©Tenahe Faatau / Outremers360
Joint par téléphone à la sortie du Conseil d’administration de la Société Le Nickel (SLN) du 9 mai, Philippe Gomes, député UDI de la Nouvelle-Calédonie et membre du conseil, nous a livré en exclusivité ses premières impressions sur les engagements pris pour sauver le « soldat nickel » calédonien.
Rappelons les faits. Depuis janvier 2015, le cour du nickel est en chute libre à la bourse de Londres. Une nette amélioration a été observée au premier trimestre 2016 mais celle-ci reste fragile. En Nouvelle-Calédonie, la Société Le Nickel, premier employeur privé du Caillou et fer de lance de la filière nickel calédonienne, connait de grosses difficultés depuis le début de cette crise. Celle-ci perd environ 20 millions d’euros par mois. Un déficit d’autant plus problématique que la SLN et la filière nickel calédonienne ont une influence considérable, voir écrasante dans l’économie de la Nouvelle-Calédonie : 90% des exportations, entre autre ! La santé du secteur est aussi intimement liée à l’avenir institutionnel du Territoire qui doit se jouer avant fin 2018, lors du référendum d’autodétermination acté par les Accords de Matignon en 1988, et de Nouméa en 1998. L’enjeu est donc de taille, plusieurs mesures ont été prises pour sauver le nickel et la SLN. Les dernières en date : un prêt de 200 millions d’euros accordé par l’Etat, un prêt supplémentaire de 40 millions d’euros aligné par Eramet, la maison-mère de la SLN, un plan d’amélioration de la compétitivité de l’entreprise et enfin, la réalisation d’une centrale électrique neuve garantie par l’Etat.
Bonjour Mr le député, comment s’est passé ce Conseil d’administration ? Quels sont les points validés par le conseil pour sauver la SLN ?
Ça a été un Conseil d’administration extrêmement constructif. Je crois que chacun des actionnaires aujourd’hui, qu’il s’agisse de l’Etat, de la famille Duval ou de la STCPI, a décidé de confirmé un certain nombre d’engagements qui ont été esquissés au cour des derniers mois. De manière concrète, le conseil a accordé un prêt supplémentaire de 40 millions d’euros à la SLN, de façon à ce qu’elle puisse tenir jusqu’à la fin du mois de juin. Il nous reste un certain nombre de détails techniques, juridiques et financiers à finaliser, à négocier entre les différents actionnaires, et les différentes sociétés. On ne pouvait pas finaliser tout cela ce matin, car il y avait encore quelques échanges à avoir sur ces différents sujets. Mais, dans l’ensemble, le plan de soutien à la SLN sera finalisé en juin, lors d’un Conseil d’administration qui se tiendra sur le sujet.
« Quand on y parviendra, la SLN sera dans le premier tiers des entreprises de métallurgie les plus compétitives de la planète »
En second lieu, ce Conseil d’administration a adopté le plan d’amélioration de la compétitivité de la SLN. C’est un plan ambitieux, qui vise à ce que la SLN ait un prix de revient qui soit réduit à 4,50 $ la livre de nickel au lieu de 6$, avant fin 2018. C’est un effort extrêmement important, quasiment 25% de réduction ! Il nécessite donc une mobilisation totale de l’entreprise, de la direction, de ses cadres, de ses salariés, que ce soit sur les champs miniers comme sur l’usine, pour parvenir à cet objectif. Mais, quand on y parviendra, la SLN sera dans le premier tiers des entreprises de métallurgie les plus compétitives de la planète. Elle sera donc hors d’eau quelque soit la conjoncture internationale en ce qui concerne les matières premières. C’est un objectif essentiel à atteindre qui nécessitera la mobilisation de tous.
« C’est un projet essentiel car il assure la compétitivité de la SLN »
Enfin, j’ai salué, lors de ce conseil, le geste de l’Etat quant à la réalisation de la centrale électrique qui a vocation à remplacer l’actuel centrale qui est obsolète, et pour laquelle l’Etat apporte sa garantie pour le financement de ce projet. Sans cette garantie, le projet ne pourrait pas être monté, c’est un projet d’envergure, aux alentours de 670 millions d’euros, qui mettra plusieurs années, l’ouverture sera en 2020-2021. C’est un projet essentiel car il assure la compétitivité de la SLN. Il faut à la fois donner les moyens à l’entreprise de passer la crise, mais surtout permettre à l’entreprise d’être compétitive pour les décennies à venir, et ça, c’est d’une part la réalisation du plan d’amélioration de la compétitivité, et d’autre part la centrale électrique. Une réunion de travail est prévue cette semaine à Bercy pour esquisser le projet.
Qu’en est-il du prêt de 200 millions d’euros accordé par le Premier ministre ?
La STCPI a accepté, sur l’enveloppe de 200 millions que proposait l’Etat, de porter 127 millions pour participer au plan de financement de la SLN.
Est-ce l’équivalent de la participation de la STCPI au capital ?
Non, voilà comment les choses vont se passer. L’Etat va prêter à la STCPI 127 millions et la STCPI prête à la SLN les 127 millions. Les conditions dans lesquels l’Etat prête les 127 millions à la STCPI doivent être les mêmes conditions que les conditions dans lesquels la STCPI prête à la SLN. On accepte de porter 127 millions car on considère que c’est notre responsabilité en tant qu’actionnaire minoritaire, c’est à la fois légitime, nécessaire mais suffisant.