Nouvelle Calédonie : L’OPT en phase de perdre sa position dominante sur le câblage sous marin

Nouvelle Calédonie : L’OPT en phase de perdre sa position dominante sur le câblage sous marin

Le verdict de l’autorité de la concurrence est tombé et il donne raison à la Société Calédonienne de Connectivité Internationale (SCCI). Engagé dans un bras de fer concernant le raccordement du réseau calédonien à un nouveau câble sous marin nommé Hawaiki, reliant Sydney à Seattle, L’Office des Postes et Télécommunications (OPT) s’était jusqu’à présent opposé à cette proposition, privilégiant son propre projet de câble reliant la Nouvelle Calédonie et Fidji.

Depuis 2008, le raccordement de la Nouvelle Calédonie est maintenu par le câble de l’OPT « Gondwana-1 », reliant Sydney à Nouméa.
Fin 2019, la SCCI et Hawaiki Submarine Cable LP, avaient défendu auprès des coutumiers et des élus leur projet privé de raccorder la Nouvelle Calédonie à un second câble optique déjà existant, reliant l’Australie aux Etats Unis.
L’objectif étant double : sécuriser la connectivité de l’ensemble du territoire, actuellement assuré par un seul câble en provenance de l’Australie, et profiter d’une seconde source plus puissante, plus rapide mais surtout bien moins coûteuse. A titre de comparaison, le prix du Megabit australien est de 5$, contre 0,25$ pour le Megabit américain.

L’OPT s’est toujours fermement positionné contre ce chantier, mettant en avant son propre programme d’installation d’un second câble de sécurisation entre le territoire et Fidji, dont l’appel d’offre à hauteur de 4,5 milliards de francs avait été lancé au premier trimestre 2019.
Un bras de fer qui dure depuis plusieurs mois donc, mais dont le dénouement est proche.

Vers la fin du monopole de l’exploitation des câbles ?

Si l’OPT gardera son monopole sur le marché intérieur quoiqu’il arrive, il s’agit là de la question du marché de la connectivité internationale, également sous le contrôle de la société de communication calédonienne jusqu’à aujourd’hui.

L’autorité de la concurrence a donc été saisie dans ce dossier et elle a donné raison à la SCCI, jugeant que « le refus de l’OPT de répondre à la demande d’interconnexion est susceptible de constituer une pratique d’abus de position dominante » et d’ajouter une injonction dans son compte rendu : « l’OPT doit permettre à la SCCI de se raccorder au réseau intérieur et d’en définir les conditions techniques et financières sous 8 semaines ».

La bataille n’est cependant pas terminée puisque la justice administrative doit maintenant se prononcer dans ce dossier, elle était dans l’attente de l’avis de l’Autorité de la concurrence pour prendre sa décision.

Et de son côté l’office ne partage pas ces conclusions, considérant pour sa part qu’il agit bien dans le cadre du monopole des télécommunications fixé par le code des postes et télécommunications de la Nouvelle-Calédonie et dans les prérogatives de ses missions de service public, et se prépare à faire appel de cette décision devant la cour d’appel de Paris, a t-elle indiqué dans un communiqué.

Par Damien Chaillot