Nickel calédonien : Vale NC justifie sa demande d’export de saprolites

Nickel calédonien : Vale NC justifie sa demande d’export de saprolites

Alors que Vale NC négocie la vente de son usine du sud avec le groupe australien New Century Resssource, la société justifie sa demande d’exportation de deux tonnes de saprolites. Cela nécessitera un ajustement du code minier mais apportera une flexibilité dont elle a besoin à un moment critique de son histoire. Un article de Béryl Ziegler pour notre partenaire Actu.nc. 

Au dessus de la mine de Goro, les pelleteuses trient les minerais. On y voie clairement les gisements de latérites rouges et celles de saprolites plus jaunes. L’usine utilise un procédé de lixiviation du minerai à haute pression dans des autoclaves. En exploitant les latérites, la mine met à découvert des épaisseurs de saprolites rocheuses, contenant du nickel, mais riches en magnésie. Or, le magnésium est néfaste à la bonne marche des autoclaves, et très consommateur d’acide sulfurique.

Une fraction de ces saprolites a alimenté les autoclaves, mais au prix de variations très pénalisantes et incontrôlables de la chimie du minerai, et en particulier de la teneur en magnésium. A l’occasion de la révision complète de sa stratégie industrielle, il a donc été décidé de ne plus introduire de saprolites rocheuses dans le procédé, et de ne plus utiliser que les latérites, et le minerai de la zone de transition entre latérites et saprolites rocheuses.

Une valeur économique

Cette décision permet d’augmenter la production, de diminuer la nécessité de maintenances lourdes des autoclaves, de réduire la consommation d’acide de l’ordre de 25% à 30%, et celle de calcaire de 15%. Il en résulte aussi une réduction de l’empreinte carbone du site, car la neutralisation de l’acide est productrice de gaz carbonique.

Puisqu’aucune usine pyro-métallurgique de Nouvelle-Calédonie n’est intéressée par la métallurgie de ce minerai en raison de sa faible teneur (comprise entre 1,7 % et 1,9%), seule son exportation permet d’en retirer une valeur économique. A défaut, ces saprolites sont paradoxalement classées en stériles. Pire : elles empêchent d’accéder au gisement rocheux de la fosse minière et pénalisent l’usine sur le plan économique et environnemental.

Les pays d’export visés sont le Japon, la Corée et la Chine, en privilégiant les entreprises dans lesquelles des intérêts calédoniens sont représentés. L’entreprise membre du SEM se conformera aux pratiques commerciales de la profession et s’assurera qu’aucun intérêt calédonien ne soit lésé par cette nouvelle activité.

La filiale d’exportation envisagée sera soumise à la fiscalité de droit commun. Par ailleurs, VNC sera redevable d’une redevance minière, dont l’assise et le mode de calcul sont en discussion. Enfin, cette activité permettra d’atténuer l’effet sur la sous-traitance de la fermeture de la raffinerie et de la fin de certains chantiers liés au projet Lucy, en associant les entreprises du Grand Sud sur des activités nouvelles comme le roulage du minerai, son séchage, ou son échantillonnage.

Meilleure diversification

Rapporté au chiffre d’affaires de l’entreprise, l’export de minerai ne dépassera pas 10%. Le plan de restructuration doit pouvoir compter sur une activité dé-corrélée du procédé métallurgique pour une meilleure diversification des risques d’exploitation. Des investisseurs et clients de long terme ont manifesté leur intérêt pour travailler avec VNC sur une solution pérenne, avantageuse économiquement et aux meilleurs standards environnementaux. Dans un contexte de changement d’actionnaire, cette nouvelle activité permet de rassurer les éventuels nouveaux investisseurs sur le plan de redressement financier de l’entreprise, et permet d’envisager de retrouver l’équilibre d’exploitation dès 2021. D’ailleurs toutes les offres de reprise de Vale Nouvelle-Calédonie prévoyaient une composante d’export.

Béryl Ziegler