Mayotte : Les chefs d’entreprises demandent un gel de l’octroi de mer

Mayotte : Les chefs d’entreprises demandent un gel de l’octroi de mer

La hausse du taux de l’octroi de mer à Mayotte provoque de nombreuses manifestations de mécontentement de la part des entreprises mahoraises.

Les partenaires économiques mahorais sont mobilisés contre l’octroi de mer sur le territoire. Applicable depuis le 1 janvier 2014, l’octroi de mer est une taxe imposée sur les produits importés dans les régions d’Outre-mer. Elle sert notamment à protéger la production locale et est une source de revenus pour les collectivités locales comme le conseil départemental par exemple. Actuellement, plus de 17 000 produits et matières premières sont assujettis à cette taxe. Mais c’est la récente hausse soudaine le 10 décembre dernier par le conseil départemental, des taxes appliquées à de nombreux produits ou aux frais de douane qui provoquent le mécontentement de ces derniers. Cette délibération du conseil départemental prévoyait modifier les taux appliqués à de nombreux produits, en  baissant certains (électroménager, viande, légumes, fruits frais, riz…) et en augmentant d’autres (certains médicaments et dispositifs médicaux, matériaux de construction, pièces détachées…). Une situation de déjà-vu puisqu’en décembre dernier, ce sont les chefs d’entreprises guadeloupéens qui protestaient contre la revalorisation de l’octroi de mer sur certaines marchandises. À Mayotte, les vendeurs du marché de Mamoudzou (chef-lieu) ont occupé l’hémicycle du Conseil départemental et le président du Medef local ainsi que l’ancien président du conseil général ont écrit au nouvel exécutif pour demander de revenir sur la délibération de décembre.

Du côté du conseil départemental, on se justifie : « L’économie est une balance, un équilibre. Pour financer la baisse des prix des produits de première nécessité et de l’équipement des ménages ainsi que les exonérations (selon le conseil départemental, 5.600 entreprises mahoraises en bénéficient, ndlr), on a dû augmenter en retour certaines taxes. » Un argument qui ne tient pas, selon Daniel Zaïdani, ancien président du conseil général.  « La stratégie du conseil départemental a peut-être du sens mais la pression fiscale est trop forte. Auparavant, cette taxe ne frappait pas la production locale (…) Aujourd’hui, l’économie est ralentie, l’argent ne circule plus. Qui dit arrêt des chantiers dit licenciements économiques dit chômage dit crise. » Favoriser le pouvoir d’achat des mahorais tout en assurant la productivité économique, tel est le nouveau dilemme de la collectivité. En attendant la résolution du conflit, l’actuel président du conseil départemental doit rencontrer en mars prochain le Premier ministre. Une  rencontre dans laquelle il demandera une modification de la répartition des recettes de l’octroi de mer (part actuellement fixe pour le Conseil départemental à hauteur de 24 millions d’euros) afin de renflouer les caisses de Mayotte.