelle le directeur général de l’OPT, Jean-François Martin, un accident sur Honotua, qui relie depuis 2010 Tahiti à Hawaii, risquait jusqu’à présent de priver tout le pays d’accès internet. La consommation de bande passante des Polynésiens est en hausse constante et les capacités des connections satellitaires sont aujourd’hui trop faibles, et surtout trop chères, pour prendre le relais.

L’OPT continue, pour l’instant, d’acheter au même prix la bande passante internationale. Il ne s’agit donc pas, pour l’heure, de faire baisser la facture internet des Polynésiens, ni même d’accélérer la vitesse de navigation, puisque qu’Honotua n’était pas, en lui-même, saturé.

Un raccordement au câble Hawaiki qui relie l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis

Manatua, « opérationnel » mais pas encore « mis en service », aura tout de même un intérêt économique. Les sociétés de télécoms des quatre pays connectés négocient actuellement des contrats sur l’acheminement des flux de données. Pour la Polynésie, il s’agit de se relier, depuis les Samoa, au réseau mondial.

Ce devrait être au travers du câble transpacifique Hawaiki, qui relie l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis en passant par les Samoa américaines, elles même reliées aux Samoa par le câble SAS. Onati a signé un premier contrat de « connectivité internationale » en avril dernier avec sa société gestionnaire. Des négociations sont encore en cours pour finaliser la connexion.

©DR

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Mais surtout, l’OPT va pouvoir profiter de Manatua pour développer une nouvelle activité. Car les autres pays connectés cherchent eux aussi un accès au monde. « On va pouvoir accueillir des flux en provenance de ces pays-là, ou d’autres, et les acheminer vers Hawaii et les États-Unis », via Honotua, explique Jean-François Martin.

C’est le choix qui a été fait par Cook : une signature de contrat est attendue dans les semaines à venir entre Onati, filiale Télécoms de l’OPT, et la société ACL (Avaroa Cable Limited). Des discussions pourraient aussi se tenir avec les Samoa américaines. À entendre le responsable, cette activité de transitaire de données est aujourd’hui « accessoire », sur le plan financier, « mais peut-être plus substantiel demain ». Le câble Manatua doit entrer en service dans les semaines à venir, et rester opérationnel pour au moins 25 ans.

Par Radio 1 Tahiti.