Nickel Calédonien : Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie donne un « bol d’air » à la SNL

Nickel Calédonien : Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie donne un « bol d’air » à la SNL

©SLN

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a autorisé la Société Le Nickel (SLN), filiale du géant minier Eramet, à exporter 4 millions de tonnes de minerai de nickel par an pendant dix ans, dans le cadre d’un plan de sauvetage de l’entreprise, mais sans l’aval des indépendantistes kanak. 

« Une majorité non indépendantiste s’est dégagée en faveur de ces exportations, et il y a eu un vote contre des indépendantistes. Ce qui est important est que ces exportations soient autorisées, c’est le bol d’air qu’attendait la SLN », a déclaré à la presse Nicolas Metzdorf, porte-parole du gouvernement. En grande difficulté financière après sept exercices déficitaires consécutifs, la SLN a adopté un train de mesures portant sur la hausse de la productivité, la réduction du coût de l’énergie et l’augmentation des ventes de minerai brut en parallèle de son activité métallurgique.

La SLN, qui emploie quelque 2 000 personnes, a perdu près de 100 milliards CFP (830 millions euros) ces six dernières années. Au bord de la faillite en 2016, elle avait survécu grâce à des avances en trésorerie de la maison mère Eramet (325 millions euros) et de l’État (200 millions), actionnaire d’Eramet. Eramet a salué dans un communiqué cette décision comme une « première étape fondamentale dans le déploiement du plan qui vise à rendre la SLN durablement compétitive (…) dans un contexte de concurrence accrue avec la montée en puissance de nouveaux producteurs de nickel à bas coût ».

Bond à la Bourse de Paris

De 1,3 million de tonnes actuellement, la SLN veut atteindre progressivement un volume annuel d’exportation de 4 millions de tonnes à partir de mi-2020. L’industriel a promis de créer 180 emplois et d’investir 5 milliards de CFP (42 millions euros) sur ses mines pour ce projet. Il s’agit de minerai à faible teneur vendu au Japon et à la Chine. Le but de l’opération est d’apporter des liquidités à la SLN dont l’usine métallurgique Doniambo à Nouméa (57 000 tonnes de ferronickel en 2018, ndlr) a des coûts de production supérieurs aux prix du marché. Avec ce plan de sauvetage, la SLN compte ainsi diminuer de 1,30 dollar la livre son coût de production d’ici à 2021. Le feu vert à l’export a fait bondir Eramet à la Bourse de Paris. Le groupe a pris la tête de l’indice SBF 120 en grimpant de 10,95% à 65,84 euros mardi à la mi-journée.

Les indépendantistes du FLNKS (5 membres du gouvernement sur 11, ndlr) ont pour « doctrine » en matière de nickel, la transformation sur place des minerais à haute teneur et l’exportation de ceux à faible teneur dans des usines off-shore ayant des capitaux publics calédoniens, afin de maximiser les retombées économiques. Outre sa participation majoritaire dans l’usine Koniambo (nord de la Nouvelle-Calédonie), la société minière de la province nord indépendantiste (SMSP) détient 51% dans une unité métallurgique en Corée du Sud et un accord similaire est en cours pour une usine en Chine.

Sur le terrain, la SLN est aussi confrontée depuis presque deux mois à une grève à Thio, l’un de ses quatre centres miniers de l’intérieur. Les grévistes s’opposent à l’augmentation à 147 heures par mois de l’activité sur mine, dans le cadre du plan de performance. Président de la province nord, Paul Néaoutyine, a qualifié mardi dans les Nouvelles-Calédoniennes de « dernière version d’une politique coloniale de la terre brûlée » la hausse des exportations de la SLN. Des discussions sont toutefois en cours entre les deux acteurs pour qu’une partie du minerai alimente l’usine coréenne. La SMSP pourrait acheter un million de tonnes des 4 millions exportable de la SLN, mais elle en demandait davantage.

Avec AFP.